Marie Laetitia a écrit :
je dois être stupide, mais je ne comprends absolument pas votre question. Pouvez-vous la reformuler?
J'avais ouvert cette discussion "les violences de l'Inquisition: une broutille à l'échelle de l'histoire?" en espérant recevoir une perspective d'ensemble, un jugement synthétique sur la question : la réputation de violence imputée à l'Inquisition est-elle légitime (historiquement fondée) ou non?
Les discours actuels sur l'Inquisition visent en effet à minimiser la violence imputée à cette institution typique du christianisme : le nombre de morts qu'on peut lui attribuer en toute certitude reste très en deça de ce qu'on pense généralement, elle est venu mettre un peu d'ordre et de rigueur dans un déchaînement de violence populaire, etc. Isidore et d'autres ont apporté ici des arguments qui allaient dans le même sens, présentant l'Inquisition sinon comme un bien, du moins comme un moindre mal.
Je viens de tomber sur un texte de quelqu'un dont j'imagine personne ne contestera ici le statut d'historien et qui , sans présenter une vision d'ensemble de l'Inquisition, en rappelle néanmoins un trait caractéristique de "l'innovation dans la violence" dont elle a témoigné, mais qui (malgré mes questions) n'a pas été évoqué ici, où on a préféré avancer des critères prétendus objectifs (nombre de mort officiels, formalisme des procès, dates, etc.), mais qui plaidaient dans l'autre sens.
"Je crois que notre naissance s'est produite au Moyen Age, qu'il s'agit bien de notre genèse. Mais il ne faut pas oublier sa part d'ombre. Les romantiques et l'opinion catholique l'ont paré de toutes les vertus, comme l'avaient fait les révolutionnaires avec l'Antiquité. Or si l'on doit réhabiliter cette période, il faut se garder d'en faire un nouveau mythe. N'oublions pas qu'il s'agit d'une époque où surgit, avec l'Inquisition, l'usage de la torture, qui s'étend aux autres hommes qu'aux esclaves. Car si la torture existait auparavant, il ne s'agissait pas d'un comportement normal, puisque l'esclave était considéré comme un sous-homme. Avec l'Inquisition, il devient une pratique courante."
Interview de Jacques Le Goff dans le n° spécial du Monde de l'éducation de juillet-août 2001.