Zunkir a écrit :
Kenna a écrit :
Les artistes de la Renaissance ont tout détruit de cette époque du Moyen Age, ils ont réinventé l'art, ils ont retrouvé les valeurs artistiques de l'Antiquité.
Au-delà de ce jugement de valeur qui ne regarde que vous (personnellement, je peux aussi bien admirer une oeuvre médiévale qu'une autre de la Renaissance), il faut tout de même se garder de croire que les artistes de la Renaissance on fait table-rase du passé médiéval. C'est pau évident pout la sculpture, je vous l'accorde mais en ce qui concerne l'architecture et la peinture, il y a bien une reprise d'éléments médiévaux. Il y avait bien quelques radicaux pour considérer qu'il fallait éliminer tout élément du Moyen-Age pour se concentrer sur l'imitation exclusive de l'Antiquité, mais ce n'était pas le courant dominant.
Au temps pour moi.
Citer :
"... Brunelleschi, comme plus tard Michel-Ange en sculpture et Raphaël en peinture, est placé aux confins de deux âges. Il marque la transition entre l'ère ancienne et l'ère nouvelle, et dans son oeuvre on trouve le legs du passé à côté des idées de l'avenir. Brunelleschi, comme Michel-Ange et Raphaël, avant d'être un novateur, a été le disciple d'une ancienne école.
Dans ces études, où nous nous attachons à montrer combien fut peu importante l'action de l'art antique sur l'art italien au cours du XIVe siècle et au début du XVe, on comprend combien il est intéressant de montrer que la coupole du dôme de Florence n'appartient en rien à l'influence de l'antiquité, mais dérive tout entière de l'art du moyen âge. En effet, dans cette oeuvre surprenante, qu'on ne saurait trop admirer, le rôle de Brunelleschi fut limité surtout à l'exécution matérielle et aux formes de détail de la coupole. La conception première ne lui appartient pas. Elle est l'oeuvre du XIVe siècle. Lorsque Brunelleschi apparaît, les plans de la cathédrale sont faits depuis plus d'un siècle, les nefs sont couvertes, les grands piliers destinés à recevoir la coupole ont leur forme et leur épaisseur et les pendentifs sont déjà couronnés par le tambour octogonal. Pour Brunelleschi, il ne s'agit plus que de dresser la coupole. Certes, la tâche était de nature à faire la gloire d'un architecte ; nais enfin, il faut noter qu'il n'y avait là qu'un rôle de constructeur à remplir. Remarquons en outre que, dans la forme donnée à la coupole, Brunelleschi ne songe pas à s'inspirer des formes de l'architecture romaine, mais que, tout au contraire, dans la part d'invention qui lui revient, il se montre un fidèle disciple du moyen âge. S'il put élever la coupole sans échafaudage, ce qui parait avoir été un de ses principaux mérites, c'est pour avoir donné à cette coupole les formes de l'arc brisé. De toute façon, il paraît difficile de faire une part quelconque à l'influence de l'art romain, soit dans la conception, soit dans la construction de cette coupole.
Donc, si l'on peut dire avec juste raison que l'architecture de la Renaissance date de Brunelleschi, il ne faut pas classer la coupole de Sainte-Marie-des-Fleurs parmi les couvres de la Renaissance. La Renaissance ne date que des oeuvres de Brunelleschi postérieures à la coupole : l'église de Saint-Laurent et la chapelle des Pazzi, commencées vers 1430.
Monsieur Paolo Fontana, dans un remarquable article, Il Brunelleschi e l'architectura classica, publié en 1893 dans l'Archivio storico dell' Arte a fait remarquer que la réforme de Brunelleschi consiste moins à reproduire les monuments de l'antiquité païenne que les monuments chrétiens du moyen âge. Les oeuvres de Brunelleschi dérivent directement de San Miniato, des Saints-Apôtres et du Baptistère de Florence. Brunelleschi exerça sur l'art italien une influence bienfaisante, parce qu'il renonça à l'architecture gothique que le génie italien ne parvenait pas à s'assimiler et parce qu'il remit l'architecture italienne dans sa vraie voie, dans cette voie qu'elle avait abandonnée au XIIIe siècle, pour suivre, sans grand profit, les nouveautés des peuples du Nord."
Marcel Reymond
(La sculpture florentine au XVème siècle : Brunelleschi - Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1er janvier 1897, 3e période, tome 17)
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