En farfouillant chez les auteurs classiques, je n’ai pas trouvé grand chose… Les rares légendes mentionnées sont soit d’origine étrangères soit fortement influencées par ces derniers, Grecs, Thraces ou Celtes. D’ailleurs, je n’ai trouvé que trois éléments de réponse à te proposer, et aucun n’est satisfaisant.
1/ Appien, dans le 2§ de son Illyrice, rapporte une tradition illyrienne sur l’origine de leur nom, et donne une généalogie légendaire étonnante visiblement tardive.
Selon les Illyriens donc, le Cyclope Polyphème et son épouse Galatée eurent trois fils, Celtos, Illyrios, et Galas, qui tous trois quittèrent la Sicile et donnèrent leurs noms aux peuples Celtes, Illyriens et Galates.
Illyrios eut six fils : Enchéléos, Autarieos, Dardanos, Maedos, Taulas, et Perrhaebos, et plusieurs filles dont Partho, Daortho, Dassaro. De ces enfants naquirent les peuples des Enchéléens, des Autariates, des Dardaniens, des Mèdes (de Thrace bien sûr), des Taulantiens, des Perrhèbes (peuple traditionnellement considéré comme Epirote), des Parthéniens, des Darses et des Dassarètes.
Autarieos eut un fils, Pannonios (= Pannoniens) ou Paeon (=Péoniens, peuple Thrace).
Ce dernier eux deux fils, Scordiscos et Triballos (= Scordisques celtes et Triballes thraces)
2/ La seconde légende se rapporte à Cadmos et son épouse Harmonie, fille d’Arès. J’y ai trouvé quelques détails dans Apollodore, Bibl. III.5.4 et Strabon VII.7.8, et de rapides mentions chez Apollonios de Rhodes, Argon. IV.516s. ; Pausanias IX.5.3 ; Ovide, Métamorphose, IV.563-603. Mais j’en ai sûrement manqué, le sujet a l’air assez commun.
Après avoir quitté (ou avoir été chassés de) Thèbes, les époux se réfugient chez les Enchéléens, en Illyrie. Ces derniers, pour faire face à une invasion de leurs voisins illyriens, confient le commandement à Cadmos et à Harmonie en vertu d’un oracle [Harmonie est associée au commandement, ce qui est assez étonnant !]. Ils remportent la victoire, et Cadmos devient roi des Illyriens. Les rois des Enchéléens se targuaient d’être les descendants du couple mythique. A la fin de son règne, le couple maudit par Arès est transformé en serpents.
Leur tombeau est visible selon Apollonios, tandis que Strabon affirme que leur histoire a laissé de nombreuses traces dans le pays.
3/ Sur le territoire d’Apollonie existait un Nymphée et un oracle relativement célèbre, dont les pratiques originales sont assurément antérieures à l’arrivée des Grecs. Il est mentionné par exemple par Pline (II.96 ; 110 ; III.26) ou Strabon (VII.5.8).
Une petite recherche sur Internet ne m’a pas apporté grand chose non plus, si ce n’est quelques trouvailles liées à des cultes de Déméter (Ve av.), d’Hermès (Ier ap.) ou d’Isis (IIe ap.).
Heureusement, quelques éléments de bibliographie ont émergé :
- en Albanais ( !!) : ZEQO M. Anciens cultes illyriens, Kultura Popullore ; 1988, no1, pp. 65-79. Pile ton sujet, mais bonne chance pour le dénicher, et plus encore pour le traduire !
- L'Illyrie méridionale et l'Epire dans l'Antiquité Volume 4, Actes du IVe colloque international de Grenoble (10-12 octobre 2002), De Boccard 2003. Toute la seconde partie est consacrée aux cultes, mais surtout les cultes d’Epire, pas grand chose sur les Illyriens proprement dits.
Peut-être trouveras-tu ton bonheur dans des bouquins plus généraux, qui doivent bien y consacrer quelques pages et apporter une bibliographie plus précise :
- P. Cabanès, Les Illyriens, SEDES 1995.
- John J. WILKES, The Illyrians, Oxford, 1992.
- Aleksandar Stipcevic, The Illyrians. History and Culture, New Jersey, Noyes Press, 1977.
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