En faisant un petit tour cette semaine à la National Gallery, je suis tombé sur un tableau de Rubens que je n’avais jamais vu auparavant: "Le Massacre des Innocents". Je suis resté littéralement scotché dessus. Une composition superbe, des couleurs magnifiques et une violence terrifiante. C’est sans aucun doute l’un des tout meilleurs tableaux du maître.
Il est actuellement prêté à la National Gallery par un collectionneur privé qui l’a acheté plus de 60 millions d’euros en 2002, un an après sa redécouverte.
Car chose incroyable, ce tableau était attribué depuis le 18ème siècle à Jan van der Hoecke. Ce n’est qu’en 2001, après que sa propriétaire autrichienne de 89 ans voulu s’en débarrasser, que le monde de l’art s’est aperçu que c’était un Rubens.
Chose encore plus incroyable, le propriétaire ne l’aimait pas et l’avait prêté à un monastère qui l’avait accroché pendant plus de vingt ans sans aucune inscription.
Lorsque la propriétaire décida de le vendre, un membre de sa famille hollandais prit une photo et l’envoya à Sotheby’s à Amsterdam. Judith Niessen, une specialiste en peinture ancienne fut intriguée et la transmit par email à George Gordon, l’expert en chef des peintures anciennes de Sotheby's à Londres. Celui-ci partit tout de suite la voir en réel. Arrivé au monastère, cette peinture était accrochée dans un corridor entourée d’autres peintures et complètement ignorée par les visiteurs. Devant une telle qualité, l’expert compris tout de suite qu’il ne pouvait s’agir d’un Jan van der Hoecke. Et après des recherches, le tableau fut attribué à cent pour cent à Rubens.
Il a été peint entre 1609 et 1611. Il a été découvert qu’au environ de 1700 le tableau était connu pour être un Rubens, qu’en 1767 il a été attribué à un certain Frans de Neve, et que 13 plus tard il fut attribué à Jan van der Hoecke. En 1920, la famille propriétaire qui l’avait gardé plus de 200 ans, l’a vendu à un marchand qui le vendit la même année au père de la récente vendeuse autrichienne.
Il fut vendu en 2002 par Sotheby’s de Londres à environ dix fois son estimation et détient le record de prix pour un tableau ancien. Il a été acheté par le marchand d’art londonien Sam Frogg, spécialisé en manuscrits occidentaux et orientaux, pour le compte d’un collectionneur privé.
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