J'ai poursuivi mes recensements, et j'ajoute d'autres pièces au dossier. Quatre reviennent sur cette notion de "faible d'esprit": Appien, Syriaca, 52 : The Macedonians, who were loyal to the race of Philip, chose Arridaeus, the brother of Alexander, as king during the minority of Alexander's sons, although he was considered to be hardly of sound mind, and they changed his name from Arridaeus to Philip. Plutarque, Alexandre, 10.2 : Cependant Pixodore, satrape de Carie, qui voulait, à la faveur d'un mariage, faire secrètement une ligue offensive et défensive avec Philippe, envoya Aristocrite en Macédoine, proposer au roi l'aînée de ses filles pour son fils Arrhidée. Aussitôt les amis d'Alexandre et sa mère Olympias, recommençant leurs propos et leurs accusations contre Philippe, insinuent au jeune prince que son père, en procurant à Arrhidée, par ce mariage brillant, l'appui d'une alliance si puissante, le destine visiblement à lui succéder au royaume de Macédoine. Alexandre, troublé par ces soupçons, envoie en Carie le comédien Thessalos, pour représenter au satrape de laisser là ce fils bâtard, qui, outre le défaut de sa naissance, avait l'esprit aliéné, et de rechercher plutôt l'alliance d'Alexandre. Plutarque, Si un vieillard doit s'occuper d'administration publique, 15 (791e) : Aridée était jeune, et Antigone, vieux. Ce dernier pourtant conquit l'Asie presque tout entière; et l'autre, comme un personnage muet de théâtre, n'avait de royal que le nom, que l'extérieur, et il servait de jouet à ceux qui s'emparaient successivement du pouvoir. Porphyre, FGrH 260 F2, tiré des Chroniques d'Eusèbe : The Macedonians appointed Aridaeus, the son of Philippus and Philinna of Thessaly, to be king after Alexander because of their affection for the family of Philippus, although they knew that Aridaeus was the son a courtesan and he was feeble-minded.
Plutarque, De la fortune d’Alexandre, II.5 apporte une précision : il est plus spécifiquement arriéré, enfantin : Comment trouver quelque grandeur chez Arhidée qui, guère différent d’un enfant (il est qualifié de nêpios, puéril, enfantin), fut enveloppé dans la pourpre comme dans des langes par Méléagre, et placé par lui sur le trône d'Alexandre? Toute la gloire est pour Méléagre : et grâce à lui l'on put voir, durant un espace de peu de jours, comment les hommes sont rois par la vertu et comment ils le sont par la Fortune. A un vaillant champion de la royauté Méléagre donna pour successeur un semblant de roi; ou plutôt, comme sur une scène de théâtre, il promena le sceptre du monde en le mettant aux mains d'un personnage muet. A entendre le poète, « L'homme impose la charge, et la femme la porte. » On pourrait dire, au contraire, qu'une femme et un enfant ont qualité pour recevoir et pour déférer à un autre la puissance, la richesse et l'autorité.
Par contre je suis tombé sur l'épitomé d'Heidelberg, un résumé tardif, qui le qualifie d'epileptikos : Epitome d’Heidelberg, 1.2 : Because Arrhidaeus was dull-witted, and also epileptic, Perdiccas was appointed to be guardian and overseer of the royal government. Il faudrait s'y pencher davantage, mais je connais très mal cette source. A priori, il s'inspirerait directement ou indirectement de Trogue-Pompée, et ce pourrait donc être une erreur de traduction de l'expression de Justin. A elle seule, cette source de second ordre ne peut suffire à imposer l'idée d'un épileptique, pour ma part.
Je terminerai sur un regret : le livre X de Quinte Curce est amputé d'un passage (assez long semble-t-il), qui manque de bol correspond justement aux critiques de Python qui juge Arrhidée impropre au trône, et il n'y allait pas avec le dos de la cuiller. Il aurait été capable de nous apporter bien des renseignements sur le sujet...
J'espère n'avoir plus rien oublié !
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