Zunkir a écrit :
Rien à voir. Des études sérieuses de linguistique ont pu rattacher les langues berbères (au pluriel, puisqu'on ne parle pas berbère, on parle kabyle, chleuh, tifinagh ett.) au groupe de langues dites "afro-asiatiques". Pour le sumérien, rien de tel n'est possible, et c'est pas faute d'avoir essayé : pas de langues appartenant à un même sous-ensemble de langues, pas même des ressemblances suffisamment probantes avec des "super groupes" de langues. C'est donc un isolat, et probablement pour longtemps.
Oh que si que l'on parle le Berbère. Je suis berbère moi-même. On ne parle pas le Tifinagh, on l'écrit (une écriture par ailleurs très peu commode pour la langue berbère et que le Maroc essaye de raviver bon gré malgré. G. Camps indiquait, non sans avoir tort, qu'elle était quasi exclusivement utilisée pour marquer les sépultures, indiquer des points de marquage géographique mais aucunement pour consigner le savoir et les connaissances. La langue arabe a constitué pour les Berbères un véritable accès à la connaissance en abandonnant progressivement l'oralité encore très forte dans les tribus actuelles) et bien que la racine du mot soit rattachée au punique, les Kabyles (de Grande et Petite Kabylie), les Chaouis, les Berbères nomades sont compris par les Berbères du Rif, de Taza, Fès et en partie dans le Souss et ce, sans mal; à quelques variations locales (il existe presque autant de dialecte que de tribus éparses dans le Haut Atlas, dans le Sahara ou encore dans les plaines et plateaux marocains). Il y a quelques variations, certaines tribus berbères parlant une langue plus ou moins arabisée voire punicisée ou romanisée mais le tronc commun est le même des montagnes de l'Atlas algérien à celle du Maroc et du Sahara algérien, marocain, tunisien, lybien voire jusqu'en Egypte et quelques oasis au Yémen. En voyage encore récemment en Tunisie à Chenini dans un village semi-troglodyte, j'ai pu être compris et comprendre les Berbères locaux. Les Kabyles comprennent les Rifains et inversement.
La langue berbère a certes été rattachée au rameau des langues afroasiatiques/afrasiennes anciennement chamito-sémitiques mais elle n'est que lointainement liée aux autres langues de cette grande famille fourre-tout. Quelques emprunts çà et là au Phénicien, à l'Arabe (comme l'Akkadien contenant des mots d'origine sumérienne) mais le corpus initial n'a rien à voir avec cette langue.
Citer :
Et alors où vous voulez en venir ? L'Epopée de Gilgamesh n'est d'ailleurs pas une ode à la tolérance entre puissants et plus démunis : Enkidu est quand même un être généré directement par les divinités, et un surhomme ...
Enkidu est physiquement fort mais frustre. Il est dans l'histoire des Hommes que certains peuples en civilisent d'autres. Il n'est pas exclu que les Sumériens obéissent à cette règle. Non par un espèce de colonialisme sauvage mais plutôt de manière progressive. Les Ottomans ont occupé l'Afrique du Nord, les Français, également et les Chinois désormais construisent pour les Algériens. Somme toute, des mouvements de populations qui ne sont guère étonnants et souvent d'une civilisation "plus avancées" sur une civilisation frustre, considérée un temps comme indigène (que l'on qualifiait de promitives pour devenir premières, terme moins connoté et péjoratif). Les Hommes ne connaissent pas tous un degré d'évolution identique et monolithique. Leur environnement, leur capacité intrinsèque créent des degrés d'évolution et de civilisation accélérés par l'écriture qui permet de consigner le savoir. Les Berbères sont d'une certaine manière à l'image des Akkadiens lors de l'arrivée des Sumériens par le Sud. L'arrivée des Arabes au 7ème siècle en Afrique du Nord leur a conféré une véritable écriture et l'accès au savoir des Grecs et des Romains voire des Egyptiens également. Et cela ne s'est pas fait forcément par la force. Au contraire, les Berbères ont constitué par des dynasties tels que les Mérinides, les Almoravides, les Almohades les premiers conquérants de l'Islam.
In fine, tout cela pour indiquer que les mouvements de populations ne datent pas du XVIIIème siècle. De tout temps, les populations se sont déplacées, en moindre importance, à la recherche de leur subsistance ou pour asseoir une puissance leur permettant un accès plus confortable aux ressources.
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