Pour mémoire...

La Madonne de Bruges


Un détail du visage.


La Piéta du Vatican


Et un détail de son visage.


On peut remarquer que dans la Madonne de Bruges, comme souvent dans l'art, l'Enfant semble glisser des genoux de sa mère, ou semble vouloir se défaire de son étreinte. On veut voir dans ce symbole, la préfiguration de la Passion du Christ. Jésus enfant sait quel destin est le sien et semble vouloir indiquer à sa mère qu'elle ne pourra pas l'en détourner (si elle en a l'intention...).

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"Je ne me dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller."
29 mai 1789

Vos derniers messages me font penser, non à une sculpture, mais à une peinture, la célèbre Madonne Sixtine de Raphaël qui se trouve à Dresde. C'est une oeuvre bouleversante à mes yeux, et qui montre la Vierge avec le petit Jésus dans ses bras. Leur visage est empreint de gravité et d'inquiétude, tout comme ceux de la Madonne de Bruges.

Vous avez bien raison, monsieur Deshays, ces oeuvres ne sont pas des "arrêts sur image". Elles sont très belles toutes les deux, mais je maintiens : représenter des vierges tristes avec leur bébé dans les bras, ce n'est pas normal, même si c'est très courant. Même en admettant que Marie connaisse le destin qui attend son fils, la naissance de Jésus est une fête : l'étable, les bergers, les rois mages etc (d'ailleurs, à Noël, personne n'est triste parce que Jésus va mourir à Pâques, non ?).
C'est un des seuls épisodes jheureux du nouveau Testament, alors pourquoi le gâcher en montrant des visages pleins de tristesse et d'inquiétude ? L'histoire de Jésus est suffisamment horrible comme ça, pas besoin d'en rajouter.

Sans passer en revue les évangiles apocryphes, qu'il me soit permis de signaler que l'épisode de la fuite en Egypte (et ce qui la provoqua : le massacre des Innocents) ne fut probablement pas du tourisme avant la lettre... Joie et tristesse sont intimement mêlés dans les faits et dans les représentations iconographiques (idem à l'autre bout de la vie de Jésus : Mort ET Résurrection).

J'ai souvent repensé à ce moment de ma vie, encore récement, en entendant à la radio une émission sur l'art et sa comréhension : Totalement ignare, j'ai pris cette piétat pour ce qu'elle était en apparence, c'est à dire une mère tenant son fils mort. Que ce fils soit vu comme Dieu ne changeait rien, pour moi. Et j'ai été boulversé. Et puis est arrivée une guide francophone avec sa troupe. Elle s'est mise à expliquer plein de choses, le pourquoi du comment. Je lui en ai voulu énormément. Je pense qu'une telle oeuvre ne doit pas s'expliquer, elle doit se voir, juste se voir.

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Vous avez tout à fait raison, Dédé!
Sans jouer avec les mots, je dirais qu'une oeuvre d'art authentique non seulement doit "se voir" (s'il s'agit d'une oeuvre picturale ou sculpturale), mais encore qu'elle doit "se regarder" ; pour une oeuvre musicale, je dirais qu'elle doit non seulement "s'entendre" mais encore "s'écouter".
"Voir" et "entendre" sont plus passifs tandis que "regarder" et "écouter" sont plus actifs, or une oeuvre authentique déclenche un dialogue intime actif : celui qui vous a bouleversé en l'occurrence.

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Pourtant, je ne connais aucune Nativité où la préfiguration du destin du Christ ne soit représentée symboliquement: c'est un chardonneret chez Raphaël, le plus souvent un vase contenant des œillets, toujours au nombre de 3 comme les clous de la passion (dans le tryptique Portinari par exemple), un manteau rouge, la passiflore, etc... C'était même, du XVème au XVIIème, où l'on se nourrissait de symboles, un exercice obligé d'un peintre de la Nativité.

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Tous les désespoirs sont permis

Depuis que j'ai vu à Rome le plafond de la sixtine et pour l'architecture le David de Michel-Ange, à Florence (Académie et copie sur la place de la signoria) qui me touche plus que la Pieta à cause de son élan probablement, ainsi que son Moïse, j'ai mis cet artiste au sommet de l'art.
Chaque fois que je peux aller à Rome, je vais droit à la sixtine et ne suis jamais déçu, c'est bien le chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre, les sybilles et ce dieu créateur de l'homme, rien de plus fort et de plus beau.
Comme architecte, il reprend la construction de Saint Pierre de Rome et dessine la superbe coupole. Il dessine aussi et ordonnance la place du capitole, cette merveille avec au milieu la statue antique en bronze de Marc Aurèle qui est déplacée à sa demande. Sans compter la villa Farnèse et sa décoration intérieure, ses sculptures.
Son signe, la puissance qui n'appartient qu'à lui, il est le plus grand. Tout est démesuré dans son oeuvre.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Un des plus grands, assurément... Un maître de la sculpture, un géant tourmenté et passionné. Il y a tant à dire sur ce personnage hors-normes...
Que l'on soit devant le David, le Moïse ou la Pietà, on ne peut que ressentir l'impact, la force de son oeuvre. Il a transformé le marbre en chair et lui a donné une vitalité et une énergie bien loin de la plastique figée de la statuaire grecque. On a l'impression que ses héros de pierre vont se lever et s'animer...
Un génie.

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Puisque nous sommes appelés à mourir, pourquoi ne pas vivre ?