Geoffrey a écrit :
Il est même soulevé l'hypothèse que l'Islam garde des liens avec l'arianisme. En effet, l'annonce de la venue de Mahomet joue un rôle capital dans la théologie islamique, et la redécouverte des manuscrits de la Mer Morte a d'ailleurs mis en avant l'attente par la communauté essénienne de Qumran de deux Messies et d'un prophète, ce prophète étant vu dans la personne de Jean-Baptiste sous la tradition chrétienne. Or les historiens musulmans font de Bahira un annonciateur du statut de prophète dans la jeunesse de Mahomet. En effet, selon la tradition, Bahira, moine arien, aurait vu la marque de naissance de Mahomet dans son dos, vers l'âge de douze ans, et aurait annoncé que l'enfant deviendrait un prophète
On tend souvent à ne garder de l'Arianisme que son opposition avec le trinitarisme nicéen, oubliant qu'il n'était pas moins trinitaire et que son argumentaire était basé sur le même matériel philosophique et thélogique en vigueur chez les Nicéens, de même qu'il puisait du même repertoire scriptuaire. Rien qui soit exploitable ni reconaissable dans le monothéisme musulman, plutôt proche du Judaïsme en la matière.
En d'autres termes, même si on reconfigurait à l'instant les dogmes chrétiens en matière de théologie et de christologie, la rėsonance aura beau sonner un peu moins dur dans une oreille musulmane, elle n'en sera pas moins trop blasphématoire envers l'absolue Unicité divine telle que conçue en Islam. A l'inverse, un arianiste pourra apprécier autant s'un nicéen le respect de l'Islam envers Jėsus et sa mère, mais ni l'un ni l'autre ne pourront se reconnaître dans le monothéisme dépouillé et intransigeant qui régente la thélogie musulmane en règle suprême.