Liber censualis a écrit :
Je pense qu'on peut apparenter cela à la crainte de voir monter et se répandre des idées "nationalistes"
Idées nationalistes? MK exalte le nationalisme allemand... Les nationalistes allemands n'auraient que faire d'une traduction française. Je crois plutôt que la crainte est surtout de voir se répandre les idées antisémites. Et au-delà, les généralités raciales, la supériorité de la race aryenne, etc. Enfin ce n'est même pas sûr: ce livre est demeuré un best-seller dans des pays pas spécialement "bon aryens", notamment au Moyen-Orient. Il est toujours vendu à côté du dernier Paolo Coelho sur les trottoirs du Caire.
Jerôme a écrit :
Je suis très étonné par la position de Chapoutot.
Comment un historien peut il qualifier une source aussi "spectaculaire" d'inutile ?
Je suis étonné qu'on puisse penser ainsi à notre époque.
Totalement d'accord. Ce qui est surprenant est que Chapoutot parle de la centralité "supposée" de Hitler. Si on pousse le raisonnement de Chapoutot, sans Hitler tout aurait eu lieu exactement de la même manière, avec un autre chef. Il est évident que le régime, une fois établi, a sa propre vie, sa propre "machine", avec ses premier, deuxième et troisième cercles, représentés au tribunal de Nuremberg. Peu après la mise en place du régime nazi, avant le début des hostilités, il n'est pas exclu que le régime aurait pu survivre un moment à la disparition d'Hitler. Mais c'est de la fiction.
C'est faire un sort rapide au rôle central de Hitler dans la montée du nazisme. Certes, les Goering, Goebbels & Cie étaient des centres de pouvoir, eux-mêmes déclinés dans les échelons de la hiérarchie une fois établie, mais c'est oublier un peu vite que ni Goebbels, ni Goering, ni aucun des membres de ces premiers cercles n'ont été élus. Hitler a séduit le peuple Allemand et a permis au NSDAP d'accéder au pouvoir. C'est sur sa personnalité que le parti est monté en puissance. Et dans cette accession au pouvoir, Mein Kampf a été instrumental. Il était distribué gratuitement? Soit. En déduire qu'il n'a pas été beaucoup lu, c'est hardi mais admettons. Au minimum il contient le programme du chef du parti bien avant son accession au pouvoir, et en cela, il mérite l'attention de l'honnête homme curieux d'histoire. Son discours est resté assez homogène par la suite, et les Allemands ont bien entendu ses discours à la radio, dans les meetings, répétant les mêmes idées.
Pensabene a écrit :
Il ne s'adresse ni aux historiens (car ils lisent l'allemand
Chapoutot ne dit pas les historiens mais les chercheurs. Certains chercheurs parlent allemand, pas tous, c'est faux. Et a fortiori pas tous "les historiens", y compris des historiens de la période.
Par contre, le prix de 100 euros est rédhibitoire. Si c'est le prix de l'analyse et du commentaire, certains préféreraient avoir une édition simple à 20 Euros, avec une analyse très succinte, et acheter un livre d'analyse à part.