Alain.g a écrit :
D'une manière générale, les grands procès apportent souvent des matériaux précieux pour l'histoire, des pièces inédites, des témoignages inattendus, des précisions sur des évènements mais après exercé une critique, fait le tri du plausible et du mensonger et pris soin d'apprécier la crédibilité des affirmations et des négations. Rien qu'on ne sache faire. Rien d'orignal non plus, puisqu'on sait maintenant que toute source doit être interprêtée.
Un procès est finalement une source comme une autre, guère différente de mémoires notamment ou d'ouvrages de complaisance.
Un historien alsacien, Jean-Laurent Vonau a travaillé sur les archives du procès du gauleiter Wagner. Il a dénoncé la partialité de l'accusation de l'époque qui a bâclé le procès. Ils ont simplement jugé Wagner sur certains aspects oubliant toute l'affaire des Malgré-Nous (entre autre). Le gauleiter Wagner n'a pas été jugé pour l'enrôlement forcé de la jeunesse alsacienne et cela fut très mal vécu par la population alsacienne de l'époque qui a eu l'impression que pour les juges français les alsaciens auraient été complaisants vis-à-vis du nazisme.
Les Clionautes a écrit :
Un procès décevant
Selon Jean-Laurent Vonau, dont la seconde partie du livre restitue un récit scrupuleux et détaillé du procès Wagner, la promesse de justice pour l’Alsace n’y a pourtant pas été pleinement tenue. L’auteur est particulièrement sensible à l’occasion manquée résultant de ce procès, dont la teneur avait effectivement frustré les contemporains. Dans la mémoire à vif d’aujourd’hui, le regret historique provient de l’occultation d’éléments devenus majeurs, en particulier le sort des « malgré nous ». De fait, au lieu d’un “Procès de Nuremberg” de l’occupation de la province, qui aurait permis de faire le bilan des crimes du nazisme en Alsace et de laver l’honneur de la population opprimée de tout soupçon de complaisance, Wagner et six de ses anciens subordonnés comparaissent au titre de seulement huit chefs d’accusation capitaux, d’ordre parfois très factuel (et dont un, l’assassinat en 1944 de quatre aviateurs britanniques en pays de Bade, n’a d’ailleurs que des liens ténus avec l’Alsace). La capacité d’expertise juridique de l’auteur nourrit un commentaire attentif du fil chronologique du procès, en restituant fidèlement les débats consignés par les sources judiciaires et la presse d’époque. Wagner y fait front avec assurance, à travers des péripéties d’audience parfois brouillonnes, tandis que ses comparses adoptent la “défense Eichmann” dans l’espoir assez illusoire de dégager leur responsabilité au nom du devoir de discipline dans l’exécution des ordres reçus. Ils n’échappent pas pour autant à l’épilogue prévisible d’un verdict d’une rigueur exemplaire.
Pour de nombreux alsaciens ce procès ressemble fortement à un procès "de vainqueurs" plutôt qu'à un procès exemplaire. Des centaines de milliers d'alsaciens eurent à subir les exactions des nazis. Ils vécurent sous la peur, ils furent menacés, ils furent expulsés, ils furent internés, ils furent déportés, condamnés à mort et exécutés. On a puni Wagner pour la mort de 7 résistants et de 4 aviateurs anglais tués au pays de Bade. Il semble que pour le justice de l'époque, ce qu'ils subirent ne fut pas un crime.