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Message Publié : 19 Mai 2009 0:42 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Je vous avoue ne pas très bien comprendre en quoi l'étude des incendies pastoraux ne serait pas en soi une question scientifique.

Votre définition de ce qu'est une question scientifique me semble très restrictive : "Une question scientifique c'est un questionnement dans un interstice de l'appareil des théories face à un problème que ces théories n'expliquent pas. Là ce n'était pas le cas, c'était une question politique, sociale mais pas scientifique."

Peut-être cette définition est-elle applicable aux sciences expérimentales, mais pas aux sciences exactes, et encore moins aux sciences humaines.

Quel serait l'appareil des théories expliquant les faits historiques ?

_________________
Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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Message Publié : 19 Mai 2009 11:21 
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Salluste
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Inscription : 11 Mai 2009 20:59
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La dernière question est au cœur du problème.
Quant à la première phrase, je ne peux la concevoir. On me l'a déjà faite plusieurs fois. Il n'y a pas des définitions selon les domaines mais bien une seule définition valable pour toutes les sciences.
Je reformule ma définition d'une question scientifique. C'est une question, à partir d'observations, qui pointe une lacune dans le corps théorique d'une discipline.
Quelques exemples :
En physique : Pourquoi observe t-on des phénomènes discrets dans le domaine du microscopique (-> théorie des quantas de Planck)
En biologie : Comment se transmette chimiquement les informations génétiques (Prix Nobel de biologie pour Watson et Crick avec la découverte de l'ADN)
En économie : Pourquoi observe t-on un écart au modèle classique quand on traite des relations contractuelles entre la puissance publique et des acteurs privées, par exemple lors de la mise en œuvre de mesures agri-environnementales (théorie des relations agent-principal)
En sociologie (là je suis moins calé) : Pourquoi la gestion des biens environnementaux se heurte à des blocages dans les système d'action classique (théorie de la gestion patrimoniale...)

etc... etc....
C'est plus difficile en histoire car la théorisation est plus balbutiante, mais l'école des Annales a mis en place un corps théorique qui me semble -t-il doit être critiqué, questionné, mis en échec, et finalement dépassé.
(idem en géographie avec la chorématique).


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Message Publié : 19 Mai 2009 11:29 
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Salluste
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Inscription : 11 Mai 2009 20:59
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Je rebondis. En fait une partie des historiens vont certainement considérer l'histoire non comme une science mais comme une discipline rationnelle non scientifique (comme le droit). Ce qui n'a rien de déshonorant.
L'autre tendance aura tendance à théoriser et recherchera le label scientifique.
On connaît la même chose en géographie. Il y a des écoles et des querelles de chapelle.


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Message Publié : 29 Juil 2009 9:19 
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Tite-Live
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Inscription : 13 Nov 2008 6:58
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Dans un tel débat, il est difficile à chacun d'avoir tout de suite une réponse claire tant la question est compliquée. Mais petit à petit on devrait y voir plus clair. Je vous propose donc ma dernière réflexion.

L'histoire est-elle une science ? Quelle Histoire ? On ne peut pas mettre sur pied d'égalité l'Histoire ancienne et l'Histoire contemporaine. Plus on s'éloigne du temps présent plus les enjeux politiques et idéologies s'estompent, ce qui alors autorise effectivement de traiter l'Histoire scientifiquement. Il en est tout autrement de l'Histoire contemporaine, étroitement liée à la politique, qui peut contester ce fait évident ? Or la politique est le contraire de la science, toutes les passions humaines y sont présentes et influencent continuellement les faits, je me trompe ? Maintenant si on dit que la politique est une science au même titre que la physique, j'abandonne.


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Message Publié : 29 Juil 2009 18:08 
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Salluste
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Inscription : 11 Mai 2009 20:59
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C'est pour cela qu'existe les sciences politiques qui sont très charpentées question théorie.
Il ne faut pas oublier qu'une science c'est une abstraction, une théorisation, une modélisation. Or en histoire je le vois dans l'école marxiste et l'école des Annales.


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Message Publié : 29 Juil 2009 18:27 
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Salluste
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Inscription : 06 Juil 2009 22:33
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Localisation : Partout et nul part
Citer :
Plus on s'éloigne du temps présent plus les enjeux politiques et idéologies s'estompent, ce qui alors autorise effectivement de traiter l'Histoire scientifiquement.


Allons dont.

200 ans après on continue à se quereller sur la Révolution Française pour des motivations idéologiques, 400 ans après les Guerres de Religion, certains se querellent encore pour des motivations qui n'ont parfois rien de scientifiques, 1000 après les Croisades restent un enjeu autant historique que politique. L'histoire de l'Ordre du Temple crée toujours autant de polémiques et de fantasmes alors que ça fait bien longtemps que cet ordre a cessé d'exister et même d'avoir une logique.

Le temps n'est pas une bonne excuse, il y a des sujets moins polémiques que d'autres mais sûrement pas des sujets neutres, la polémique née du livre de Sylvain Guggenheim sur un sujet aussi théorique que la transmission du savoir grec ou non par les arabes au Moyen âge montre bien que le temps ne suffit pas à faire l'histoire d'une manière scientifique en se détachant de son temps.

De toute façon, on est toujours de son temps, ou alors on évolue dans le vide.


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Message Publié : 30 Juil 2009 12:13 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 19 Mai 2006 11:41
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La science au sens moderne du terme se définit par l'expérience qui permet de confronter les hypothèses à la réalité, pour les déclarer ensuite vraies ou fausses. J'aurais donc plutot tendance à exclure l'histoire des sciences "dures", d'autant plus que la subjectivité y joue un role important, et aussi, tant pis si je me fais bruler sur un bucher, le coté littéraire de l'histoire.

Citer :
Plus on s'éloigne du temps présent plus les enjeux politiques et idéologies s'estompent, ce qui alors autorise effectivement de traiter l'Histoire scientifiquement.


Je ne suis pas d'accord. l'histoire de la christianisation de l'empire romain, par exemple, bien que très éloignée, souffre encore de polémiques acharnées, et si vous voulez mon avis, est encore largement entravée par les préjugés religieux.

_________________
"Ce monde n'a pas commencé et ne finira pas"(Plotin)

"La vérité est une, et semblablement la philosophie est une"(Julien le philosophe)

"il est doux,lorsque l'on a dit et fait quelque chose de viril et de beau,de laisser un souvenir dans l'ame de ceux ou l'on désire qu'il subsiste"(Xénophon)


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Message Publié : 30 Juil 2009 13:47 
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Salluste
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Inscription : 06 Juil 2009 22:33
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Localisation : Partout et nul part
Citer :
J'aurais donc plutot tendance à exclure l'histoire des sciences "dures"


Sauf que les sciences dures aussi ont une histoire.

Il y a deux siècles, on pensait qu'un gaz invisible animait chaque être, Lavoisier a ensuite démontré que cela ne reposait sur rien, posant ainsi les bases de la chimie moderne.

Au début de notre siècle, un de ces grands messieurs de l'académie des Sciences déclarait qu'à part " l'échec de deux petites expériences, il estimait que la Science Physique avait découvert tout ce qu'il avait à découvrir et n'avait plus rien à expliquer", ses deux expériences cachaient la mécanique Quantique et la Théorie de la Relativité (autant dire E= mc2). Deux découvertes qui ont fait voler en éclat tout ce bel édifice.

Et tout le fatras de théorie pseudo- scientifique dont plein de gens sont persuadés de l'existence et sont capables de vous le démontrer par des expériences plus ou moins douteuses: certains scientifiques sont persuadés que l'Orgone existe réellement et passe leur vie à essaye de le démontrer, et quand bien même ils seraient la risée de leurs collègues car de toute façon quel grand scientifique n'a pas affronté la moquerie de ses contemporains ?

2+2= 4 ne se vérifient que depuis l'invention des + et des = et l'introduction des chiffres arabes.

Les sciences dures reposent peut-être sur des certitudes, mais celles-ci sont en permanence remis en question.


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Message Publié : 30 Juil 2009 14:14 
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Stavroguine a écrit :
Les sciences dures reposent peut-être sur des certitudes, mais celles-ci sont en permanence remis en question.


Ce qui est aussi le cas dans les sciences "molles". C'est justement la spécificité des sciences, cette remise en cause des acquis qui se fait continuellement.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 30 Juil 2009 14:24 
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Salluste
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Inscription : 06 Juil 2009 22:33
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Localisation : Partout et nul part
Narduccio a écrit :
Stavroguine a écrit :
Les sciences dures reposent peut-être sur des certitudes, mais celles-ci sont en permanence remis en question.


Ce qui est aussi le cas dans les sciences "molles". C'est justement la spécificité des sciences, cette remise en cause des acquis qui se fait continuellement.


Oui je ne dis pas le contraire, je dis juste que l'argument pour disqualifier l'histoire de son rôle de science en la comparaison à l'exactitude des sciences durs me parait un peu suranné et contestable car les sciences durs ont aussi une histoire qui montre que leurs certitudes sont loin d'être absolus, et que les conditions techniques et la personnalité du ou des chercheurs peuvent jouer sur ses conditions de réalisation.


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Message Publié : 30 Juil 2009 18:38 
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Salluste
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Inscription : 11 Mai 2009 20:59
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Vous n'avez pas réagi à ma remarque concernant l'importance de la théorisation à partir d'expérimentation ou d'observations. Pourtant c'est bien ce qui caractérise une science (logos) et la distingue d'une description de faits (graphein)


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Message Publié : 04 Août 2009 0:11 
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Hérodote
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Inscription : 15 Mai 2005 21:24
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Le débat est passionnant mais je suis surpris de voir que certains réduisent le terme de science à une catégorie très limitée de disciplines. Je trouve tout aussi surprenant cette tendance qu'ont certains à vouloir amener l'histoire vers une (illusoire) méthode scientifique qui la rapprocherait des sciences dures (je pense à Aspasia avec qui je suis en profond désaccord de même que Narduccio dont les penchants pour le réductionnisme et le déterminisme se laissent entrevoir dans certains messages même s'il sait rester relativement modéré).

L'histoire comme toute discipline se singularise par son objet d'étude : le passé humain. L'humain, comme chacun sait à cette spécificité inconnue de Jupiter (la planète) de posséder le libre arbitre. Dès lors, difficile de marier ce dernier avec le réductionnisme et le déterminisme que certains semblent professer.


De manière générale, soit vous adoptez une définition réductrice du terme de science, auquel cas, le nombre de disciplines dites scientifiques sera très limité, soit vous acceptez la pluralité de la démarche scientifique (pas une méthode mais une pluralité) et vous admettrez bien volontiers que l'histoire appartienne au panthéon des sciences. On n'utilise pas les mêmes méthodes selon l'objet étudié.

A titre personnel, le caractère scientifique de l'histoire (en tant que discipline constituée avec ses revues à comité de lecture) ne me paraît pas faire de doute. Si vraiment vous souhaitez vous triturer les neurones, autant se pencher sur le caractère scientifique ou non de la psychologie.


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Message Publié : 22 Août 2009 5:19 
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Tite-Live
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Inscription : 13 Nov 2008 6:58
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Cependant j'observe la tendance lorsqu'on parle des "sciences humaines" d'abandonner le qualifiquatif "humaines". Donc si l'on dit: l'Histoire est-elle une science humaine: oui.

J'aurais d'ailleurs plutôt tendance, au vu de l'importance du facteur religieux en Histoire, que l'on soit croyant ou non, d'ajouter "sciences humaines et religieuses".
Maintenant par opposition on parle de "sciences dures". Pourquoi "dures" ? Il n'y a en fait aucun terme approprié, même pas "vérifiable" puisque la science englobe des hypothèses.
Donc ce qui est juste c'est de parler de "science" pour tout ce qui touche la physique etc. et de "science humaine" pour tout ce qui découle de la responsabilité humaine.


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Message Publié : 30 Août 2009 23:06 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Re: Message du 5 Avril 18h15.

Daniel,

un vrai historien (scientifique) dans mon optique ne laisse pas "s'influencer par la culture, coryances ambiantes, lobbie, etc" et j'ajoute dans mon humble opinion ce n'est pas sa tâche non plus de donner une opinion "étique" quelle que soit le temps dans lequel il veut se déplacer.

Cordialement,

Paul.


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Message Publié : 30 Août 2009 23:40 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
Message(s) : 1522
Localisation : Belgique
Re: message du 9 Avril 19h00.

Christian,

le "récit" fait par des "vrais" historiens sur l'attaque de Mers el-Kébir doit être le même coté français et anglais.

Cordialement,

Paul.


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