Arcadius a écrit :
La question de l'archéologie expérimentale est intéressante mais sur quels constats concrets (en dehors d'une expérimentation avec des individus contemporains) se sont-ils fondés pour reconstituer ces brodequins ?
Je ne sais pas. J'ai observé que les membres de la VIIIe Legio Augusta utilisaient aussi parfois ce type de modèle, que j'appelle "brodequin" car il enveloppe complètement le pied et le talon.
Je suis bien d'accord nos ancêtres avaient une pratique de la marche bien plus importante que nous, de fait ils avaient une corne de pied plus épaisse. Il y a quelques années j'ai aussi eu un guide marocain dans l'Atlas qui marchait avec des chaussures de foot (sans les crampons...) sans aucune blessure au pied. Sous d'autres cieux, certains individus (je pense aux Masaïs par exemple) sont capables de parcourir de très grande distance, rapidement et pieds nus, mais ils ne portent rien sur le dos et le climat est clément car peu humide (l'humidité est plus redoutable pour les pieds que la sécheresse). Bref, la problématique du confort du pied trouve à se poser dès que les trajets sont longs, répétés et lorsqu'on porte une charge. Napoléon lui-même se préoccupait du pied de ses soldats, pourtant tous issus d'une population qui savait marcher et supportait l'effort. Il faut aussi éviter de mythifier nos ancêtres. Dans le domaine de l'historiographie militaire, l'archéologie expérimentale a permis aussi de considérablement réviser certains points qu'on admettait volontiers sans s'être posé réellement la question de la faisabilité : on pense désormais que l'hoplite grec ne pouvait pas courir très longtemps sans être essoufflé en raison du poids de son équipement (a contrario on comprend mieux les descriptions où les auteurs antiques nous indiquent que défaits les soldats jetaient littéralement leur équipement pour s'enfuir plus vite) ; de même, on a considérablement revu l'usage réel du glaive romain qui ne permet pas de ferrailler avec l'adversaire mais tout au plus de le blesser à très courte portée en coordonnant étroitement le geste avec l'emploi du bouclier.
Pour en revenir aux caliga classique, la partie supérieure en lanières induit un cisaillement/frottement sur la partie du pied la moins bien protégée naturellement, qui n'est pas à négliger.