Le mouvement militaire du 25 Avril 1974 fut, essentiellement, une révolte contre les conditions imposées aux forces armées et contre les guerres coloniales qui s’éternisaient.
Source : Antonio Henrique de Oliveira Marques (1998), page 571.
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Le mouvement militaire du 25 Avril 1974 n’eut pas beaucoup de racines d’ordre idéologique. Il fut, essentiellement, une révolte contre les conditions imposées aux forces armées et contre les guerres coloniales qui s’éternisaient. Bien entendu, d’autres forces s’agitaient dans les coulisses, forces de caractère économique, social et politique dont nous avons déjà parlé. Mais elles ne devinrent que très lentement véritablement conscientes au niveau des acteurs du Mouvement. On peut en dire autant de leur « caractérisation » en termes de philosophie politique et d’objectifs de longue haleine. Le programme du Mouvement des forces armées (M.F.A.), rendu public le lendemain de la révolte, comportait un ensemble de mesures susceptibles de soulever l’enthousiasme de toutes les couches sociales sauf, probablement, celui de la haute bourgeoisie : destitution de toutes les autorités suprêmes du « Nouvel Etat », suppression de la D.G.S. (Direction Générale de la Sûreté, ex P.I.D.E.), de la Légion portugaise et des organisations politiques de la jeunesse, arrestation des principaux responsables du régime et des crimes qu’ils avaient commis, contrôle économique et financier, amnistie des prisonniers politiques, abolition des censures, assainissement des forces armées et d’autres mesures encore. Un président de la République devrait être choisi dans un bref délai ainsi qu’un gouvernement provisoire — tandis que l’on conservait encore la Junte de salut national — et de larges libertés devraient être décrétées dont celle de créer des associations de type politique. Le gouvernement provisoire serait chargé de jeter les bases d’une nouvelle politique économique « ayant comme préoccupation immédiate la lutte contre l’inflation et la hausse excessive du coût de la vie ce qui impliquerait nécessairement une stratégie antimonopoliste », une nouvelle politique sociale dont l’objectif essentiel serait de « défendre les intérêts des classes laborieuses », une politique extérieure respectant les engagements internationaux en vigueur et une politique d’outre-mer « reconnaissant que la solution des guerres d’outre-mer était politique et non militaire » et cherchant à obtenir la paix. Il n’était pas question de socialisme. Dans un délai d’un an, une Assemblée nationale constituante devrait être élue et chargée de préparer la future constitution.
Antonio Henrique de Oliveira Marques, Histoire du Portugal et de son empire colonial, Karthala, 1998.