Zunkir a écrit :
Enkidu est "civilisé" en faisant l'amour avec une courtisane, passage très intéressant ... L'Epopée de Gilgamesh ne symbolise en tout cas pas la "civilisation" des Akkadiens par les Sumériens, car cette distinction ethnique est totalement absente des textes antiques est probablement bien loin des façons de penser des gens de l'époque. Enkidu est très secondaire finalement, c'est Gilgamesh, le roi, qui prime.
L'Epopée a des allures de parcours initiatique d'un Eugène Ionesco moins loins dans les limbes du temps. C'est un hymne à l'amitié, parfois à la frivolité et aux plaisirs de la vie par constat d'un trépas inéluctable. C'est aussi un "rappel" des vertues civilisatrices des femmes, fussent-elles, comme c'est le cas présentement en la personne d'une fille-de-joie, courtisanes. Enkidu ne sera plus le même, il a embrassé (sans mauvais jeu de mot) la civilisation au contact de Gilgamesh et LaJoyeuse.
Gilgamesh, (l'ôde laudative est à noter) exceptionnel monarque, célèbre, prestigieux, preux fils d'Uruk, buffle à la corne terrible, entraineur et protecteur de ses troupes qui allait jusqu'à démolir les murs de sa puissance. Décrit comme parfait, éblouissant et ce, dès sa naissance frappé du sceaux de l'excellence qui caractérise les grands monarques, c'est le fils - supposé -de Lugalbanda et de Nin.suna. Deux tiers divin, un tiers homme.
Enkidu quant à lui est de rang "inférieur" bien que de qualité noble. Noblesse que lui reconnaîtra Gilgamesh. Formé à partir d'argile par la main créatrice d'Aruru sous injonction d'Anu, dieu du ciel, il est décrit comme ayant une chevelure de femme, des boucles foisonnantes comme un "
champ d'épis", accoutré à la sauvage et sans pays, Enkidu est découvert hirsute. Mis au monde dans la steppe, sans éducation, ni père ni mère. De forte ressemblance avec Gilgamesh. De "haute taille", "altier comme un sommet de rempart" disait-on. D'une musculature puissante comme un bloc. Un natif du désert, sans doute un de ces '
abiru tant redoutés et dont R. Langhe, E. Dhorme et R. Borger disent qu'ils étaient des 'prm, des "hommes venant du sable" çàd du désert comme l'indique JM Durand.
Deux mondes pour deux êtres à la noblesse partagée et l'amitié en valeur commune.
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