YMD :
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Un point de divergence entre nous bloque la discussion :
- vous vous appuyez sur un texte auto-légitimé (sans aucune référence à la compétence ou à l'autorité de son auteur homologuées par la communauté à laquelle appartient cet auteur et à laquelle il s'adresse) à partir duquel vous considérez le contexte de tradition orale qui l'a pourtant engendré, mais que vous occultez rapidement et définitivement.
Le texte lui-même n'indique pas que sa légitimité doive venir par l'autorité d'une communauté. De toute manière, théologiquement, ce n'est pas à une communauté de conserver et de distribuer le texte. Contrairement aux tables de la loi données par Dieu à Moïse et à la nation d'Israel, le NT n'est pas donné par Dieu à une communauté.
En ce qui concerne la tradition orale, de deux choses l'une : soit elle est l'unique source des textes du NT, ce qui est généralement considéré comme établi par les historiens, car ils n'acceptent pas de source surnaturelle, soit la source est l'inspiration divine au moment où le redacteur écrit, même s'il s'est basé sur des témoignages oraux. Dans ce dernier cas, oui, la tradition orale a un
rôle, mais théologiquement inférieur au Texte. La courte introduction de l'Evangile de Luc est lumineuse à ce sujet.
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- je me réfère au fait que c'est à la responsabilité et aux décisions d'une communauté traditionnelle que tel ou tel texte a reçu ou non le label de garantie qui l'a habilité à être inclus dans le corpus canonique. En dehors du contexte de cette communauté traditionnelle vivante, le statut non-canonique d'un texte écarté perd singulièrement de sa portée pour la suite de son histoire. L'ensemble du NT serait vite tombé dans le panier des curiosités archéologiques dormantes (en attendant qu'un amateur s'y intéresse) si la communauté traditionnelle vivante ne l'avait entériné, homologué, canonisé et intégré dans sa liturgie, dès l'origine et jusqu'à nos jours.
Votre exposé est légitime. Mais si on peut douter de l'autorité théologique d'un texte qui ne serait véhiculé par aucune institution auto-proclamée Eglise du Christ et gardienne de l'Evangile, on peut douter du contraire, à savoir que cette Eglise soit véritablement l'institution prévue par Jésus pour conserver son NT et en régir le sens ...
Le canon de Muratori démontre que les textes du NT étaient déjà collectés en tant que tels, au dépent de nombreux apocryphes, bien avant qu'un canon officiel soit fixé. Un apocryphe n'est pas jugé tel parce qu'il n'est pas intégré au canon fixé par l'Eglise. Il est rejeté théologiquement parce qu'il contrevient aux règles essentielles de l'authenticité et de l'origine divine.
Pour vous, c'est l'Eglise qui livre le Texte au monde, et au fidèle. Pourtant, l'Eglise ne s'est guère souciée, depuis le haut moyen-âge, de proposer la Bible à la population de la chrétienté. La lecture de la Bible par les ouailles dans l'ECAR ne date que du XXe siècle ...
Il faut donc, raisonnablement, recevoir le texte tel qu'il est, et que s'il y a une autorité théologique qui doit fixer un canon, c'est le cas échéant celle du temps : le texte d'origine divine survit, est complet, est sans faute (grâce aux nombreuses copies), est authentique, est en harmonie totale avec le reste des Ecritures ... et notamment la Torah qui en constitue l'Entête.
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Jésus a envoyé ses fidèles prêcher la Bonne Nouvelle jusqu'aux extrémités de la terre, en les assurant qu'il serait avec eux jusqu'à la fin des temps
Matthieu 7 : 15-27 démontre très bien que votre vision des choses n'est guère en phase avec les Ecritures. Jésus y parle de personnes qui se réclameront de lui (c'est à dire qui s'auto-proclameront ses successeurs) mais qu'il reniera. Il explique également qu'il faudrait user de discernement pour distinguer ceux-là de ses vrais disciples : "c'est à leur fruit que vous les reconnaîtrez". Phrase extrêmement lourde de sens. Ce n'est donc pas à ce que telle communauté s'auto-proclamera, qu'on reconnaîtra son authenticité chrétienne ...
Enfin pour revenir à votre référence à Matthieu 28 : 19-20, il faudrait reprendre le contexte : Jésus demeurerait avec les disciples qui enseigneraient à autrui l'Evangile et qui feraient des disciples. Pas avec ceux qui se réclameraient les gardiens d'un Texte (qui n'existait pas au moment où Jésus parle).
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(ce qui implique un certain délai et une chaîne de relais au fil des générations...) on peut considérer qu'il comptait sur la fidélité d'une tradition susceptible de transmettre son message.
Pourquoi écrire le NT dans ce cas ?
Comme expliqué plus haut, votre explication ne tient pas. Cependant, il est vrai que Jésus comptait sur une continuité doctrinale qui perenniserait son enseignement de manière sûre. Autrement dit, il savait que l'Evangile serait proclamé par toute la terre (Matth. 24:14) jusqu'à la fin des temps. Et qui sait, peut-être même pensait-il se charger lui-même de conserver les manuscrits du NT au cours des siècles ...
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Sinon, il aurait consigné ce message par écrit, en aurait déposé l'original authentique dans un coffre, en précisant que son seul interprète légitime n'apparaîtrait qu'au XIXe siècle aux Etats-Unis et qu'en attendant, tous ceux qui s'en réclameraient du fait d'une tradition de fidélité perpétuée au cours des siècles se fourvoieraient lamentablement...
Le groupe religieux auquel vous faites satiriquement référence ne se réclame nullement dépositaire du Texte biblique, ni même son interprète unique. Par contre, ce mouvement revendique être celui qui accomplit, où achève d'accomplir, pour être plus humble, Matthieu 24:14 ...
Maintenant, pourquoi Jésus n'a-t-il pas écrit son Evangile ? Grande question, qui ne se résout certainement pas en disant que la tradition orale prend le relais. Les historiens établissent clairement que l'Evangile du 1er siècle diffusé par les chrétiens, et celui de l'an 800 ou de l'an 2000, n'est pas le même ! Jésus aurait donc mal choisi sa communauté ... ou bien n'en a-t-il pas choisi du tout.
Théologiquement, aucun écrivain biblique ne se revendique d'origine divine, mais les rédacteurs sont tous des hommes. C'est Moïse qui amène les Tables de la Loi à Israel, non un ange. Jésus est d'origine divine, cela est affirmé dans le NT : il ne peut donc écrire par lui-même un texte sacré. Il n'est d'ailleurs pas là pour exposer une doctrine (elle est déjà exposée dans l'AT ...). Le NT est le témoignage du ministère terrestre du Christ et des directives sur la manières de l'imiter. Les rédacteurs sont donc des TEMOINS, non des envoyés divins.