Jean-Mic a écrit :
Bien que je connaisse bien moins la période de la Grèce antique que celle du Moyen-Âge, l'idée que les statuts et les monuments aient pu être peints ne me choque pas sur le principe. Admettons que ce soit le cas. [...] D'où le recours systématique aux teintes saturées si caractéristiques du décor médiéval, et peut-être du décor antique (et qui nous feraient sans doute sursauter de dégoût aujourd'hui
).
Concernant la réaction que peut susciter chez nous l'usage d'une palette chromatique saturée voici un commentaire fait par ma mère qui fût guide touristique à Plougastel-Daoulas (Finistère) relativement au sujet qui nous intéresse :
"Tu aurais effectivement pu parler des calvaires bretons. Un des spécialistes en la matière, Yves-Pascal Castel, c’est un prêtre, voulait repeindre celui de Plougastel-Daoulas (Finistère). Je me souviens que qd j’expliquais aux visiteurs que ce monument, à Plougastel, était à l’origine peint, c’était souvent une levée de bouclier ! J’expliquais alors que l’on fait rarement de la pub en noir et blanc ce qui semblait convaincre le public!"
Une image vaut mieux qu'un long discours. Plus que par esthétisme, l'usage de la couleur au Moyen-Age dans le cas de la statuaire religieuse en Occident se justifiait par le souci de propagation de la foi chrétienne auprès d'une population majoritairement rurale et illétrée. Quand à l'interprétation picturale faite des Saintes Ecritures, c'est un autre débat.
Pour ce qui est de la carnation, des études faites d'après des échantillons découverts sur des sites archéologiques et miraculeusement bien concervés ont révélé que des teintes variées et très élaborées étaient produites dès l'Antiquité notamment pour des produits cosmétiques (fard, rouge à lèvres, etc.). Qui peut le plus peut le moins suis-je tenté de dire.
Cependant, on sait la difficulté de se procurer certaines matières premières nécessaires à l'élaboration des teintes. On en a un exemple concret sous Napoléon pour l'indigo.
Et puis le savoir peut se perdre en des temps mouvementés comme ce fût le cas aux Moyen-Age. Mais l'objet de la polychromie religieuse n'est pas tant réaliste que persuasif (entre autres méthodes plus radicales).