Elzevir a écrit :
L'historien ne juge pas, mais il peut dire, sans juger, que oui, Bonaparte était à contre-courant des idées généreuses qui germaient un peu partout en Europe et aux Etats-Unis, et notamment en Angleterre pendant cette période précise. Et les défenseurs de Bonaparte vont accuser ces historiens de "juger" Bonaparte, commettant le péché capital de l'historien - prendre parti (bon, le péché capital est la téléologie, mais on aura compris que c'est très mal quand même).
Dans une perspective plus large, on peut rappeler que l'histoire n'évolue pas suivant une ligne progressiste continu : l'esclavage avait disparu d'Europe occidentale au Moyen Age, remplacé par le servage, et c'est la colonisation atlantique qui a entraîné son rétablissement dans le cadre de l'économie de plantation.
Pour la question de Bonaparte, il convient également d'éviter un autre travers que je remarque souvent chez les historiens et ceux qui se mêlent d'histoire : confondre l'état juridique avec la réalité, c'est-à-dire ne considérer que les lois en vigueur sans vérifier si elles sont effectivement appliquées. Ainsi, la fameuse loi de Bonaparte ne concerne au début que les colonies qui ont refusé de l'appliquer, certaines comme la Martinique s'étant même données aux Anglais pour y échapper.
Après, pour juger Bonaparte, il faut distinguer ses motivations : cruauté, racisme authentique, ou pur pragmatisme d'un homme qui venait de vendre la Floride pour 50 000 $ ?