Des châtelains entretenaient un chapelain à demeure pour ceux qui en avaient les moyens. C'est à dire un certain nombre, car on pouvait trouver des prêtres adaptables à tout niveau de vie, y compris très, très modeste surtout s'il faisait partie d'un ordre mendiant.
Avoir un chapelain chez soi comporte des avantages: facilitateur de piété bien entendu, prestige, et aussi:
- érudition: on est heureux d'avoir un partenaire de conversation cultivé sous son toit
- conseil
A vue de nez, en regardant les chapelles de châteaux que j'ai visités, je dirais que les chapelains à demeure n'ont pas réapparu dans les maisons de province après la Révolution. C'est une impression qui mériterait d'être documentée, et il faudrait voir ce qu'il en fut chez les riches et les puissants.
Sur un autre fil, nous avons parlé des pontons de Rochefort et j'ai tout récemment vu un cas d'un curé réfractaire expulsé
manu militari par son maire. Il quitte son église et son presbytère mais reste au village en temps que chapelain privé du seigneur, logé au château. Cela dure quelques mois, mais au bout d'un moment le maire revient à la charge et le chasse vraiment. C'est à ce moment là seulement qu'il est placé en détention puis déporté à Rochefort.
Pour ce qui est de la messe au village, au pays de mon enfance, le seigneur entrait par une porte distincte dans le transept sud, et se tenait donc à droite de l'autel.
Tenez-vous bien: cet usage a perduré -évidemment par habitude et non par la moindre contrainte- jusqu'au milieu des années
80 du XXème siècle! Encore s'est-il arrêté par ce que "
Monsieur le Comte et Madame la Comtesse" n'ont pas eu d'enfant, parce que sinon... je ne jurerais pas de ce que leurs héritiers ne maintiendraient pas encore la pratique aujourd'hui
Et dans le même village, l'autre "Monsieur le Comte" (oui, il y en avait deux) a entretenu une maison de petites sœurs jusqu'au tournant des années 2000.