Jefferson a écrit :
Si les livres d'histoire n'ont pas de date de péremption, il n'en reste pas moins que les travaux sont parfois dépassés
Certains sont déjà dépassés avant même d'être publiés, alors que d'autres résistent beaucoup mieux à l'outrage du temps. Des ouvrages anciens peuvent aussi rester les seules références sur un sujet, même s'ils sont parfois vieillis.
Jefferson a écrit :
- de nouvelles questions ont été posées, de nouvelles problématiques ont renouvelé les approches.
Ça, ce sont à peu près les titres des parties du livre
Faire de l'histoire, publié sous la direction de Jacques Le Goff et Pierre Nora...
... en 1974. Donc, un livre probablement dépassé, si l'on considère que le dépassement d'un livre est simplement dû au nombre d'années qui se sont écoulées depuis sa rédaction.
Jefferson a écrit :
Je ne suis pas médiéviste, mais le concept même de "moyen-âge" est, me semble-t-il, aujourd'hui largement contesté, par exemple. Tout comme "la chute/décadence de Rome" ou d'autres concepts surannés.
Cela fait au moins une quarantaine d'années (et sans doute bien davantage) que ces concepts sont largement contestés. C'est en effet en 1977 que Régine Pernoud publiait son livre
Pour en finir avec le Moyen Âge et Jacques Le Goff
Pour un autre Moyen Âge. La même année paraissait le livre d'Henri-Irénée Marrou
Décadence romaine ou Antiquité tardive ?. Mais si un livre est dépassé au bout de 20 ans comme cela a été dit. Ces trois livres qui ont 2x20 ans sont sans doute doublement dépassés.
Jefferson a écrit :
Pour parler de ce que je que maîtrise plus ou moins, l'historiographie de la Révolution française (1789-1815) a été totalement renouvelée au cours des vingt dernières années. Si l'on peut lire les travaux de Soboul, de Furet, de Mathiez, de Aulard, il faut tout de même être très prudent - il y a des choses très intéressantes, mais si on ne se tient pas au courant des travaux récents, on passe complètement à côté des sujets.
Il est surprenant de mettre Furet dans le même lot de travaux "dépassés" que Mathiez et Soboul, puisque, lors de la publication de ses livres, il était considéré comme renouvelant l'historiographie de la Révolution française. Je vois donc mal comment il serait possible de renouveler en profondeur l'historiographie d'une époque tous les 20 ans, sachant que la carrière d'un historien peut s'étaler sur une quarantaine d'années, voire davantage.
Quant à l'historiographie de la période du Consulat et de l'Empire (1799-1815), je n'ai pas vu qu'elle ait été renouvelée au cours des vingt dernières années. Et ce n'est pas parce qu'il y a quelques années, Thierry Lentz avait publié un ouvrage pompeusement baptisé
Nouvelle histoire du premier empire que ce renouvellement est une réalité.
Jefferson a écrit :
Par exemple, on peut lire (et on doit), aujourd'hui, la somme de Lefebvre sur le Directoire, mais si on ne tient pas compte des travaux plus récent des historiens de l'IHRF (notamment ceux produits ou dirigés par Pierre Serna , pour ne citer que lui), on peut dire ou écrire de grosses bêtises... Sur un forum, ce n'est pas trop grave, mais quand on veut produire quelque chose de sérieux, à destination d'un public universitaire, c'est une grave faute intellectuelle.
Étrange exemple. Sans remettre en question la qualité des travaux de Pierre Serna dont j'ai lu le livre
Croiser le fer. Culture et violence de l'épée dans la France moderne. XVIe-XVIIIe siècle qu'il avait écrit en collaboration avec Pascal Brioist et Hervé Drévillon qui ne rendait pas obsolète le livre de François Billacois sur le duel publié 16 ans plus tôt, le livre qu'il a publié sur le Directoire paraît concerner un aspect spécifique de cette période. Du moins, c'est ce que laisse supposer le titre. Cela ne paraît dès lors pas évident de comprendre en quoi ne pas avoir lu ce livre serait une "grave faute intellectuelle".
Jefferson a écrit :
Dans tous les cas, quelle que soit la date de publication d'un travail historique, il faut, comme l'a rappelé un intervenant, contextualiser, comme n'importe quelle source : qui écrit ? Quand ? Pourquoi ? A destination de quel public ?
C'est une approche totalement irréaliste. Pour la majeure partie des livres, il est impossible de répondre à ces questions.
Jefferson a écrit :
On peut tout lire, mais il faut savoir qui a écrit.
Ce qui importe, ce n'est pas qui écrit, mais ce qu'il écrit.