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Message Publié : 04 Août 2021 9:22 
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Recherche sans doute vouée à l'échec, car le grand projet de numérisation de la PW
https://de.wikisource.org/wiki/Paulys_Realencyclop%C3%A4die_der_classischen_Altertumswissenschaft/Register/o#Orcus
n'a pas encore scanné ces pages.

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Message Publié : 04 Août 2021 9:23 
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Et en tout état de cause, il ne sera pas disponible avant 20 ans, puisque publié en 1970...

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Message Publié : 04 Août 2021 9:28 
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l'ouvrage n'a pas été publié en 1970 évidemment, mais en 1939, c'est l'auteur qui est mort en 1970.

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Message Publié : 04 Août 2021 18:10 
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Merci Chaeréphon....bon je connais Fabrice Delrieux, universitaire à Chambéry, qui doit être en vacances. Je vais essayer de réactiver mon ancienne camaraderie avec lui pour voir s'il peut pas faire quelque chose pour moi (i.e. une photocopie ou un photo par portable). :rool: >:) :oops:

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Message Publié : 04 Août 2021 20:17 
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https://book4you.org/book/830633/fba304

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Message Publié : 04 Août 2021 21:01 
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Merci beaucoup Chaeréphon...J'ai pris des screenshots de l'article Orcus...Il me reste plus qu'à faire tout un travail de photomontage et d'aggrandissement et puis cerise sur le gâteau...traduire l'article de l'allemand au français !!! Chouette ça va occuper mes vacances lol

j'ai quand même envoyé un gentil mail à Monseur Delrieux...

Je finis de peaufiner la traduction de l'article de la revue Glotta et je vous en fais part rapidement (pour ceux que ça intéresserait éventuellement ) :rool:

Vive Chaeréphon !!!

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Message Publié : 04 Août 2021 22:12 
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Ach la lektüre de la Pauly-Wissowa... nostalgie...
Je me rappelle un séminaire que je devais présenter sur Hérodote et Thucydide. François Lasserre avait l'habitude de donner les sujets d'une séance à l'autre, soit 15 jours avant. "Bon, alors pour la prochaine séance, c'est bien M. Ch. n'est-ce pas?" Qui aurait osé lui dire non???
Et donc en 15 jours, les articles de la Pauly sur Hérodote et sur Thuc., plus qqes autres...
Et que dire de toutes ces abbréviations qui rajoutent parfois 50% au texte...

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Message Publié : 17 Août 2021 21:50 
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Jean Froissart
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Je vous donne ma traduction de l'article dans la revue Glotta de 1960 : j'ai essayé de traduire le latin quand j'ai pu...

G.P. Shipp, Orcus, Glotta, 39 Bd, 1/2, 1960, pp . 154-158


Citer :
C'est toujours une question non résolue de savoir si Orcus devait commencer par le nom d'un lieu ou le nom d'une divinité. Hofmann dans sa révision de Walde déclare catégoriquement que le 'Unterwelt' d'Orcus est plus ancien que le 'Todesgottheit' d'Orcus. Pour lui, Orci fauces, comme mundus, indiquait une crevasse (Erdspalt) comme entrée aux enfers. En revanche pour Ernout et Meillet Orcus est «le nom d'une divinité infernale ; par suite ‘les enfers’ eux-mêmes, et ‘la mort’’. La question est d'une certaine importance pour l'histoire de la religion romaine, et, ce que je pense, sa solution a une certaine importance pour la méthode, dans l'utilisation du matériel pour les études sémantiques.
Le matériel est rassemblé et commodément classé par W. Mackauer dans : Pauly-Wissowa1, sous les rubriques suivantes : 1. Orcus sans ambiguïté comme royaume des morts ; 2. Orcus en tant que seigneur de ce royaume, (a) comme l'équivalent d'Hadès-Pluton, (b) comme une conception romaine, (c) tendant à être remplacé dans la littérature par Dis Pater; 3. le sens moitié local, moitié personnel ; 4. Orcus comme démon de la mort. Mackauer suit Speijer en soulignant que l'application locale ne se trouve pas dans la littérature la plus ancienne, tout en trouvant impossible de le suivre quand il nie que ce sens existe tout court. Il suggère lui-même que l'idée évoquée par le mot dans l'esprit d'un Romain oscillait entre «lieu» et « personne ». Cette suggestion est importante, mais pas faite, je pense, pour nous conduire au sens originel du mot.
La caractéristique la plus importante du matériel tel que classé par Mackauer est qu'aucun des passages où Orcus est sans ambiguïté local n'est indépendant de l'influence grecque. Nous avons ici Varro sat. 423 inimicum Orco immittere rappelle sûrement Ἄιδι πριάπτειν, Verg. Aen. 4. 242, Ἐρμῆς ψυχόπομπος (Hermès Psychopompe), 6. 273 primisque in faucibus Orci (tout à l'entrée d'Orcus), dans la description du monde souterrain qui doit tant à la Grèce, suivi de Valer. Flacc. 1. 784 primia stant faucibus Orci, avec portitor = Charon (dans des lignes considérées soit comme mal placées soit comme interpolées), Lucain 6. 714 f. prima pallentis hiatu haeret adhuc Orci, Verg. Aen. 4. 699 Stygio . . . Orco, Lucret. 1.115, Hor. Carme. 3. 11. 29, Prop. 3. 19. 27. Ce sont tous des exemples littéraires, tous tirés de la littérature grecque. Mackauer ne comprend, par ailleurs, que deux inscriptions de la période impériale.

Plaute, notre plus ancienne source, contraste fortement. Ici, Orcus est soit sans ambiguïté le dieu, soit peut-être le dieu. Mackauer inclut tous les exemples de Plaute sous 2b sauf Bacch. 368 aperite propere ianuam hanc Orci, qu'il inclut dans 3. Par sécurité, nous pouvons ajouter Asin. 606 apud Orcum te videbo, comme apud peut avoir un accusatif de lieu, cf. forum apud, souvent. Parmi les exemples sans ambiguïté particulièrement importants figurent Most. 499 me Accheruntem recettere Orcus noluit et Poen. 344 quo die Orcus Accherunte mortuos amiserit (proverbial N.-B.). Ici, le dieu Orcus vit à Accheruns. Fraenkel a fait remarquer, il y a longtemps, que ce nom, à cause de sa forme et de son genre féminin, doit avoir atteint le latin populaire par quelque intermédiaire. Lui-même n'a pas suggéré l'étrusque, bien que cela soit proche, car il suggère que c'est en raison de l'influence étrusque que le monde souterrain et ses terreurs étaient venus occuper une si grande place dans l'imagination des Romains à l'époque de Plaute, notant, pour exemple, Capt. 998f. vidi ego multa saepe picta quae Accherunti fierent cruciamenta, (C'est Tyndare qui parle : J'ai vu souvent en peinture les supplices des enfers; (: verum enimvero nulla adaeque 'st Acheruns ). mais, ma foi, il n'y a pas d'enfer plus infernal que cette carrière où l'on m'a jeté.) rappelant ainsi les tombes étrusques. L'identification de l'intermédiaire linguistique comme étrusque a été faite par Pasquali, qui a souligné la similitude avec Arruns etc.
Comme le montre Fraenkel, Accheruns (avec Accherunticus) est fréquemment utilisé dans des passages à saveur italienne. Dans les deux passages cités où il apparaît avec Orcus, la terminologie est clairement romaine, bien que dans Most. 499f. l'idée exprimée par le fantôme (quia praemature vita careo) est grecque (Lorenz). L'idée e a été donnée d'une robe romaine, tout comme dans Iphigénie d'Ennius (202 Ribbeck et Klotz) Acheruntem obibo, ubi Mortis thesauri obiacent (Je descendrai sur les bords de l'Achéron, où la mort entasse ses dépouilles) reproduit le simple κατθανεῖν... μοι δέδοκται (cité par Fraenkel). Il est donc clair que Plaute connaissait au moins un dieu Orcus comme étant une idée romaine populaire. Il ne fait guère de doute que pour lui c'était le sens du nom, car il n'y a que deux passages où il pourrait faire référence au lieu, et dans les deux la référence personnelle est au moins aussi probable.
La littérature ultérieure citée par Mackauer dans cette section ajoute peu, mais Orci tunica comme nom d'une plante, montré par Ps-Dioscurides comme étant le latin original, et pas une traduction, est significatif.
Tout aussi importante d'une autre façon est l'utilisation d'Orcus comme l'équivalent d'Hadès ou de Pluton, démontrée par de nombreuses preuves comme étant un développement populaire. C'est en effet essentiellement la nature populaire de la croyance au dieu Orcus, avec les crudités de conception qui l'accompagnent, qui a conduit à son remplacement dans la religion officielle, comme le montre Mackauer, par Dis pater, une simple traduction de Ploutôn.
Important est également le témoignage de Pétrone, recueillie par Mackauer au § 4. Les amis de Trimalchio utilisent souvent le nom du dieu, en particulier dans les expressions proverbiales, 46. 7 habebit stigmam, nec illam nisi Orcus delebit, (S'il mord au droit, je lui ferai prendre un métier, barbier, crieur public ou même avocat, un métier enfin que rien ne puisse plus lui enlever des mains que la mort). 62. 2 fortis tamquam Orcus, (C'était un soldat fort comme l'enfer) etc. Cette conception populaire d'Orcus comme Todesdämon remonte à l'époque républicaine, cf. Laberius 87 R. tollet bona fide vos Orcus nudas in catonium, où il est bourreau. Il n'y a pas de différence essentielle entre cet Orcus et le souverain des enfers de Plaute. La différence est probablement de genre littéraire autant que d'ordre chronologique.
Servius Aen. 6. 273 deum posuit pro loco est concluant en montrant qu'à son époque l'application personnelle dominait (M., à la suite de Speijer).
Reste la question du lien entre l'usage personnel originel et l'usage local dérivé. L'explication peut suivre deux lignes, qui ne doivent pas s'exclure l'une l'autre.


Premièrement, le mot apparaît souvent dans des contextes dans lesquels l'un ou l'autre sens est satisfaisant, donnant les exemples typiques de transition si importants pour l'enquête sémantique. En principe, tout le § 3 de Mackauer appartient à ce qui est dit ici, mais certains exemples sont plus clairs que d'autres. Ainsi en avons-nous déjà chez Plaute Bacch. 368 ianuam Orci, auquel j'ajouterais Asin. 606 apud Orcum. Que Orci peut être personnel dans Bacch. 368 est, comme le fait remarquer M., montré par Virgile ianua Ditis et ostia Ditis. C'est un exemple typique de transition, d'autant plus que l'autre membre de la phrase est déjà ambigu. Un génitif avec un mot comme ianua peut être un génitif de possession ou un génitif de la partie, ianua Ditis - iamaa aedium. On peut dire à peu près la même chose de l'autre premier exemple de Mackauer, Enn. Andromaque frg. 12 V (= 70 Klotz) Acherusia templa alta Orci, (Salut, profondes demeures de l'Achéron, palais du dieu des enfers.) et il est même probable que le nom soit personnel dans le faucibus Orci de Virgile et ses dérivés. Même si pour nous un terme architectural comme les fauces est une simple métaphore, de telles expressions remontent en principe à une époque où elles étaient signifiées littéralement et il se peut bien qu'il y ait une réminiscence d'une telle attitude dans la phrase audacieuse de Virgile. Ce n'est, après tout, pas très différent des saevi spiracula Ditia de Virgile (Aen. 7. 568), comparer, avec l'autre genre de génitif, Lucr. 6. 493 spiracules mundi. En effet, le génitif avec des noms de parties du corps peut en général être considéré comme un génitif de la partie (probablement le type plus ancien), ainsi que possessif. La même ambiguïté dans le génitif se retrouve chez portitor Orci, ianitor Orci (Virgile etc.). Encore une fois, dans le seul exemple térentien, ab Orco …reducem (Hec. 852, 875), il y a une ambiguïté dans la préposition, cf. avec M., Plt. Amph. 1078 quasi ai ab Accherunte veniam. Dans le demiuimus Orco de Virgile (Aen. 2. 398) et des phrases similaires, l'ambiguïté est plus artificielle, étant créée par l'utilisation par Virgile, à l'imitation du grec, d'un datif du lieu auquel.
Une deuxième considération importante, surtout compte tenu de la nature grécisante de la littérature où Orcus est local, est le développement parallèle du sens dans l'un des noms grecs que les Romains identifiaient à leur Orcus, à savoir Aidès avec des variantes. Il est bien connu que dans Homère, à part Psi 344, c'est le nom du dieu, ensuite des enfers. Il peut y avoir peu de doute que ce double sens a influencé les poètes latins. Comme déjà noté, le latin Orco immittere est très proche d'Aidi proiaptein.
Mackauer dit que l'ambiguïté du nom dans des passages comme ceux cités met l'interprète moderne mal à l'aise, mais n'aurait pas mis le Romain mal à l'aise. Je dirais que l'ambiguïté est en grande partie une simple question de la possibilité théorique d'interpréter certains types de phrases de plus d'une manière. Dans quelle mesure le Romain, sauf lorsqu'il lisait de la poésie grécisante, ressentirait l'ambiguïté, c'est une tout autre affaire. Par exemple, à la lumière de Plaute, il semble probable que pour Terence et son public dans ab Orco...reducem. le nom était celui du dieu. Cela est vrai même si un certain flou de conception en de telles matières a sans doute contribué à rendre possible l'application de Virgile au lieu.



je travaille à l'article de Mackauer dans la RE... B)

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Message Publié : 04 Fév 2022 22:13 
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Jean Froissart
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J'ai envoyé la semaine un mail à John Scheid, professeur au Collège de France, spécialiste de l'Histoire romaine et de la Religion romaine , pour lui demander si on avait des informations sur le culte d'Orcus en Italie ou aileurs, en gaule par exemple.

Voilà ce qu'il m' a répondu , en tous cas quelques extraits :

Le problème d’Orcus est simple et compliqué à la fois. D’une part les historiens de la religion romaine ont longtemps eu pour objectif premier de déterminer l’origine d’une divinité: latine, étrusque, italique, grecque, voire indo-européenne. Cela vous apprend généralement ce que vous savez déjà, qu’elle est attestée à Rome, dans l’Italie, dans les Gaules etc, et que la racine de son nom est latine, grecque, ou inconnue; à moins qu’une source antique nous dise qu’elle est étrusque. Et pour une
divinité comme Orcus cela n’a guère de sens.


Pour Orcus, on a pensé à l’origine italique d’après le grec Ὃρκος, ce qui n’est qu’un jeu de mots, comme G. Wissowa (Religion und Kultus der Römer, 1912, 2e éd., p. 310) et G. Dumézil (Religion romaine archaïque, 1974 ou 1987, 2e éd. 374) le rappellent.

Il est plus profitable de se fonder sur le personnage tel qu’il apparaît dans nos sources depuis Plaute, plutôt que de se livrer à des combination étymologiques qui ne mènent pour ce terme nulle part.

Orcus est un dieu de la mythologie romaine, qui est comme Dis pater le maître des enfers, ou un terme désignant les enfers comme espace. D’un culte nous ne savons rien. La littérature antique n’en connaît pas, il est confiné dans les mythes (qui
ne sont pas "de la religion »).

Les inscriptions ne l’évoquent que très rarement. En Gaule et Germanie, où il y a des milliers d’inscriptions il n’existe pas, même chose dans les 36000 et plus d’inscriptions à Rome, ou dans celle de l’Afrique romaine. Il n'est attesté à Rome ou en Africa que dans des poèmes funéraires qui mobilisent la mythologie (et une mention de sacrifice, v. ci-dessous). Une des seules inscriptions qui le mentionne comme divinité cultuelle est une que l’on connaisse est une inscription funéraire de Naples (CIL X, 3003) sur laquelles une sœur honore son frère mort à annis plus minus XXXI, et l’appelle Orcus peregrinus, en signifiant que le jeune homme est mort à l’étranger. Une autre inscription de Ngaus en Numidie, mentionne un sacrifice à Orcus. L’éditeur écrit orcus avec minuscule en supposant qu’il s’agit de l’espace des enfers. Bref rien qui puisse nous en dire davantage.



Monsieur Scheid a joint à sa réponse le texte du Corpus inscrptionum latinarum, VIII, 4468 que je vous joint à mon tour :

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Message Publié : 06 Fév 2022 20:48 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 05 Sep 2010 13:22
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Localisation : Belsa
Concernant un toponyme se rapprochant beaucoup d'Orcival, l'historien rémois Flodoard au Xe siècle évoque, concernant l'épiscopat de Romulf au tournant des VIe et VIIe siècles, un échange entre l'évêque de Reims et le roi Childebert II portant notamment sur un domaine messin nommé Ortivallis (Flodoard, Histoire de l'église de Reims, ..villas in territorio Metensi constitutas, quarum caput est Ortivallis quas domnus Egidius a Vincentio quodam traditur coemisse..).

La base de données de Géoportail ne comporte que deux toponymes de la forme Orcival, dans le Puy-de-Dôme et en Ardèche. Aucune forme approchante en Lorraine. Il est impossible d'affirmer si l'Ortivallis de l'an 600 a donné Orcival ou si les Orcival attestés à l'époque féodale proviennent d'Ortivallis ou d'une autre forme. En tout cas, ici Orcus semble exclue, car une privilégiera le terme hortus.


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Message Publié : 07 Fév 2022 10:09 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 13 Avr 2006 23:08
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Localisation : Haute-Vienne
Oulligator a écrit :
Merci pour toutes les réponses...le culte d'un Dieu des enfers voire un démon malfaisant c''était plutôt dur a porter..je préfère nettement celle de l'eau, de la source :wink: :rool:


Petite digression rapide (je n'ai aucune idée de l'éthymologie du village d'Orcival bien que ce soit un coin que j'aime beaucoup).

Dans les religions polythéistes antiques, les "enfers" n'ont pas du tout la même connotation que dans le Christianisme. "Les enfers", c'est juste le séjour des morts, situé dans un "autre monde" qui abrite tout aussi bien les dieux et autres créatures "sur"naturelles (en opposition au monde naturel, "réel").

Le culte des sources et des rivières a probablement trait à des cultes chtoniens, donc en rapport avec le monde souterrain (traditionnellement associé au monde des morts, à cet "autre monde").

Mais il n'y a pas, dans ces religions, de notion tranchée du bien et du mal: les dieux, quels qu'ils soient, sont l'incarnation des "forces" naturelles et surnaturelles dont l'équilibre permet au monde, au cosmos, de subsister. Il y a d'avantage des notions d'ordre, avec des forces "ordonnatrices" (souvent représentées par les dieux) et de chaos, avec des forces du désordre (souvent représentés sous la forme de géants, de titans...etc). Mais il n'y a pas vraiment de notion de "démon malfaisant". C'est bien souvent une dimension morale qui a été intégrée à d'anciennes croyances lors de la Christianisation afin de les diaboliser justement.

Dans les campagnes (d'où le mot de "paganisme": religion du "pagus", des paysans), là où de nombreuses pratiques, rites et croyances ont toujours perduré de façon informelle et empirique, le Christianisme "canon" a bien eu du mal à s'implanter. C'est pourquoi on a souvent soit christianisé les anciens lieux de cultes, soit diabolisé les anciennes croyances (qui sont probablement à l'origine de tout un tas de légendes où le Diable est impliqué). Nombre de "bonnes fontaines" des campagnes limousines, fréquentées encore très récemment (voir encore fréquentées aujourd'hui) pour obtenir diverses guérisons, sont associés à des saints chrétiens mais sont encore un témoignage actuel de l'ancien culte rendu aux sources.

Par exemple, la "chasse volante" qui évoque le passage du Diable et de ses démons dans le ciel certaines nuits spéciales, et qui emportent les âmes des imprudents sur leur passage, mettait probablement en scène des divinités ou des héros à l'origine (on peut y voir un écho lointain dans le mythes des valkyries qui viennent chercher l'âme des morts au combat par exemple).

Mais on ne vénérait pas de terribles démons malfaisants, bien que certaines pratiques religieuses nous paraissent aujourd'hui amorale et que les dieux n'étaient pas nécessairement perçus comme des forces "bénéfiques" (mais pas maléfiques non plus... c'était des forces avec lesquelles on pouvait interagir, dont il fallait s'attirer les faveurs ou apaiser selon les circonstances).

Si Orcus est passé dans le folklore italien comme une sorte d'ogre, c'est le cas de beaucoup de divinités anciennes. Les lutins et autres korrigans des régions "celtiques" sont des itérations folkloriques d'anciennes divinités. La banshee, terrible spectre du folkore irlandais, signifie "la femme du Sidh", le Sidh étant le monde des morts et des dieux... il s'agissait probablement de divinités à l'origine. Pareil pour l'"Ankou" breton, qui vient probablement d'une itération du "dagda" irlandais ou du "Sucellos" gaulois, divinités liées à la fertilité (et donc garante de l'ordre cosmique et interagissant entre les mondes) et non sinistre faucheuse venant chercher les morts.


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