Bonjour,
Rente a le sens général de revenu du capital. Il existait une petite catégorie de la population disposant d'une fortune suffisante pour vivre sans travailler. Les bourgeois rentiers qui sont mentionnés dans les romans du 19e siècle plaçaient volontiers leurs capitaux en emprunts d'Etat lesquels étaient souvent perpétuels, à savoir qu'ils n'étaient jamais remboursés mais qu'en contrepartie ils assuraient des versements d'intérêts à perpétuité. Le revenu de ces emprunts était de l'ordre de 3%. L'inflation étant nulle, c'était un revenu réel net. A la grande satisfaction de Maynard Keynes, ces rentiers ont été euthanasiés par l'inflation née au cours de la première guerre mondiale.
Comme ce titre ne l'indique pas, Antoine Piketty, dans
Le capital au XXIe siècle, étudie les répartitions des capitaux et des revenus depuis le 18e siècle. Il relève que les richesses tendaient à se concentrer, contrairement à ce qu'on observe au cours du 20e siècle, et que la modicité de la rémunération du travail ne permettait guère d'espérer atteindre l'aisance grâce à son seul salaire. A l'époque de Balzac et de Zola, on était loin du rêve américain. La richesse provenait principalement de l'héritage et de la dot de l'épouse, même si, toutefois, une ascension sociale était possible grâce au talent et au travail comme Balzac le montre à travers le personnage de l'avoué Derville.
Le train de vie d'un rentier pouvait être modeste. Conformément aux valeurs bourgeoises célébrées au 19e siècle, les rentiers étaient économes. Ils s'attachaient à ne pas dépenser plus qu'ils ne dépensaient.
Toutes les personnes ayant les moyens de vivre sans travailler n'étaient pas oisives, loin de là. Beaucoup étaient fonctionnaires ou exerçaient une profession libérale.
L'origine des fortunes, dans une société assez figée était nécessairement, sauf exception, ancienne. Elle était transmise, accrue dans la mesure du possible, de génération en génération. Un très bon exemple en est donnée par la famille Lavoisier, famille du célèbre chimiste :
Citer :
La famille Lavoisier a pour berceau la petite ville de Villers-Cotterêts, dans le Soissonnais. Le postillon Antoine Lavoisier, mort en 1620, y était chevaucheur des écuries du roi. Ses descendants s'élevèrent peu à peu dans la hiérarchie sociale, grâce à leur travail, à l'esprit d'économie, à une sage gestion du patrimoine, aux mariages calculés avec des jeunes filles riches et à la limitation des naissances. Leur mentalité de possédants bourgeois avait pour lointain objectif l'achat d'une charge entraînant l'accession à la noblesse non fieffée.
Jean-Antoine Lavoisier (1715-1775), descendant d'Antoine à la cinquième génération, fit ses études à la faculté de droit, à Paris, et succéda, en 1741, à un oncle procureur au parlement de Paris. En 1742, il épousa Émilie Punctis, fille d'un riche avocat.
Source :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ ... studieuse/Il légua à son fils une fortune suffisante à l'achat d'une charge de fermier général.