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On peut ajouter au crédit de Bismarck qu'il était contre l'annexion de l'Alsace Lorraine
Ce n'était pas tout à fait exact. Il était favorable à l'annexion de l'Alsace et des provinces germanophones de la Lorraine, mais pas des régions francophones, comme Metz. Cette dernière étant une des "plus grandes casernes" de l'Europe, l'EM a insisté pour qu'elle fasse partie du butin de guerre et qu'on ôte une grande place forte, verrou stratégique, aux Français.
Sans butin de guerre, pas d'unité allemande ne l'oublions pas. Bismarck n'a jamais été hostile à celui-ci, il était juste moins gourmand qu'un Moltke.
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Bismarck menait après 1871 une politique extérieure basée sur un principe simple : dans un jeu à cinq, (Angleterre, France, Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie) il faut toujours être du côté de trois.
C'est plus simple que cela : tous les quatre contre un !
Le problème c'est qu'à vouloir satisfaire les trois autres (plus des puissances de second ordre comme l'Italie ou la Porte), aux intérêts parfois très éloignés, tout en faisant en sorte qu'aucune ne se rapproche de la France, on risque de se prendre les pieds dans le tapis. Ce qu'il commence à faire en 1887/1888.
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Ses successeurs seront moins prudents, qui perdront l'alliance avec la Russie
Bismarck l'avait déjà perdue dans le cœur des élites russes, principalement chez les militaires, qui avaient compris que son manège consistait à exciter les Russes contre les Autrichiens et les Autrichiens contre les Russes... Certains contemporains avançaient même que son désir était d'affaiblir l'A-H pour que l'empire s'effondre - l'
ausgleich n'a jamais convaincu les Chancelleries européennes, qui se demandaient dès la fin des années 1870 quand l'édifice vermoulu habsbourgeois allait se déliter - et que l'Allemagne récupère les populations germaniques, pour après se retourner contre les Russes.
Seul Alexandre III hésitait encore à s'allier avec un régime dont les ministres et les ambassadeurs changeaient en permanence - donc avec qui on ne pouvait rien construire de stable - et dont l'hymne était le cri de ralliement de tous les révolutionnaires du monde - dont les socialistes et les nihilistes russes.
C'est bien Guillaume II, qui en 1890 décide de ne pas reconduire le traité de "réassurance" avec la Russie. C'est un peu comme si les Russes étaient disposés à se lier aux Français, mais attendaient l'autorisation de Berlin... A cette date Guillaume II se sentait assez fort pour se passer des Russes pour assurer l'hégémonie allemande en Europe. A partir de 1893, se rendant compte de sa bévue, il fera tout pour réparer cette erreur, en vain.