L'existence de cette conjonction est un fait vérifié, et très facilement vérifiable, il me semble. Il a inévitablement été remarqué par les astronomes du Proche et du Moyen-Orient. Encore faut-il qu'ils ne se soient pas contentés de l'interpréter pour ce qu'il était; ils étaient bien capables de suivre la course de ces deux planètes très visibles.
J'avais lu, mais je ne sais plus où, que "mages" doit se comprendre non comme "rois" ni comme "astronomes" mais comme "Perses" et que cela renforce l'idée d'un épisode symbolique, les Perses étant, dans le monde méditerranéen, l'étranger-ennemi par excellence. Si l'on y rajoute le caractère éminemment symbolique des présents... En tout cas, l'habitude la plus courante chez les catholiques est de ne rien voir de plus dans cette page d'Evangile qu'une image ou une sorte de parabole qui signifie "avec le Christ, on change de dimension : la Bonne nouvelle n'est plus annoncée à un seul peuple mais à tous". Et de même que les bergers de l'évangile de la Nativité symbolisent la nouvelle apportée d'abord aux pauvres, les mages symbolisent le monde étranger, païen, en tout cas non-Juif et "lointain", et qui sont désormais eux aussi destinataires du message. L'interprétation de Petitfils, dont je me demande comment on peut la confirmer ou l'infirmer, serait incohérente avec cette lecture de la symbolique - lecture qui est théologiquement cohérente puisqu'elle fait écho au "Allez, de toutes les nations faites des disciples". Donc... comment dire. Oui. Peut-être. Cela expliquerait pourquoi ces mages, ces Perses, ont en tête une histoire de naissance de "Roi des Juifs". Peut-être que c'était ainsi et que l'évangéliste a recyclé et modifié cet épisode pour, précisément, qu'il devienne un symbole de l'ouverture du message à "toutes les nations" alors que ce n'étaient encore que des Juifs. Mais tout cela nécessite déjà de penser qu'il y a un fait historique derrière ce chapitre, ce qui n'est pas forcément garanti.
En fait, dans un cas comme dans l'autre, on décide qu'il y a, dans cette partie de l'évangile, une part fidèle à la réalité et une part reconstruite, et l'interprétation diffère selon ce qu'on met dans le premier ou le second de ces paniers. Et on est un peu conduit à le faire de manière arbitraire...
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