Charlotte a écrit :



Oui en effet elle dit que Marie-Caroline est un peu moins belle que Marie-Antoinette, mais elle dit bien qu'elle a du charme.

Et Elisabeth renforce ce trait de famille en lui donnant une pose très comparable à celle du tableau de Marie-Antoinette, de 1788, avec la robe de velours bleu...L'expression de Marie-Caroline et son attitude avec son bras gauche révèlent son caractère plus impétueux et redoutable que celui de sa chère petite soeur...
Bien à vous.

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"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Bien vu, Majesté ! C'est fascinant, en effet... La pose, la robe, les couleurs, le coussin, le livre, le décolleté, les dentelles... tout est presque pareil. Mais le geste du bras gauche change tout, il est vrai ! La reine de Naples nous attend, pleine d'assurance. La reine de France, même dans sa majesté, laisse reposer sa main blanche le long du velours, et ce détail donne à son image un certain abandon. Même la façon de tenir le livre diffère. Plus de raideur chez Caroline dans ce simple mouvement, plus de douceur chez Antoinette. Et l'expression... Marie-Caroline semble soutenir notre inspection avec calme, quand quelque chose dans le regard d'Antoinette vascille... la petite flamme...

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer

A ma connaissance, je ne connais pas de portraits exécutés par Mme Vigée-Lebrun représentant les autres soeurs de Marie-Antoinette, comme Marie-Christine, Marie-Amélie ou Marie-Elisabeth. Tout ce que je sais, c'est que Mme Vigée-Lebrun portraitisa en miniature la fille ainée de la duchesse de Parme, l'infante Caroline.

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Dominique Poulin

C'est vrai que l'ergonomie générale des portraits de Marie-Antoinette et Marie-Caroline est semblable, mais l'impression qu'il s'en dégage diffère...
Marie-Antoinette semble plus calme et plus posée que sa soeur. Je ne sais pas si je suis objectif là dessus mais je ressens plus de noblesse et de majesté chez Marie-Antoinette...Et son regard aussi est différent en effet, malgrès son petit sourire très discrêt, on sent une inquiètude qui la pèse et qui fait oublier le livre qu'elle tient dans les mains

Ce qui semble troublant dans l'expression de Marie-Caroline, c'est que le regard est ailleurs, il a l'air préoccupé par autre chose et paraît presqu'agacé, comme si poser était une corvée pour la reine. Marie-Antoinette semble en effet plus calme, ce qui lui permet d'observer une attitude toute royale et majestueuse.

Tout à fait

En fait c'est la position de la main gauche de Marie-Caroline qui n'est pas naturelle...on dirait qu'elle se force et cela enlève de la grâce

On la dirait de plus dans une activité fastidieuse pour elle, puisqu'elle appuie se tête sur sa main. Il faut dire qu'elle pouvait en avoir assez de ces longues séances de pose...

La majesté qui se dégage de Marie-Antoinette était importante, car cette oeuvre est une commande pour donner l'assurance de l'image de la Reine comme une régente probable si Louis XVI venait à trépasser, car sa santé était quelque peu vacillante...
Marie-Caroline, elle , n'avait pas besoin de tel apparât, elle semble être venue poser, en parlant de sa soeur avec Elisabeth, peut-être ,sans faire attention à cette pose que son ennui de ne devoir pas bouger lui avait fait prendre...
Bien à vous.

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Rose Bertin

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, les amis. La pose de Marie-Antoinette est majestueuse, en effet, mais quelque chose vascille en elle. Ce qui serait bien normal, en cette période...

Marie-Caroline m'apparaît plus comme la femme qui n'a plus rien à prouver. N'était-elle pas reine effective depuis la naissance de son premier rejeton mâle ? Une reconnaissance politique dont sa soeur placée en France n'a jamais joui... Sur ce portrait, je trouve que Caroline fait très "executive woman", ce qu'elle était aussi, un peu, par nature, non ?

Simone Bertière la qualifie de dominante, si je me souviens bien...

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Charlotte , vous traduisez exactement le sentiment qui est le mien devant ces deux portraits...
Marie-Caroline n'a tellement plus rien à prouver qu'elle se languit presqu'en papotant avec sa portraitiste...
Bien à vous.

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Rose Bertin

Oui le regard de Marie-Antoinette montre une certaine appréhension qui lui enlève l'air de sérénité et de bonheur qu'elle avait dans ses portraits d'avant.
Mais Majesté a raison et cela rejoint votre avis Charlotte : Marie-Antoinette devait avoir l'air d'une Reine pour plaire au puplic et essayer d'améliorer son image, alors que marie-Caroline n'avait pas à se préocuper de cet aspect là.

Dans les mémoires romancés de Vigée, par Geneviève Chauvel, l'auteur décrit la peintre arrivant pour faire le fameux portrait de Marie-Antoinette avec ses enfants.


Elisabeth est, dit-elle, frappée par la tristesse qui se dégage de l'expression de la reine. Plus les années passent, plus ça va mal, en effet, malheureusement...



Est-ce propre au pinceau de madame Vigée-Lebrun ? Je retrouve cette incertitude, cette fragilité dans le regard de la reine. Elle a l'air bien plus déterminée rendue par Kucharsky, ou Dumont.



C'est drôle, non ? La peinture doit être inversée... Elle n'était pas gauchère, puisqu'elle écrit à son frère qu'une blessure au pouce droit l'a empêchée de lui répondre plus tôt...

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer

Le premier portrait que vous nous faîtes ici apparaître, très chère Charlotte, est aussi inversé puisqu'il s'agit d'un détail du portrait de 1787 avec Ses enfants...
Bien à vous.

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Rose Bertin

Peut être que Vigée-Lebrun n'a pas réussi pour cet aspect là à déformer quelque peu la réalité?
Car dans la biographie d'Inès de kertanguy, Vigée-lebrun avoue avoir plus de mal à peindre une Marie-Antoinette "fraiche" et enjouée...
il faut donc croire qu'elle ne faisait, pour une fois, que retranscrire la réalité