pierma a écrit :
Vous plaisantez ? L'Islam est une donnée permanente du Maghreb depuis des siècles. Il n'a rien de marginal. Le judaïsme et le catholicisme y sont soit marginaux, soit importés par les colons.
Oui, mais pas le même Islam.
L'islam du XIXe siècle au Maghreb fait une large place aux marabouts, aux cultes des saints, aux confréries religieuses soufies. Et bien sûr, des intellectuels musulmans se posent des questions pertinentes sur sa modernisation, en commençant par l'amélioration du statut de la femme.
L'islam des années 80 est celui de la tendance wahhabite née à la fin du XVIIIe siècle en Arabie pas encore Saoudite. Il rejette toutes ses tendances, y compris le modernisme, au point que certains Maghrébins se demandent si elles ont un jour existé.
La tendance a déjà fait plus pour éradiquer la culture musulmane que tout ce que la colonisation européenne aurait pu faire. On en parle sur le sujet :
Les origines de l'islamisme.
Citer :
A l'intérieur du FLN, la religion ne porte pas à discussion. Le seul lien qu'on puisse trouver entre religion et politique dans le mouvement nationaliste est la méfiance très profonde qu'éprouvent les chefs historiques du FLN envers le communisme, un mouvement athée dont ils ne veulent à aucun prix. (Ce qui n'empêche pas les militaires français, avec la lucidité qu'on leur connaît, de parler "d'insurrection communiste", une affirmation ridicule en 1954.)
Pourtant, ce n'est pas faux sur le plan économique. L'URSS soutient la plupart des mouvements indépendantistes. Une fois arrivés au pouvoir, ceux-ci mettront en place des organisations d'inspiration communiste inavouée, basée sur des collectivisations et l'expropriation des cultivateurs ou industriels qui avaient réussis durant la colonisation, car il y en avait.
Dans le cas particulier de l'Algérie, c'est un fait que le statut personnel sera inspiré du droit français et que ce n'est que dans les années 80 que sera adopté un code plus conforme aux aspirations islamistes montantes, c'est-à-dire défavorable aux femmes
Citer :
Lyautey au Maroc, dont la "conquête" peut se décrire comme une entreprise de séduction armée (appuyée sur le respect ostensible du sultan, et donc la lutte contre les fractions du Maroc qui n'obéissent pas au pouvoir central) Lyautey construit son image sur le respect (d'ailleurs très réel) qu'il éprouve pour l'Islam... et pour sa propre religion, ce qui lui donne l'image d'un homme très religieux, donc respectable. S'il y rentre une part de mise en scène, il faut noter que l'intérêt de Lyautey pour la culture du Maghreb était une réalité : il n'est pas si courant qu'un officier français de métropole apprenne l'arabe. (au début de sa carrière, pendant son séjour en Algérie) Mais j'ai déjà dit que la colonisation du Maroc, surtout à ses débuts, était l'antithèse complète de l'Algérie. Ce qui explique une décolonisation plutôt pacifique : il a suffi de redonner sa place au sultan.
Lyautey a fait énormément, d'abord en démontrant l'utilité de la présence française par la stabilisation et la pacification du Maroc. Sa stratégie était basée sur deux principes :
"Gouverner avec le mandarin et non contre lui." et
"La France doit devenir une grande puissance musulmane en Afrique."