Bonsoir,
Le taux de reproduction de la population (1,2) en 1891 est à 0,96 en 1911. Si le chiffre total de la population n'a pas comencé à baisser, la France le doit aux immigrés et à la diminution sensible de la mortalité grâce à la diffusion de l'asepsie, des vaccins, des serums. L'école diffuse les notions d'hygiène élémentaire, l'espérance de vie s'est accru : 49 ans.
Cependant le taux général de mortalité est > à celui des pays scandinaves et anglo-saxons, de la Belgique, des Pays-Bas, de la Suisse, particulièrement pour la petite enfance.
La hantise subsiste des maladies que l'on ne sait comment enrayer ou qui sont soignées trop tard : la syphilis, toujours chargée de honte par exemple. Mieux avouée la tuberculose se pare tout de même de voiles : maladies de langueur, anémies. Et puis l'alcoolisme : les travailleurs des villes et des mines, mal nourris, écrasés de labeur y cherchent un sursaut d'énergie.
La mortalité différentielle frappe particulièrement les grandes villes. Le cas de Paris a été étudié à partir des chiffres de 1911 à 13. Dans les arrondissements opulents (VIIIème, XVIème, IXème) le taux de mortalité générale est de 11 pour mille, celui de la mortalité infantile 51 pour mille. Dans les quartiers miséreux (XIII, XIX et XXème) les chiffres sont respectivement de 16 et 107 pour mille.
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L. Hersch - "Mortalité différencielle à Paris" - Revue d'économie politique/1920
Pour la tuberculose l'écart va du simple au double.
Le fait majeur aux yeux des populationnistes reste le fléchissement de la natalité (particulièrement marqué dans la vallée de la Garonne). Majeur parce-que le début du siècle s'ammorce un phénomène nouveau : la baisse non plus seulement du taux de natalité -elle est ancienne- mais du taux de fécondité des femmes de 15 à 50 ans. Ceci touche toutes les classes (en Lot et Garonne, en cas de seconde naissance, on vient présenter au couple ses condoléances...).
La classe ouvrière si longtemps
"lapinière" -dixit les anarchistes- vire de bord. Des calculs faits en 1906 montrent que l'écart entre ouvriers et patrons s'est réduit. La Bretagne, la région du Nord, la zone est du Massif central conservent une natalité élevée. Les prêtres se plaignent de la propagation des
"funestes secrets" ; Bertillon accuse "...
la propagande criminelle des néo-malthusiens".
La Ligue de la régénération humaine fondée au début du siècle par Paul Robin organise l'enseignement des pratiques anticonceptionnelles. Journaux, tracts, brochures appellent à avoir
"peu d'enfants" et font connaître les techniques. Le soutien des groupes anarchistes et parfois socialistes, de certaines bourses du travail est acquis. Les pharmacies diffusent des produits, sages-femmes et médecins apportent leur concours..
- R.-H Guerrand -
"La Libre Maternité"Il s'agit de rendre la guerre plus difficile en lui refusant sa part de
"chair à canon" et de pousser à la hausse des salaires en raréfiant l'armée de réserve du capital. Pour tous le but est de
"substituer la réflexion à l'instinct, la prévoyance à l'insousciance, l'homo-sapiens à la brute".-
"Génération consciente" - Journal d'Humbert - 1909
Ariès met en avant l'idée nouvelle que l'on se fait de la place de l'enfant dans la famille. Dès 1893, un journal socialiste de province préconisait de "
... remplacer les dieux... par un petit dieu unique que nous créons nous-mêmes : l'enfant, c'est à dire l'espèce de demain.".
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"La Voix des travailleurs du Tarn - 7 mai 1893
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"Les idées modernes sur les enfants" - A. Binet - Flammarion - 1910