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Jean Froissart
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Je vous propose un compte-rendu d'un livre sur Scipion l'Africain fait par mon ami Didier Lafargue.




SCIPION L’AFRICAIN
Le vainqueur d’Hannibal qui sauva Rome
De Luc MARY.
(Nouveau monde éditions, 2022)


I. Les débuts de Scipion.


Scipion l’Africain, Publius Cornelius Scipion, est né en 236 av. JC, cinq ans après la fin de la première guerre punique. Il appartient à la prestigieuse famille des Cornelii qui a donné plus de quarante consuls à la République. Il est très jeune lorsque éclate la deuxième guerre punique.

Le conflit entre Rome et Carthage a pour cause profonde la volonté de toute puissance entre les deux cités. Carthage avait une revanche à prendre depuis sa défaite vingt ans plus tôt. Elle avait perdu la Sicile, puis plus tard, la Sardaigne et la Corse. Pour compenser ces pertes, elle s’était étendue en Espagne, pays trop loin pour inquiéter Rome. C’était la politique menée par la famille des Barcides, dirigée par Hamilcar Barca, puis par son fils Hannibal.
La guerre commence quand celui-ci s’empare de Sagonte dans la péninsule ibérique. Puis il franchit les Pyrénées, les Alpes et débouche en Italie. Ses soldats sont exténués. Mais il a obtenu l’alliance d’une partie des peuples gaulois. Avec eux, il remporte la bataille du Tessin, en 218 av. JC, contre une armée romaine commandée par Publius Scipion, le père du futur Africain. Celui-ci participe à la bataille et n’a que 17 ans. Il sauve la vie à son père. Cela lui vaut un commencement de popularité, d’autant plus qu’il a l’humilité de refuser la couronne civique qui lui a été proposée en récompense. Hannibal remporte une deuxième victoire à La Trébie, contre le trop impulsif et imprudent Sempronius. Puis, après sa victoire au lac Trasimène, il remporte une grande victoire à Cannes, en Apulie (dans les Pouilles, en Italie du sud), chef d’œuvre stratégique d’enveloppement par les ailes. Le jeune Scipion, alors âgé de 20 ans, y était présent. Il a réussi à échapper au massacre avec 20000 hommes à sa suite. Certains d’entre eux voulant déserter, Scipion s’y oppose avec énergie leur faisant valoir que ce n’est pas le moment d’abandonner leur patrie. Un surcroît de popularité s’ensuit pour lui.

Jusqu’en – 210, Scipion va vivre dans l’ombre de son père et de son oncle, Publius et Cnaeus Scipion. Prenant acte de la supériorité des Carthaginois en Italie, ceux-ci décident de lutter contre eux en Espagne qu’ils ont l’ambition de soumettre, triomphe de la stratégie indirecte. Cela sera plus facile de vaincre Hannibal si l’on gagne en Espagne car ce n’est pas là que sont les meilleures troupes de Carthage. Ils se rendent au-delà des Pyrénées et ne reviendront jamais en Italie. Effectivement, après cinq ans de guerre, ils finissent par se faire tuer l’un et l’autre par les Numides lors de terribles guerres d’embuscade, en – 211, à quelques semaines d’intervalle, Cnaeus à Ilorci, Publius, à la bataille du Bétis.


II. Scipion en Espagne.

Le jeune Scipion décide d’aller prendre leur suite en Espagne. Il estime que si l’on arrive à vaincre les Carthaginois là-bas, Hannibal sera obligé de faire retraite et de quitter l’Italie. C’est toujours la stratégie indirecte héritée de son père et de son oncle, même si cela nécessite de rallonger la guerre de plusieurs années. Il obtient du Sénat le commandement en chef des armées romaines en Espagne. En fait, il l’a obtenu du peuple, plus précisément par un vote des comices curiates. Il ne détient son commandement ni en tant que consul, ni comme prêteur. Il est seulement proconsul. Scipion est très populaire à Rome. Le Sénat s’en méfie, mais il ne peut aller trop contre la volonté populaire. Scipion est très jeune, il a 24 ans.
Il part en Espagne. Là, il va remporter trois grandes victoires :

:arrow: Carthagène.
:arrow: Baecula.
:arrow: Ilipa.

En – 210, Scipion s’empare de Carthagène dans le sud de la péninsule. Il la prend d’assaut car l’on ne peut faire le siège de ce port. Puis, il opte pour une politique de pardon et d’indulgence. Ainsi toutes les villes alentour quittent le camp carthaginois et se rallient à Rome. Scipion rend même sa femme à un chef celtibère.

En – 208, il attaque le camp d’Hasdrubal, le frère d’Hannibal, à Baecula, près de Tarragone. Bien que celui-ci soit une véritable forteresse il en sort vainqueur. Avec les restes de ses forces, Hasdrubal reflue vers les Pyrénées, franchit les Alpes pour aller secourir son frère en Italie et se fait battre et tuer par les Romains sur le Métaure.

Très populaire dans la péninsule ibérique, les habitants de celle-ci veulent faire du général leur roi. Sagement, Scipion refuse. Il accepte seulement de se faire saluer du titre d’Imperator par ses troupes.

En – 206, Scipion remporte, sur le Carthaginois Magon, une nouvelle victoire à Ilipa, sur la rive droite du Guadalquivir, un « Cannes à l’envers ».

Cependant, de débonnaire, Scipion va devenir exterminateur en se montrant impitoyable envers les villes de Iliturgi et Castulon, deux villes qui avaient refusé de donner asile à son père et à son oncle après leur défaite. Pour avoir manqué au sens de l’honneur, tous les habitants, après un siège épique, sont massacrés, femmes et enfants compris. Du coup, les guerriers d’Astapa choisissent de se jeter dans un bûcher après avoir égorgé leurs femme et enfants, suicide collectif comme plus tard celui de Massada en Orient. Pour Scipion, ces exemples feront réfléchir les dernières cités récalcitrantes.
Las de cette guerre interminable, 8000 légionnaires de Scipion entrent en rébellion, comme autrefois les mercenaires de Carthage après la première guerre punique, avec moins d’ampleur cependant. C’est la révolte de Sucron qui se produit alors que l’on croit Scipion mort, une rumeur. Sous la conduite de Albius Calenus et Atrius Umber, ils se dirigent vers Carthagène. Bien vivant, Scipion apparaît et leur ordonne de rentrer dans le rang. Après cela, il leur pardonne et fait seulement exécuter les meneurs.

Puis en Juillet – 206, Scipion trouve un nouvel allié, à Gadès (l’actuelle Cadix), en la personne du Numide Massinissa. La victoire d’Ilipa a persuadé ce dernier de laisser tomber Carthage. Il lui offre l’aide de ses guerriers Massyles contre les Masaesyles de Syphax, son ennemi à qui il dispute la Numidie. Scipion et Massinissa sont séduits l’un par l’autre.

Le moment est alors arrivé de franchir une nouvelle étape. Après l’Espagne, l’Afrique.


III. Scipion en Afrique.

Mais auparavant, il doit aller à Rome pour défendre son nouveau projet et doit compter avec l’opposition du Sénat, notamment de l’ancien dictateur Fabius Maximus « le temporisateur », jaloux de sa gloire. De plus, il est moqué par ses ennemis au Sénat qui critique son « hellénisme », son amour de la culture grecque, par exemple quand il va jusqu’à porter en public des sandales grecques. Maximus estime que l’on ne peut ouvrir un nouveau front tant que l’on n’a pas chassé Hannibal d’Italie, c’est trop dangereux. Mais Scipion lui répond que l’ennemi principal n’est pas Hannibal, mais Carthage même qu’il faut attaquer directement sur son propre sol. Si on se contente de vaincre Hannibal en Italie, Carthage enverra une autre armée avec un nouveau général et il faudra tout recommencer. Scipion est déterminé. Comme il a la faveur du peuple, le Sénat finit par lui céder.

Scipion se rend d’abord en Sicile avec son armée. Mais là, il connaît des ennuis avec le scandale de Locres. Des officiers romains ont en effet vandalisé un temple dans cette ville, un sacrilège. Une délégation sicilienne vient protester à Rome et les ennemis du général accusent celui-ci d’impiété. Celui-ci conserve son commandement in extremis mais il s’en est fallu de peu.

Il débarque finalement en Afrique, en – 205. Tout de suite, il rallie autour de ses troupes les Numides Massyles de Massinissa. Ces derniers luttent contre les troupes de Syphax. Ce dernier essaie de rester neutre et agit en faveur de la paix, tente un compromis. Il demande que tant les Carthaginois que les Romains retirent leurs troupes du pays où ils sont. Mais Scipion, qui se juge en position de force, refuse. Après avoir conquis l’Espagne, il veut absolument en découdre avec Carthage. Syphax est donc obligé de rejoindre le camp de celle-ci.

A première vue, la situation des deux belligérants est comparable. Chacun a une armée dans le territoire de l’autre, Carthage, en Italie, Rome, en Afrique. En fait, la situation n’est pas la même. En Italie, Hannibal est dans l’impasse dans le sud de la péninsule, le Bruttium, acculé à la défensive, voit ses positions grignotées peu à peu par les Romains qui ont repris Tarente et Capoue. Scipion est au contraire en position de force, voit l’objectif, Carthage, à portée de main, est sûr de remporter victoires sur victoires.

Scipion l’Africain remporte une première victoire sur Carthage à Salaeca en – 204, une embuscade en fait. Il attire en effet les cavaliers puniques commandées par Hannon dans une embuscade où ils sont exterminés, Hannon compris. Cela fait, le général romain décide de s’emparer de la cité d’Utique.

Mais là, il connaît d’abord un échec car, comme à La Trébie Sempronius, il s’est montré présomptueux. Il commence à assiéger la ville. Les Carthaginois se ressaisissent, mobilisent 100000 hommes, puniques et Numides de Syphax, et l’attaquent dans son dos de telle sorte que Scipion d’assiégeant se retrouve assiégé. Le général romain construit alors un camp à proximité sur un python rocheux, où il se retranche. De là, Massinissa, son allié, et Laelius l’un de ses lieutenants attaquent le camp de leurs ennemis à l’improviste. C’est le massacre ; Syphax s’enfuit de justesse.

Furieux, les Carthaginois font un ultime effort et jouent leur va-tout. Une bataille décisive a lieu à l’ouest d’Utique, dans l’actuelle vallée de la Medjerda, la bataille des grandes plaines, en – 203. Scipion est vainqueur. Syphax et le Carthaginois Giscon parviennent de nouveau à s’enfuir, mais Syphax est vaincu et tué peu après et ses derniers partisans se rendent à Cirta. Massinissa devient roi de toute la Numidie et Scipion lui pose lui-même la couronne sur la tête.

A Carthage, c’est le désarroi. Faut-il continuer la guerre ou demander la paix ? Cette seconde option est défendue par le parti de la paix dirigé par Hannon, ennemi d’Hannibal, car il faut à tout prix éviter le siège de la ville.

Finalement, un compromis est trouvé. Carthage va envoyer des plénipotentiaires à Scipion pour demander la paix, mais c’est seulement pour gagner du temps, se refaire une santé. Scipion accueille bien ces envoyés. Il choisit la modération, plus sage, à la répression. Il demande l’évacuation de l’Italie, l’abandon de l’empire, la livraison de la flotte et le paiement d’un tribut annuel. Il pourrait être plus exigeant, exiger que Carthage rase ses murailles. Les ambassadeurs feignent d’accepter le temps que Carthage rappelle Hannibal et une trêve est conclue en – 203.

Celui-ci débarque à Leptis minor, en Tunisie. Il est furieux. Il snobe sa ville car ses divisions estime-t-il sont responsables de son échec en Italie. Aussi reste-t-il avec son armée dans son camp d’Hadrumète.

La trêve avec les Romains est finalement rompue à la suite du naufrage de bateaux romains pillés par les Carthaginois. Hannibal est conscient de sa faiblesse et souhaite éviter la bataille. Aussi demande-t-il une entrevue à Scipion, rencontre historique. Il tend la main à son ennemi, dont il est l’aîné de dix ans, mais ce dernier, bien qu’il admire le Carthaginois, la refuse ; il se sait en position de force et veut à tout prix la bataille.

Celle-ci aura lieu à Zama (à 460 km au sud-ouest de Carthage) en – 202. Pour Carthage, il s’agit d’obtenir son salut, pour Rome, de dominer le monde.
Hannibal dispose de 50000 hommes. La bataille va comporter deux temps. D’abord, le Carthaginois lance ses éléphants contre les Romains. Mais Scipion a disposé ses légions, non en quinconces comme c’est l’usage, mais en laissant des espaces entre elles. Ceux-ci sont comblés par les Vélites, troupes légères. Les éléphants arrivent. Les vélites se retirent et les pachydermes passent seulement entre les formations des légionnaires. Puis de loin, les vélites lancent leurs javelots sur les éléphants qui paniquent et, mal dressés, se retournent contre leur cornac. Dans un deuxième temps, les mercenaires de Carthage se sont ralliés aux Romains. Les dernières phalanges d’Hannibal, seules pour combattre les Romains, sont pris en étau et écrasées, un Cannes à l’envers. Hannibal s’enfuit. Zama a consacré le génie militaire de Scipion.

Hannibal, un temps, préfère ne pas rentrer à Carthage, car il connaît le sort réservé aux généraux vaincus, la croix. Il finit par s’y rendre finalement (alors qu’il l’a quittée 36 ans auparavant !) et oblige le Sénat de sa ville à demander la paix. Scipion la lui accorde aux conditions évoquées plus haut. La cité punique est réduite au rang d’Etat-client de Rome. Le Romain a intercédé pour elle auprès du sénat de l’Urbs, sans quoi Carthage aurait été prise et rasée en – 202. Il opte toujours pour la modération plutôt que sur l’intransigeance, source de conflits. C’est aussi un calcul politique car si la guerre s’était prolongée il aurait pu voir venir des rivaux.


IV. Scipion après la 2ème guerre punique.

A Rome, il est idolâtré par le peuple mais refuse les honneurs excessifs car il sait que « la roche tarpéienne est près du Capitole ». En – 199, il est élu Censeur, magistrature spéciale et très grand honneur.

A Carthage, Hannibal finit par devenir suffète de la mer. Mais il est aux prises avec ses ennemis intérieurs. Il veille à ce que l’indemnité à Rome soit scrupuleusement payée. Mais il exige qu’elle incombe à tout le monde, spécifiquement aux riches, ce qui lui attire la haine de ces derniers. Qui plus est, Rome finit par demander son extradition. Finalement, Hannibal n’a qu’un seul allié, son ancien ennemi, Scipion lui-même qui s’oppose à des mesures aussi excessives. Hannibal finit par s’enfuir de Carthage, déguisé, avec la bénédiction de Scipion. Il finit par se réfugier en Syrie à la cour du roi Antiochos III le grand qu’il rejoint à Ephèse.

Le roi Séleucide envisage alors un conflit avec Rome. Avant cela, il propose un partage d’influence à la République, l’Occident à elle, l’Asie à lui. Pour en discuter, Rome envoie une ambassade de trois membres dont fait partie Scipion l’Africain, en – 193. A cette occasion, ce dernier rencontre, à Ephèse, une deuxième fois Hannibal, son ancien adversaire, neuf ans après Zama. Ils sympathisent, se sentent complice.

Cela n’empêche pas Hannibal de conseiller à Antiochos la guerre contre Rome et de lui demander une flotte dont il se servira pour revenir en Italie du Sud menacer de nouveau la République. Mais Antiochos III n’est pas un foudre de guerre. Plutôt que de marcher sur Rome, il préfère se contenter d’envahir la Grèce. La guerre éclate entre lui et Rome.

Le peuple romain voudrait que Scipion commande le corps expéditionnaire, mais légalement, c’est impossible. Elu consul deux ans auparavant, il ne peut briguer un autre mandat avant dix ans.

A Rome sont élus consuls le frère de l’Africain, Lucius Scipion, et son ancien lieutenant, Laelius. L’un et l’autre sont rivaux et veulent chacun aller faire la guerre en Grèce. Scipion doit choisir entre son frère et son ami, un dilemme ! Politique habile, il fait l’éloge de Laelius au Sénat tout en demandant que celui-ci confie la conduite de la guerre à son frère Lucius.

Ce sera donc à son frère, Lucius Scipion, que sera donné le commandement de l’armée. Avec élégance, Scipion accepte sans problème d’aller avec lui et d’avoir un commandement subalterne.

Les légions des Scipion entrent en Grèce et battent l’armée Séleucide aux Thermophyles. Les Etoliens demandent une trêve aux Romains. Scipion l’Africain obtempère et parvient à persuader son frère de l’accepter car, estime-t-il, les Romains combattent les Séleucides, non les Grecs.
Les Romains franchissent alors l’Hellespont (le détroit des Dardanelles) et se trouvent en Asie. Antiochos III fait alors des propositions alléchantes à Scipion l’Africain, par l’intermédiaire de son ambassadeur Héracléidès, le trouvant plus débonnaire que son frère. Il accepte de payer une partie des frais de guerre et d’évacuer l’Europe. De plus, il détient aussi prisonnier son fils, le jeune Publius Cornelius âgé de 25 ans, et accepte de le libérer sans rançon. Mais Scipion l’Africain, qui ne laisse pas le père prendre le pas sur le général, refuse tout net. Il exige que les Séleucides paient tout et évacuent non seulement l’Europe mais aussi l’Asie mineure. En fait, ce que demande Scipion est inacceptable et il le sait. Il veut seulement pousser le roi de Syrie à la guerre. Celle-ci continue et les Romains remportent une victoire décisive à Magnésie du Sypile, en – 189. Officiellement, le grand vainqueur est Lucius Scipion à qui le Sénat confère le titre de « Scipion l’Asiatique » et qui se croit maintenant l’égale de son frère. En fait, tout le monde pense que le grand stratège est Scipion l’Africain. Ce dernier, avec grandeur d’âme, accepte la gloire de son frère et se contente du titre de « prince du Sénat ». La paix d’Apamée oblige Antiochos à se retirer derrière le mont Taurus et à payer une énorme indemnité. Scipion l’Africain ne voulait pas annexer son royaume, seulement un nouvel équilibre en Orient pour assurer la sécurité de Rome. Les Romains demandent aussi que leur soit livré Hannibal. Celui-ci s’enfuit et va se réfugier chez le roi Prusias de Bithynie. Là, il finit par se suicider. L’apprenant, Scipion l’Africain aurait pleuré, car leurs destins avaient été liées.

La roche tarpéienne est près du Capitole. A Rome, Scipion l’Africain et son frère sont mis en accusation par leurs ennemis au Sénat. Ils sont accusés de préférer leur grandeur à celle de Rome, plus précisément de détournement de fonds, ceux représentés par l’indemnité payé par Antiochos. Scipion revient à Rome, un héros acclamé par la foule. Mais plus il a la faveur du peuple, plus il est détesté au Sénat. Son frère Lucius est même jeté en prison. On ressort même sa vieille attirance pour l’hellénisme qu’il éprouvait durant la guerre contre Hannibal. Son grand ennemi est Caton l’ancien, défenseur de la tradition et des mœurs austères, qui n’arrête pas de le pourfendre à la haute assemblée.

Ce dernier va même jusqu’à attaquer sa famille, notamment l’épouse de Scipion Tertia Aemilia, fille du grand Paul Emile, tué à Cannes, elle et son mari parents de Cornelia, elle-même mère des Gracques. Loin d’être frivole comme le dit Caton, elle est au contraire cultivée, distinguée et vertueuse. Elle a même accepté que son mari la trompe avec une de leurs esclaves pour ne pas ternir l’image de la famille. Elle a soutenu toutes ses décisions stratégiques, notamment lorsqu’il a choisi d’aller en Afrique. Scipion ne tarit pas d’éloges à son égard.

Finalement, après trois mois de procès, Scipion décide de s’exiler et de se retirer dans sa demeure de Linterne en Campanie, officiellement pour des raisons de santé. Il y mourra en – 183, quelques mois après son ennemi Hannibal. Finalement, les deux hommes ont connu un destin similaire, l’exil.
L’idéal politique de Scipion l’Africain a été l’équilibre entre les puissances plutôt que l’anéantissement. Modéré, il ne cherchait pas à conquérir et à asservir, plutôt à limiter les menaces des autres nations. Pour cela, il jouait sur les contre-pouvoirs, par exemple en favorisant la Numidie de Massinissa. En définitif, il a permis ainsi à Rome de perdurer et d’assurer sa magnificence.

Cette politique ne sera pas celle de son petit-fils Scipion Emilien. Celui-ci avait deux ans quand est mort l’Africain et de fait, il ne l’a pas connu. Il fut adopté par son illustre grand-père. Contrairement à ce dernier, il optera pour une politique jusqu’auboutiste sans concession qui le mènera à prendre et à raser Carthage en – 146, puis Numance, ville des Celtibères en Espagne en – 133. Il sera ainsi appelé « le second Africain » ou « Scipion le Numantain ». À l’égard de Carthage, il parviendra à la prendre d’assaut. Ce sera différent pour Numance qu’il fera entourer de circonvallations, une révolution alors car les Romains, qui avaient appris cela des Numides, le faisaient pour la première fois, opération reprise plus tard par César à Alesia.

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L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 09 Oct 2023 17:36 
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Merci Oulligator pour ce résumé très intéressant.

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Message Publié : 14 Jan 2024 22:13 
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Jean Froissart
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Je mets ici le même texte que ci-dessus mais agrémenté de commentaires issus du livre paru en 2023 également sur Scipion l'Africain de Laurent GOHARY aux Belles Lettres. Ce n'est donc pas un nouveau compte-rendu mais un complément à certains paragraphes ou chapitres. Ce trvail a été réalisé par mon ami Didier Lafargue, historien de formation que j'ai déjà mentionné.


SCIPION L’AFRICAIN

Le vainqueur d’Hannibal qui sauva Rome
De Luc MARY.

(Nouveau monde éditions, 2022)
Complété par
Laurent GOHARY
(Les belles lettres, 2023)


I. Les débuts de Scipion.
Scipion l’Africain, Publius Cornelius Scipion, est né en 236 av. JC, cinq ans après la fin de la première guerre punique. Il appartient à la prestigieuse famille des Cornelii qui a donné plus de quarante consuls à la République. Il est très jeune lorsque éclate la deuxième guerre punique.

Le conflit entre Rome et Carthage a pour cause profonde la volonté de toute puissance entre les deux cités. Carthage avait une revanche à prendre depuis sa défaite vingt ans plus tôt. Elle avait perdu la Sicile, puis plus tard, la Sardaigne et la Corse. Pour compenser ces pertes, elle s’était étendue en Espagne, pays trop loin pour inquiéter Rome. C’était la politique menée par la famille des Barcides, dirigée par Hamilcar Barca, puis par son fils Hannibal.
La guerre commence quand celui-ci s’empare de Sagonte dans la péninsule ibérique. Puis il franchit les Pyrénées, les Alpes et débouche en Italie. Ses soldats sont exténués. Mais il a obtenu l’alliance d’une partie des peuples gaulois. Avec eux, il remporte la bataille du Tessin, en 218 av. JC, contre une armée romaine commandée par Publius Scipion, le père du futur Africain. Celui-ci participe à la bataille et n’a que 17 ans. Il sauve la vie à son père. Cela lui vaut un commencement de popularité, d’autant plus qu’il a l’humilité de refuser la couronne civique qui lui a été proposée en récompense. Hannibal remporte une deuxième victoire à La Trébie, contre le trop impulsif et imprudent Sempronius. Puis, après sa victoire au lac Trasimène, il remporte une grande victoire à Cannes, en Apulie (dans les Pouilles, en Italie du sud), chef d’œuvre stratégique d’enveloppement par les ailes.

Cette stratégie avait été enseignée à Hannibal par son père Hamilcar Barca, lequel avait vaincu les mercenaires révoltés contre Carthage de cette manière à la bataille du Bagradas (ou du Macare), en rabattant ses ailes sur ses ennemis. Lui-même l’avait appris du Lacédémonien Xanthippe, vainqueur des légions de Régulus à Tunis. Bien avant, la célébrissime bataille de Marathon, en – 490, avait été une victoire par les ailes.

Le jeune Scipion, alors âgé de 20 ans, était présent à Cannes. Il a réussi à échapper au massacre avec 20000 hommes à sa suite. Certains d’entre eux voulant déserter, Scipion s’y oppose avec énergie leur faisant valoir que ce n’est pas le moment d’abandonner leur patrie. Un surcroît de popularité s’ensuit pour lui.

Malgré tout, ses ambitions vont être ralenties car il fait partie des vaincus. Il devra attendre quelques années pour obtenir une charge. Mais les Cornelii demeurent puissants et il pourra toujours s’appuyer sur la clientèle de sa famille pour arriver. Observant les raisons des défaites de sa patrie, il a beaucoup appris de la manière d’agir d’Hannibal, notamment sa façon d’utiliser les particularités de la nature (la neige à La Trébie, un escarpement rocheux au lac Trasimène) pour gagner, aussi sa tendance à être bien renseigné sur la situation à Rome par ses espions dans la Ville. Le chef punique a en effet su profiter des divisions de ses ennemis entre patriciens et plébéiens, l’impatience de ces derniers à livrer bataille pour avoir la faveur du peuple.

Jusqu’en – 210, Scipion va vivre dans l’ombre de son père et de son oncle, Publius et Cnaeus Scipion. Prenant acte de la supériorité des Carthaginois en Italie, ceux-ci décident de lutter contre eux en Espagne qu’ils ont l’ambition de soumettre, triomphe de la stratégie indirecte. Cela sera plus facile de vaincre Hannibal si l’on gagne en Espagne car ce n’est pas là que sont les meilleures troupes de Carthage. Ils se rendent au-delà des Pyrénées et ne reviendront jamais en Italie. Effectivement, après cinq ans de guerre, ils finissent par se faire tuer l’un et l’autre par les Numides lors de terribles guerres d’embuscade, en – 211, à quelques semaines d’intervalle, Cnaeus à Ilorci, Publius, à la bataille du Bétis.


II. Scipion en Espagne.

Le jeune Scipion décide d’aller prendre leur suite en Espagne. Il estime que si l’on arrive à vaincre les Carthaginois là-bas, Hannibal sera obligé de faire retraite et de quitter l’Italie. C’est toujours la stratégie indirecte héritée de son père et de son oncle, même si cela nécessite de rallonger la guerre de plusieurs années. Il obtient du Sénat le commandement en chef des armées romaines en Espagne. En fait, il l’a obtenu du peuple, plus précisément par un vote des comices curiates. Il ne détient son commandement ni en tant que consul, ni comme prêteur. Il est seulement proconsul. Scipion est très populaire à Rome. Le Sénat s’en méfie, mais il ne peut aller trop contre la volonté populaire. Scipion est très jeune, il a 24 ans.

Il part en Espagne. Là, il va remporter trois grandes victoires :

:arrow: Carthagène.
:arrow: Baecula.
:arrow: Ilipa.

Pour y arriver, il va beaucoup entraîner ses hommes. Depuis longtemps, les armées antiques étaient passées des guerriers, combattant individuellement (L’Iliade d’Homère), aux soldats, ultradisciplinés. A l’encontre de cette évolution, Scipion va redonner sa place au guerrier. Il a vu qu’à Cannes, les légionnaires romains, certes bien équipés, étaient statiques et inexpérimentés face à des adversaires rompus au combat individuel et à la mobilité. Le Romain va par conséquent obliger ses hommes à mieux se battre au corps à corps et à se déplacer. Lui-même, très sportif, donnera l’exemple.

En – 210, Scipion s’empare de Carthagène dans le sud de la péninsule. Il la prend d’assaut car l’on ne peut faire le siège de ce port. Puis, il opte pour une politique de pardon et d’indulgence. Ainsi toutes les villes alentour quittent le camp carthaginois et se rallient à Rome. Scipion rend même sa femme à un chef celtibère. Contrairement à ce qu’ont fait les Barcides en Andalousie, il se refuse à exiger des otages, imitant par là Hannibal qui a fait systématiquement libérer ses prisonniers italiens après ses victoires.

En prenant Carthagène, il a remporté une grande victoire stratégique car c’est là que Carthage est susceptible de faire débarquer des renforts en partance pour l’Italie. En connaissant ce succès, Scipion montre qu’il a assimilé la science géographique grecque très avancée depuis Eratosthène. Il a su user notamment du phénomène des marées en profitant de la marée basse pour attaquer Carthagène. Mais à ses frustres légionnaires, il dit qu’il a eu en l’occasion la faveur de Neptune, montrant qu’il sait bien instrumentaliser la religion.

En – 208, il attaque le camp d’Hasdrubal, le frère d’Hannibal, à Baecula, près de Tarragone. Bien que celui-ci soit une véritable forteresse il en sort vainqueur. Avec les restes de ses forces, Hasdrubal reflue vers les Pyrénées, franchit les Alpes pour aller secourir son frère en Italie et se fait battre et tuer par les Romains sur le Métaure.

Très populaire dans la péninsule ibérique, les habitants de celle-ci veulent faire du général leur roi. Sagement, Scipion refuse. Il accepte seulement de se faire saluer du titre d’Imperator par ses troupes.

En – 206, Scipion remporte, sur le Carthaginois Magon, le frère d’Hannibal, une nouvelle victoire à Ilipa, sur la rive droite du Guadalquivir, un « Cannes à l’envers ».

En cinq ans, Scipion a remporté trois grandes victoires sur Carthage. Il a bien assimilé la stratégie d’Hannibal qu’il a su faire sienne, celle consistant à bien utiliser les conditions géographique et météorologique, aussi à bien entraîner ses hommes avant la bataille.

Cependant, de débonnaire, Scipion va devenir exterminateur en se montrant impitoyable envers les villes de Iliturgi et Castulon, deux villes qui avaient refusé de donner asile à son père et à son oncle après leur défaite. Pour avoir manqué au sens de l’honneur, tous les habitants, après un siège épique, sont massacrés, femmes et enfants compris. Du coup, les guerriers d’Astapa choisissent de se jeter dans un bûcher après avoir égorgé leurs femme et enfants, suicide collectif comme plus tard celui de Massada en Orient. Pour Scipion, ces exemples feront réfléchir les dernières cités récalcitrantes. Rome ne plaisantait décidément pas avec les traitres. La cité de Capoue, en Italie, en avait déjà fait les frais.

Après avoir puni Iliturgi, Scipion organise, en l’honneur de son oncle et de son père, des cérémonies funéraires auxquelles il convie les peuples espagnols alliés de Rome. C’est un moyen pour Rome de resserrer son emprise sur ceux-ci et encore une fois Scipion a su instrumentaliser la religion.

Las de cette guerre interminable, 8000 légionnaires de Scipion entrent en rébellion, comme autrefois les mercenaires de Carthage après la première guerre punique, avec moins d’ampleur cependant. C’est la révolte de Sucron qui se produit alors que l’on croit Scipion mort, une rumeur. Sous la conduite de Albius Calenus et Atrius Umber, ils se dirigent vers Carthagène. Bien vivant, Scipion apparaît et leur ordonne de rentrer dans le rang. Après cela, il leur pardonne et fait seulement exécuter les meneurs. Dans cette affaire, Scipion n’a pas voulu être trop sévère. Il ne peut s’offrir ce luxe alors que le Carthaginois Magon tient encore Gadès (l’actuelle Cadix) et inonde toute l’Espagne avec l’or punique. Finalement, Scipion s’empare de Gadès et Magon doit s’enfuir avec ses navires tenter, en vain, de rejoindre son frère en Italie. Cela fait, le Romain installe les anciens révoltés dans la colonie d’Italica, première colonie romaine à avoir été fondée hors d’Italie. Des siècles plus tard, les empereurs Trajan et Hadrien seront originaires d’Italica en Espagne, peut-être des descendants des révoltés de Sucron.

En Juillet – 206, Scipion trouve un nouvel allié, à Gadès, en la personne du Numide Massinissa. La victoire d’Ilipa a persuadé ce dernier de laisser tomber Carthage. Ce dernier lui offre l’aide de ses guerriers Massyles contre les Masaesyles de Syphax, son ennemi à qui il dispute la Numidie. Scipion a balancé un moment entre Syphax, qu’il a d’abord rencontré, et Massinissa. Finalement, il opte pour le second. Scipion et Massinissa sont séduits l’un par l’autre.

Précisément, deux tentatives d’attaque directes de Carthage en Afrique avaient eu lieu par le passé, celle d’Agathocle de Syracuse, celle de Regulus pendant la première guerre punique. Elles avaient échoué car les envahisseurs n’avaient bénéficié de l’appui d’aucun peuple local. Scipion a bien analysé cela et pense que l’alliance du Numide Massinissa lui sera très utile.

Le moment est donc arrivé de franchir une nouvelle étape. Après l’Espagne, l’Afrique.


III. Scipion en Afrique.

Mais auparavant, il doit aller à Rome pour défendre son nouveau projet et doit compter avec l’opposition du Sénat, notamment de l’ancien dictateur Fabius Maximus, appelé par ses ennemis « le temporisateur » à cause de son excès de prudence, jaloux de sa gloire. De plus, il est moqué par ses ennemis au Sénat qui critique son « hellénisme », son amour de la culture grecque, par exemple quand il va jusqu’à porter en public des sandales grecques. Maximus estime que l’on ne peut ouvrir un nouveau front tant que l’on n’a pas chassé Hannibal d’Italie, c’est trop dangereux. Mais Scipion lui répond que l’ennemi principal n’est pas Hannibal, mais Carthage même qu’il faut attaquer directement sur son propre sol. Si on se contente de vaincre Hannibal en Italie, Carthage enverra une autre armée avec un nouveau général et il faudra tout recommencer.

Entre le vieux Maximus et le jeune Scipion, c’est un conflit de générations. Fabius Maximus pense qu’ouvrir un second front, hors d’Italie, peut être une catastrophe. Il rappelle la désastreuse expédition de Sicile engagée par Athènes pendant la guerre du Péloponnèse. A l’encontre de la stratégie frontale prônée par Maximus, Scipion opte pour une stratégie d’enveloppement. De plus, le temporisateur est modéré et pense peut-être à se rapprocher de l’aristocratie de Carthage. Les aristocraties des deux villes se sentent en effet solidaires et par le passé ont noué des relations politiques, économiques, matrimoniales. Certains sénateurs vont être lésés dans leurs intérêts si on les ignore. Mais Scipion veut aller jusqu’au bout, tant pis pour les intérêts des uns et des autres.

Scipion est déterminé. Comme il a la faveur du peuple, le Sénat finit par lui céder. En fait, la haute assemblée ne lui a pas vraiment donné des légions. Scipion a seulement le droit de recruter des volontaires en Italie, ceux-ci pour la première fois issus des basses couches populaires attirés par l’espoir du butin. De plus, il peut compter sur les « légions oubliées », les rescapés de Cannes que le Sénat a interdit de séjour en Italie pour leur faire honte et qui vivent de rapines en Sicile.

Scipion se rend en Sicile avec son armée. Mais là, il connaît des ennuis avec le scandale de Locres. Des officiers romains ont en effet vandalisé un temple dans cette ville, un sacrilège. Une délégation sicilienne vient protester à Rome et les ennemis du général accusent celui-ci d’impiété. Celui-ci conserve son commandement in extremis mais il s’en est fallu de peu.

Il débarque finalement en Afrique, en – 205. Tout de suite, il rallie autour de ses troupes les Numides Massyles de Massinissa. Ces derniers luttent contre les troupes de Syphax. Ce dernier essaie de rester neutre et agit en faveur de la paix, tente un compromis. Il demande que tant les Carthaginois que les Romains retirent leurs troupes du pays où ils sont. Mais Scipion, qui se juge en position de force, refuse. Après avoir conquis l’Espagne, il veut absolument en découdre avec Carthage. Syphax est donc obligé de rejoindre le camp de celle-ci.

A première vue, la situation des deux belligérants est comparable. Chacun a une armée dans le territoire de l’autre, Carthage, en Italie, Rome, en Afrique. En fait, la situation n’est pas la même. En Italie, Hannibal est dans l’impasse dans le sud de la péninsule, le Bruttium, acculé à la défensive, voit ses positions grignotées peu à peu par les Romains qui ont repris Tarente et Capoue. Scipion est au contraire en position de force, voit l’objectif, Carthage, à portée de main, est sûr de remporter victoires sur victoires.

En principe, les troupes dont dispose Carthage sont beaucoup plus nombreuses que celles des Romains. Mais ce n’est qu’un nombre. Entraînée par Scipion, l’armée romaine est de bien meilleure qualité.

Scipion l’Africain remporte une première victoire sur Carthage à Salaeca en – 204, une embuscade en fait. Il attire en effet les cavaliers puniques commandées par Hannon dans une embuscade où ils sont exterminés, Hannon compris. Cela fait, le général romain décide de s’emparer de la cité d’Utique.

Mais là, il connaît d’abord un échec car, comme à La Trébie Sempronius, il s’est montré présomptueux. Il commence à assiéger la ville. Les Carthaginois se ressaisissent, mobilisent 100000 hommes, puniques et Numides de Syphax, et l’attaquent dans son dos de telle sorte que Scipion d’assiégeant se retrouve assiégé. Le général romain construit alors un camp à proximité sur un python rocheux, où il se retranche. De là, Massinissa, son allié, et Laelius l’un de ses lieutenants attaquent le camp de leurs ennemis à l’improviste. C’est le massacre ; Syphax s’enfuit de justesse.

Contre Carthage, Scipion applique le goût pour la ruse et le sens du stratagème qu’il a appris de son ennemi Hannibal. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à attaquer de nuit le camp de Syphax et à y mettre le feu. Plutôt que la « tradition des ancêtres » si chère aux Romains, Scipion choisit l’innovation. Pour lui, la fin justifie les moyens.
Furieux, les Carthaginois font un ultime effort et jouent leur va-tout. Une bataille décisive a lieu à l’ouest d’Utique, dans l’actuelle vallée de la Medjerda, la bataille des grandes plaines, en – 203. Scipion est vainqueur. Syphax et le Carthaginois Giscon parviennent de nouveau à s’enfuir, mais Syphax est vaincu et capturé peu après et ses derniers partisans se rendent à Cirta. Massinissa devient roi de toute la Numidie et Scipion lui pose lui-même la couronne sur la tête.

A Carthage, c’est le désarroi. Faut-il continuer la guerre ou demander la paix ? Cette seconde option est défendue par le parti de la paix dirigé par Hannon, ennemi d’Hannibal, car il faut à tout prix éviter le siège de la ville.
Finalement, un compromis est trouvé. Carthage va envoyer des plénipotentiaires à Scipion pour demander la paix, mais c’est seulement pour gagner du temps, se refaire une santé. Scipion accueille bien ces envoyés. Il choisit la modération, plus sage, à la répression. Il demande l’évacuation de l’Italie, l’abandon de l’empire, la livraison de la flotte et le paiement d’un tribut annuel. Il pourrait être plus exigeant, exiger que Carthage rase ses murailles. Les ambassadeurs feignent d’accepter le temps que Carthage rappelle Hannibal et une trêve est conclue en – 203.
Celui-ci débarque à Leptis minor, en Tunisie. Il est furieux. Il snobe sa ville car ses divisions estime-t-il sont responsables de son échec en Italie. Aussi reste-t-il avec son armée dans son camp d’Hadrumète.

La trêve avec les Romains est finalement rompue à la suite du naufrage de bateaux romains pillés par les Carthaginois. Hannibal est conscient de sa faiblesse et souhaite éviter la bataille. Aussi demande-t-il une entrevue à Scipion, rencontre historique. Il tend la main à son ennemi, dont il est l’aîné de dix ans, mais ce dernier, bien qu’il admire le Carthaginois, la refuse ; il se sait en position de force et veut à tout prix la bataille.
Celle-ci aura lieu à Zama (à 460 km au sud-ouest de Carthage) en – 202. Pour Carthage, il s’agit d’obtenir son salut, pour Rome, de dominer le monde.
Hannibal dispose de 50000 hommes. La bataille va comporter deux temps. D’abord, le Carthaginois lance ses éléphants contre les Romains. Mais Scipion a disposé ses légions, non en quinconces comme c’est l’usage, mais en laissant des espaces entre elles. Ceux-ci sont comblés par les Vélites, troupes légères. Les éléphants arrivent. Les vélites se retirent et les pachydermes passent seulement entre les formations des légionnaires. Puis de loin, les vélites lancent leurs javelots sur les éléphants qui paniquent et, mal dressés, se retournent contre leur cornac. Dans un deuxième temps, les mercenaires de Carthage se sont ralliés aux Romains. Les dernières phalanges d’Hannibal, seules pour combattre les Romains, sont pris en étau et écrasées, un Cannes à l’envers. Hannibal s’enfuit. Zama a consacré le génie militaire de Scipion.

Hannibal, un temps, préfère ne pas rentrer à Carthage, car il connaît le sort réservé aux généraux vaincus, la croix. Il finit par s’y rendre finalement (alors qu’il l’a quittée 36 ans auparavant !) et oblige le Sénat de sa ville à demander la paix. Scipion la lui accorde aux conditions évoquées plus haut. La cité punique est réduite au rang d’Etat-client de Rome. Le Romain a intercédé pour elle auprès du sénat de l’Urbs, sans quoi Carthage aurait été prise et rasée en – 202. Il opte toujours pour la modération plutôt que sur l’intransigeance, source de conflits. C’est aussi un calcul politique car si la guerre s’était prolongée il aurait pu voir venir des rivaux.

IV. Scipion après la 2ème guerre punique.

A Rome, il est idolâtré par le peuple mais refuse les honneurs excessifs car il sait que « la roche tarpéienne est près du Capitole ». En – 199, il est élu Censeur, magistrature spéciale et très grand honneur.

A Carthage, Hannibal finit par devenir suffète de la mer. Mais il est aux prises avec ses ennemis intérieurs. Il veille à ce que l’indemnité à Rome soit scrupuleusement payée. Mais il exige qu’elle incombe à tout le monde, spécifiquement aux riches, ce qui lui attire la haine de ces derniers. Qui plus est, Rome finit par demander son extradition. Finalement, Hannibal n’a qu’un seul allié, son ancien ennemi, Scipion lui-même qui s’oppose à des mesures aussi excessives. Hannibal finit par s’enfuir de Carthage, déguisé, avec la bénédiction de Scipion. Il finit par se réfugier en Syrie à la cour du roi Antiochos III le grand qu’il rejoint à Ephèse.

Le roi Séleucide envisage alors un conflit avec Rome. Avant cela, il propose un partage d’influence à la République, l’Occident à elle, l’Asie à lui. Pour en discuter, Rome envoie une ambassade de trois membres dont fait partie Scipion l’Africain, en – 193. A cette occasion, ce dernier rencontre, à Ephèse, une deuxième fois Hannibal, son ancien adversaire, neuf ans après Zama. Ils sympathisent, se sentent complice.

Cela n’empêche pas Hannibal de conseiller à Antiochos la guerre contre Rome et de lui demander une flotte dont il se servira pour revenir en Italie du Sud menacer de nouveau la République. Mais Antiochos III n’est pas un foudre de guerre. Plutôt que de marcher sur Rome, il préfère se contenter d’envahir la Grèce. La guerre éclate entre lui et Rome.

Les Romains sont inquiets car ils ne sont jamais allés en Asie. Le souverain hellénistique qu’ils avaient combattu et vaincu auparavant était Philippe V de Macédoine, assez proche d’eux. Mais là il s’agit d’Antiochos III le grand, souverain d’un empire que l’on disait étendu jusqu’aux confins du monde connu, l’héritier de l’empire Perse achéménide. Scipion va cependant pousser à franchir le pas. Après l’Afrique, l’Asie.

Le peuple romain voudrait que Scipion commande le corps expéditionnaire, mais légalement, c’est impossible. Elu consul deux ans auparavant, il ne peut briguer un autre mandat avant dix ans.

A Rome sont élus consuls le frère de l’Africain, Lucius Scipion, et son ancien lieutenant, Laelius. L’un et l’autre sont rivaux et veulent chacun aller faire la guerre en Grèce. Scipion doit choisir entre son frère et son ami, un dilemme ! Politique habile, il fait l’éloge de Laelius au Sénat tout en demandant que celui-ci confie la conduite de la guerre à son frère Lucius.
Ce sera donc à son frère, Lucius Scipion, que sera donné le commandement de l’armée. Avec élégance, Scipion accepte sans problème d’aller avec lui et d’avoir un commandement subalterne.

Les légions des Scipion entrent en Grèce et battent l’armée Séleucide aux Thermophyles. Les Etoliens demandent une trêve aux Romains. Scipion l’Africain obtempère et parvient à persuader son frère de l’accepter car, estime-t-il, les Romains combattent les Séleucides, non les Grecs.
Les Romains franchissent alors l’Hellespont (le détroit des Dardanelles) et se trouvent en Asie. Antiochos III fait alors des propositions alléchantes à Scipion l’Africain, par l’intermédiaire de son ambassadeur Héracléidès, le trouvant plus débonnaire que son frère. Il accepte de payer une partie des frais de guerre et d’évacuer l’Europe. De plus, il détient aussi prisonnier son fils, le jeune Publius Cornelius âgé de 25 ans, et accepte de le libérer sans rançon. Mais Scipion l’Africain, qui ne laisse pas le père prendre le pas sur le général, refuse tout net. Il exige que les Séleucides paient tout et évacuent non seulement l’Europe mais aussi l’Asie mineure. En fait, ce que demande Scipion est inacceptable et il le sait. Il veut seulement pousser le roi de Syrie à la guerre. Celle-ci continue et les Romains remportent une victoire décisive à Magnésie du Sypile, en – 189. Officiellement, le grand vainqueur est Lucius Scipion à qui le Sénat confère le titre de « Scipion l’Asiatique » et qui se croit maintenant l’égale de son frère. Mais tout le monde pense que le grand stratège est Scipion l’Africain.

En fait, Lucius Scipion n’a pas eu un très grand mérite. Par ses bêtises, il a même failli provoquer la déroute des Romains plutôt que ce ne soit l’inverse. Si la bataille a été gagnée c’est grâce aux initiatives de ses officiers subalternes en divers lieux du théâtre d’opération, ce qui est bien souvent le cas dans les victoires. Scipion l’Africain était absent ce jour-là mais les vainqueurs ont appliqué son schéma d’enveloppement par les ailes qu’il avait lui-même appris d’Hannibal. De plus, beaucoup de ses vétérans, formés par lui, étaient présents.

Ce dernier, avec grandeur d’âme, accepte la gloire de son frère et se contente du titre de « prince du Sénat ». La paix d’Apamée oblige Antiochos à se retirer derrière le mont Taurus et à payer une énorme indemnité. Scipion l’Africain ne voulait pas annexer son royaume, seulement un nouvel équilibre en Orient pour assurer la sécurité de Rome. Les Romains demandent aussi que leur soit livré Hannibal. Celui-ci s’enfuit et va se réfugier chez le roi Prusias de Bithynie. Là, il finit par se suicider. L’apprenant, Scipion l’Africain aurait pleuré, car leurs destins avaient été liées.
Scipion, aidée par sa famille des Cornelii, est soupçonné par le Sénat d’aspirer au pouvoir personnel. En principe, il ne faut pas qu’un individu exerce trop de charges sous peine de compromettre la liberté de l’Etat. Scipion a inquiété les aristocrates lorsqu’il a fait élever sur le capitole sept statues des anciens rois de Rome. Est-ce que par hasard, il ne voudrait pas être roi lui-même ?

La roche tarpéienne est près du Capitole. A Rome, Scipion l’Africain et son frère sont mis en accusation par leurs ennemis au Sénat. Ils sont accusés de préférer leur grandeur à celle de Rome, plus précisément de détournement de fonds, ceux représentés par l’indemnité payé par Antiochos. Scipion revient à Rome, un héros acclamé par la foule. Mais plus il a la faveur du peuple, plus il est détesté au Sénat. Son frère Lucius est même jeté en prison. On ressort même sa vieille attirance pour l’hellénisme qu’il éprouvait durant la guerre contre Hannibal. Son grand ennemi est Caton l’ancien, défenseur de la tradition et des mœurs austères, qui n’arrête pas de le pourfendre à la haute assemblée.

Ce dernier va même jusqu’à attaquer sa famille, notamment l’épouse de Scipion Tertia Aemilia, fille du grand Paul Emile, tué à Cannes, elle et son mari parents de Cornelia, elle-même mère des Gracques. Loin d’être frivole comme le dit Caton, elle est au contraire cultivée, distinguée et vertueuse. Elle a même accepté que son mari la trompe avec une de leurs esclaves pour ne pas ternir l’image de la famille. Elle a soutenu toutes ses décisions stratégiques, notamment lorsqu’il a choisi d’aller en Afrique. Scipion ne tarit pas d’éloges à son égard.

Finalement, après trois mois de procès, Scipion décide de s’exiler et de se retirer dans sa demeure de Linterne en Campanie, officiellement pour des raisons de santé. Il y mourra en – 183, quelques mois après son ennemi Hannibal. Finalement, les deux hommes ont connu un destin similaire, l’exil.
L’idéal politique de Scipion l’Africain a été l’équilibre entre les puissances plutôt que l’anéantissement. Modéré, il ne cherchait pas à conquérir et à asservir, plutôt à limiter les menaces des autres nations. Pour cela, il jouait sur les contre-pouvoirs, par exemple en favorisant la Numidie de Massinissa. En définitif, il a permis ainsi à Rome de perdurer et d’assurer sa magnificence.

Scipion l’Africain avait une conception modérée de la politique étrangère, notamment quand il tentait de se faire des alliés d’anciens adversaires de Rome. A l’image des grand conquérant du passé, notamment Alexandre le grand, cela permettait d’assoir la domination de l’Urbs plus facilement, de dominer sans écraser, par une intégration progressive et acceptée des peuples. Opposée à la volonté de repli de Caton, Scipion voulait ouvrir Rome sur toute la Méditerranée. Finalement en permettant à ses compatriotes de poser les pieds pour la première fois en Afrique et en Asie, il a posé les bases du futur empire romain.

Cette politique ne sera pas celle de son petit-fils Scipion Emilien. Celui-ci avait deux ans quand est mort l’Africain et de fait, il ne l’a pas connu. Il fut adopté par son illustre grand-père. Contrairement à ce dernier, il optera pour une politique jusqu’auboutiste sans concession qui le mènera à prendre et à raser Carthage en – 146, puis Numance, ville des Celtibères en Espagne en – 133. Il sera ainsi appelé « le second Africain » ou « Scipion le Numantain ». À l’égard de Carthage, il parviendra à la prendre d’assaut. Ce sera différent pour Numance qu’il fera entourer de circonvallations, une révolution alors car les Romains, qui avaient appris cela des Numides, le faisaient pour la première fois, opération reprise plus tard par César à Alesia.

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 16 Jan 2024 20:46 
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Pierre de L'Estoile
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Très interessant. Pour les sources j'imagine que c'est Polybe ?

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Message Publié : 16 Jan 2024 20:55 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Je demanderai à l'auteur du compte-rendu. B)

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Message Publié : 16 Jan 2024 22:52 
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Ces ajouts au texte initial sont très éclairants sur le contexte de chaque évènement.

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Message Publié : 18 Jan 2024 10:02 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 07 Sep 2009 17:07
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt d'autant plus que c'est écrit de façon concise, simple et claire (merci !).

Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de le voir (ça passe rarement à la télé mais on le trouve en DVD pour pas très cher) j'en profite pour signaler le film "Scipion l'Africain" (titre original : Scipione l'Africano) qui est un film italien réalisé par Carmine Gallone, sorti en 1937 et primé du meilleur film italien avec la coupe Mussolini la même année à la Mostra de Venise dixit Wikipedia (copyright).

Film de propagande d'avant guerre commandé par Mussolini il a un double intérêt. D'abord son aspect historique, car, même s'il est évidemment partial et comporte sans doute des tas d'erreurs ce n'est pas du tout un simple peplum (il va bien au delà). Et l'autre intérêt c'est de donner un aperçu de la propagande fasciste de l'époque (il me semble avoir lu que les italiens pouvaient (et devaient... B)) le voir (gratuitement) !

Pour s'en faire une idée on peut le visionner (en version française) sur Dalilymotion (documentaire immineo) :

https://www.dailymotion.com/video/x3y01f1


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Message Publié : 18 Jan 2024 10:12 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
Message(s) : 1400
Merci Gér@rd pour cette information et pour le lien. Mon ami cinéphile sera surement très intéressé par ce film s'il consulte le message...

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Message Publié : 18 Jan 2024 18:52 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 28 Déc 2011 12:34
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Localisation : St Valery/Somme
Une interprétation plus récente mais cette fois de Scipion Emilien à partir d'un jeu vidéo :oops:
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