Je me demandais si l'analyse des faits historiques, surtout anciens, ne cherchait pas des causes rationnelles alors que les individus qui prenaient les décisions avaient des motifs irrationnels (pour nous), tels que des superstitions, des croyances à la magie ou autres.

Un exemple, la reine Frédégonde qui fait brûler les registres d'imposition pour avoir la miséricorde de Dieu. Dans ce cas, nous savons le pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il y un grand nombre d'exemples qui nous échappent.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

En général, ces analyses, comme toutes autres, portent la marque des influences que subissent les historiens, au premier rang desquelles le marxisme.

Reconstituer la situation économique des individus est important, mais tenter d'appréhender leurs schéma de penser l'est tout autant. C'était le propos de l'Ecole des Annales qui a énormément fait progresser la réflexion sur les deux axes.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

Frédégonde a fait brûler les registres d’imposition. Il est légitime à l’historien de se demander pourquoi. Les conceptions religieuses de Frédégonde peuvent être irrationnelles mais n’en constituent pas moins être une explication parfaitement rationnelle si l’historien démontre l’existence d’un lien de causalité entre le fait de brûler les registres et les conceptions religieuses de Frédégonde.

Evidemment, il y a probablement matière à discuter. L’histoire n’est une science exacte. Les explications proposées par les historiens peuvent être plus ou moins convaincantes.

Autre exemple : les Juifs ne font pas d’élevage de porc. L’explication rationnelle est évidente : les prescriptions religieuses que suivent les Juifs font du porc un animal impur, ils élèvent en conséquence des chèvres et des ovins plutôt que des cochons. Ensuite, le pourquoi de l’impureté du porc est une autre question dont les explications, si l’on peut en trouver, sont beaucoup moins évidentes.

Pour Frédégonde, nous connaissons la raison. Elle est rationnelle dans sa croyance. Pour le porc, l'interdit religieux a été précédé d'une raison que nous ignorons. Pastoureau a bien proposé des raisons dans son livre sur le cochon en admettant qu'aucune n'était vérifiée.

Mais les grands de ce monde vaient des astrologues, des chiromanciens qui donnaient des prédictions. Les Grecs avaient la Pythie, les Romains la Sybille. Cassandre fut condamnée par les dieux à ne pas être crue. Les exemples abondent, mais lesdits grands étaient ils influencés par ce genre de chose, nous l'ignorons. Ce que nous prenons pour des erreurs de jugement n'en sont peut être pas selon les croyances de ceux-ci. Cela n'a pas d'influence sur le résultat final, bien entendu.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

En effet, nous l’ignorons. Il est quasiment impossible de se transporter mentalement dans un univers qui n’est plus le nôtre.

Les Anciens consultaient des oracles. Les dirigeants actuels consultent des experts en économie qui savent très bien expliquer le passé mais dont la validité les analyses pour l’avenir ne sont pas toujours confirmées par les faits.