Au XIXe, l'art gothique cesse d'être considéré comme un art de barbares (d'où le nom qu'on lui vaait précédemment donné). On parle d'ailleurs parfois, de façon plus adaptée de style ogival.
Cependant, à voir la tronche des machins qui se revendiquent néo-gothiques (ou dans certains cas, plus rares, néo-romans) que l'on produit à cette époque en masse dans les villes dont la population explose, il me semble qu'on n'est plus en présence que de copies totalement vides de sens.
En effet, les architectures médiévales, notamment religieuses, qu'elles soient de style "roman" ou "gothique" parlent un langage : le langage des symboles, où telle forme, tel nombre, telle dimension ont presque toujours un sens, bien décryptable si l'on y prête attention; un langage qui en ces temps d'illettrisme répandu, sinon général, est celui de tous, et non le langage ésotérique que notre époque, qui en parle un autre, y voit parfois.
Au XIXe et de nos jours, nous parlons évidemment un autre langage. Pour être très trivial, si l'on veut aujourd'hui que tout le monde reconnaisse Saint Pierre dans une statue, on écrit son nom sur le socle. Au XIIe siècle, on lui plaçait une clé dans les mains, car peu de passants auraient su lire ! Notre époque ne parle plus le langage qui présidait aux choix des maîtres d'oeuvre du "vrai" gothique. Elle en utilise un autre. On peut donc bâtir tant que l'on veut des copies parfaites d'édifices de style ogival, à mon sens, on n'aura pas pour autant produit du gothique. Le type de pensée qui sous-tendait cet art n'existe plus; il a été remplacé. Le gothique ne saurait donc plus, selon moi, être un art vivant. Ce qui ne nous empêche pas, bien au contraire, de voir, lire et comprendre avec sensibilité ce qu'il a été.
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