Je propose ici le commentaire d'une nouvelle oeuvre. Je compte sur les utilisateurs de la section Histoire de l'art pour nous présenter d'autres oeuvres.
Antonio Puccio, dit Pisanello
Portrait d'une princesse
Tempera sur bois
vers 1435-1440
musée du Louvre
On a du mal à identifier la princesse représentée ici. Ce portrait peut représenter Ginevra d’Este, fille de Niccolo III d’Este et épouse de Sigismond Malatesta qui l’a faite empoisonner, ou bien, il peut s’agir de Margarita de Gonzague l’épouse de Leonello d’Este. C’est le premier exemple de portrait indépendant dans l’histoire de la peinture italienne, et l’on est déjà quatre-vingt ans après la réalisation du portrait du roi Jean II de France. Ici, la princesse est encore représentée de profil alors que dès 1438 (date supposée de l’exécution de ce portait) Jan van Eyck réalise déjà de portraits plus classiques. Cette utilisation du profil vient de la tradition de réalisation de médailles. C’est également pourquoi on a souvent un demi buste ou un léger trois-quart.
La princesse porte une robe rouge recouverte d’une chasuble blanche et bleue, couleur traditionnellement adoptée par la famille Gonzague. Ses cheveux sont réunis en un important chignon qui montre que la nuque et le front sont épilés. Sur la chasuble, on trouve un certain nombre de symboles héraldiques : la branche de genévrier (ginevra en italien), les perles (margarita) ou encore le vase à deux anses enchaïnées dont le fond briser laisse passer les racines d’un arbres (blason de la famille d’Este). Le fond du tableau est totalement abstrait avec un tapis de mille fleurs (dont la réalisation est très scientifique, puisque l'onpeut reconnaître les différentes espèces de fleur) et qui n’est pas sans rappeler les tapisseries de verdure du Moyen Age. On est ici frappé par le hiératisme et l’absence de perspective.
Ce tableau peut être considéré comme appartenant au mouvement du Gothique International. En effet, ce mouvement, que l’on rencontre surtout dans les arts décoratifs, est né de l’importance du gothique français. Ce mouvement se développe de 1380 jusqu’à environ 1445, il empiète donc sur le Quattrocento. Il se caractérise par une esthétique de la ligne qui s’oppose au volume, un goût pour la couleur en opposition au clair-obscur et par un goût pour le précieux. Sienne est le creuset de ce mouvement ce qui laisse Florence un moment sur le côté. Le goût pour les représentations merveilleuses va naître de ce gothique international qui est rapidement dépassé. Les artistes travaillent dans le détail et créent un monde courtois.