Citer :
LE TOTALITARISME RESTE-T-IL UNE LECTURE PERTINENTE DE L’HISTOIRE ?
Le samedi 19 mai 2018 à 14h | Librairie Ombres blanches
Labo d'histoire avec Olivier Loubes, Johann Chapoutot, Christian Ingrao
À partir des années 1950 – et sans conteste depuis les années 1980 – le totalitarisme a guidé la compréhension historique, structuré l’enseignement, influencé la façon même d’écrire l’histoire. À lire les chercheurs actuels, on peut se demander si ce temps du totalitarisme comme grille de compréhension des sociétés contemporaines – du jacobinisme aux « régimes totalitaires du XXe siècle » – n’est pas en voie d’essoufflement. Dès lors, dans quel cycle entrons-nous : en lieu et place d’un cadre global de lecture, le totalitarisme est-il désormais devenu un simple objet historique ?
https://lhistoireavenir.eu/evt/225/Selon Matard-Bonucci, le totalitarisme reste une lecture pertinente de l'histoire.
https://www.cnrseditions.fr/catalogue/h ... -fasciste/Marie-Anne Matard-Bonucci,
Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS éditions, 2018
Citer :
Totalitarisme fasciste
Avec l’essor des nationalismes et des populismes en Europe, la notion de fascisme revient en force dans le débat politique, qu’il s’agisse, pour les uns, de dénoncer un hypothétique retour des années trente ou pour les autres, de stigmatiser l’« islamo-fascisme ». Au moment où les démocraties européennes montrent des signes de fatigue, il est impératif de revisiter le sens de ce mot en mobilisant une approche historique et en replaçant ce phénomène politique dans le pays qui l’a vu naître : l’Italie.
Marie-Anne Matard-Bonucci rappelle ainsi le rôle et la place inédite de la violence dans l’idéologie fasciste et dans ses pratiques. Une violence non seulement utilisée pour anéantir les adversaires politiques mais aussi mise en œuvre sur un mode génocidaire dans les colonies italiennes. En étudiant certains domaines peu abordés par les historiens, elle décrypte l’impact du projet fasciste sur le quotidien des Italiens, le projet de construction d’un « homme nouveau » conduisant le régime à vouloir contrôler les comportements, changer les caractères jusque dans la sphère de l’intime : des usages linguistiques au rire, des loisirs aux affects. Elle souligne aussi la plasticité de l’idéologie fasciste, l’exaltation de l’action et du pragmatisme permettant métamorphoses et reniements.
À rebours des idées reçues, Marie-Anne Matard-Bonucci insiste enfin sur la nature raciste et antisémite du régime mussolinien : l’Italie fasciste fut le seul État à avoir expérimenté en même temps une politique raciste coloniale et un antisémitisme d’État.