Mes quelques "trouvailles" sur le net à propos de cette campagne de presse :
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La campagne contre le président de la République commence à l'extrême droite, et non pas à gauche : les Rochefort et les Drumont attaquent les premiers. Ils s'en prennent au cacique des opportunistes, à l'héritier de Jules Ferry. Ils combattent l'homme fort que les républicains se sont donné, après l'assassinat de Carnot. Puis la gauche intervient, sous la plume d'Alexandre Millerand, le premier attaquant, qui intitule un de ses articles dans la Petite République "l'Ennemi".
Un journaliste très connu dans Paris, Gérault-Richard, écrit dans le Chambard, une des nombreuses petites feuilles qui sortent tous les jours dans Paris (plus de soixante journaux quotidiens !) une série d'articles intitulés "A bas Casimir !" Ils sont d'une violence insupportable qui touche droit au coeur l'hôte de l'Elysée. Les attaques ne cessent pas. Toute la presse de gauche entonne le refrain : le président de la République est l'ennemi du peuple. On ne dit pas encore qu'il doit partir. Mais on sous-entend qu'il doit se taire, et cesser de paraître.
On ne tient le Président au courant de rien. Il est isolé à l'Elysée. Il a eu la faiblesse de garder comme président du Conseil Charles Dupuy, qui a été candidat contre lui. Dupuy et ses ministres boycottent l'Elysée, rien ne filtre des délibérations du gouvernement. On s'arrange pour que Casimir soit tenu dans l'ignorance de tout.
Son isolement devient manifeste quand le 5 janvier 1895 l'ambassadeur d'Allemagne, le comte de Münster, lui demande audience. Il veut savoir "s'il était prouvé que l'ambassade d'Allemagne n'avait jamais été impliquée dans l'affaire Dreyfus. Sa Majesté l'empereur Guillaume II (peut espérer)... que le gouvernement de la République n'hésiterait pas à le déclarer". Casimir tombe des nues ! Hanotaux est dans le Midi. Il n'a pas soufflé mot au Président de ses conversations avec Münster. Le Président réclame les dossiers de la Guerre et des Affaires étrangères.
Ce n'est pas Dreyfus qui s'évade mais le président de la République Casimir-Perier. Il prend la décision de quitter sa cage dorée de l'Elysée où le gouvernement l'abandonne sans aucune information. Il en a assez dêtre tenu à distance, sans être défendu contre les violentes attaques de la presse de gauche et de la presse d'extrême-droite.
Il s'en ouvre à son ami Reinach, lui parle d'un complot monté contre lui par Dupuy et ses ministres. C'est la rancune du président du Conseil qui explique tout. Il aurait voulu entrer à l'Elysée et Casimir lui a barré la route. C'est l'explication avancée par Reinach : une affaire personnelle.
Dès le 12 octobre 1894, Casimir-Perier fait part à Joseph Reinach de son intention de quitter l'Elysée. Les attaques le touchent, c'est un sensible. La presse ne le ménage pas, à gauche comme à droite. Il est las d'être la tête de Turc du régime, sans pouvoir rendre les coups. Il vit reclus à l'Elysée, n'ose plus sortir, de peur de se faire insulter ou siffler dans la rue. Il craint pour ses enfants. Il se sent espionné, entouré de méfiance et d'hostilité. Il reçoit ses amis sur la pelouse, pour que personne ne puisse surprendre la conversation. Reinach tente en vain de l'apaiser. Il lui confie qu'il a donné l'ordre aux cochers et aux valets de pied de retirer leurs cocardes pour qu'on ne remarque pas sa voiture quand il se déplace dans la capitale.
Il expliquera plus tard qu'il trouve trop faibles les pouvoirs du président de la République, condamné à l'inaction. En 1848, il pouvait nommer et révoquer les ministres, il était pleinement maître de l'exécutif. Ce n'est pas le cas depuis 1875. Le décret révoquant un ministre doit être contresigné par le président du Conseil. Il n'est donc plus maître du pouvoir. Il est seulement un arbitre que l'on consulte occasionnellement, mais que le président du Conseil a pleinement les moyens de tenir en dehors du débat politique. Même les messages au Parlement doivent être contresignés. Il est totalement irresponsable. La France a un régime d'assemblée.
L'occasion est fournie le 14 janvier 1895, quand le cabinet Dupuy est mis en minorité à la Chambre des députés.
C'est Félix Faure qui reçoit le premier la confidence du chef de l'Etat : Casimir-Perier a fait appeler son ministre de la Marine. Il a ouvert ses consultations, comme il est normal en temps de crise. Il a dit à Félix Faure qu'il était décidé à quitter l'Elysée. Il rendrait bientôt sa résolution publique !
Le lendemain, 15 janvier, le président du Sénat est officiellement saisi de la demande du président de la République de se démettre de ses fonctions
Extrait de :http://lacitoyennete.org/magazine/retro/casimirperier.php
Et des caricatures parues dans la
Libre parole