Aigle a écrit :
Un sociologue athée a développé devant moi une analyse intéressante et à mes yeux relativement nouvelle mais un peu manichéenne de la baisse de la pratique catholique en Europe depuis 50 ans.
L'Eglise selon lui aurait été fondée sur trois piliers
- la peur de l'Enfer après la mort
- la peur du clergé avant la mort
- une liturgie absurde mais très impressionnante (latin, grégorien, encens , cathédrales) entretenant ces deux peurs et liée à une doctrine très cohérente et très rigide.
De mon point de vue, il manque à l'analyse du sociologue une perspective historique, et comme nous sommes un forum historique, cela tombe bien :
A l'origine l'Eglise s'est fondée sur trois piliers révolutionnaires :
- Chamboulement des hiérarchies ("Les derniers seront les premiers" / En clair, les esclaves valent autant que les maîtres).
- "Pureté" des moeurs
- Le fond privilégié par rapport à la forme (Critique des Pharisiens, "Le Sabat est fait pour l'homme et non l'homme pour le Sabat").
De fait, durant les premiers siècles, les chrétiens seront considérés par le pouvoir romain comme de dangereux anarchistes, qu'il faut pourchasser et détruire.
Finalement, le pouvoir romain se convertit au christianisme. De persécuté, l'Eglise devient complice du pouvoir corrupteur et persécutrice. S'ensuit des siècles de collusions entre le Souverain et l'Eglise, le fameux "Pouvoir de droit divin". l'Eglise met alors en place les trois piliers énoncés par le sociologue pour asseoir son emprise et celle du Monarque sur le Peuple.
Survient la révolution, le XIXe siècle, la sécularisation de la société (En France, sanctionnée par la loi de 1905, séparation de l'Eglise et de l'Etat), la fin du pouvoir temporel de la Papauté (1870).
Vatican II n'est que le point final au renoncement de l'Eglise à jouer un rôle politique. Ce Concile est aussi l'occasion de montrer que l'Eglise veut renouer avec le message spirituel premier.
Pour finir, je ne peux m'empêcher de vous rapporter les propos d'un évêque qui, il y a un ou deux ans, disait à une petite assemblée que, tout compte fait, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat avait été une bonne chose pour le monde catholique...