Walsingham a écrit :
Il y a un certain amateurisme des diplomates (de tout bord) qui ne voient pas la gravité de la situation et/ou ne voient pas comment correctement réagir. Tandis que les militaires, eux, voient l'engrenage induis par les mobilisations.
Peut-être que le problème c'est peu à peu cristallisé, c'est du moins ce que je comprends avec mes deux petits bouquins.
Il y avait déjà eu des conflits dans les Balkans et jusque là on avait pu éteindre les braises.
Il y avait eu des passages d'alliances ce qui montrent déjà des choix politiques "avec" et "contre".
Si les clauses -en cas de victoire de l'Allemagne- étaient déjà préparées, c'est qu'en amont les militaires et les politiques ont déjà fourni un travail (Plan Schlieffen et plan XVII).
Maintenant j'ignore combien de temps demande ce genre de travail mais il existe tout de même une focalisation sur "un conflit", focalisation qui met les politiques et les militaires en état d'alerte voire anticiper un état d'alerte qui se dessine de plus en plus nettement.
Peut-être que tout simplement, discuter d'un apaisement n'était pas/plus (?) de mise, chacun voulant son conflit (pour des raisons différentes) sans songer à un embrasement mondial.
La Russie souhaitait régler quelques comptes avec l'Autriche ; la Bohême se sentait oubliée ; l'Italie oppressée ; l'Allemagne craignait une revanche de la France et la France souhaitait récupérer les provinces perdues (le discours officiel était celui-ci).
Alors avec le recul, on note une insouciance mais à ce moment et chacun voyant pour sa chapelle, peut-être s'attendait-on à un conflit ici ou là mais non à ce qui est arrivé. D'ailleurs un conflit eut été le bienvenu car avec les alliances passées, peut-être que l'on pourrait s'assurer -à ce moment avec un ballet de diplomates- d'échanges entre "personnes de bonne volonté".
Je n'y crois pas en voyant -en France- combien depuis 1898 les différents gouvernements soufflent opportunément avec le prétexte des provinces perdues, sur des braises. J'imagine que ceci est semblable en face, du moins c'est ce que l'on peut lire dans la conclusion du "
Bismarck" de Bled et dans "
La fin d'un moinde : 1914-1929" de Ph. Bernard ainsi que dans "
La République radicale ? 1898-1914" de M. Reberioux.
Maintenant ces livres datent mais il ne me semble pas que des découvertes (archives) aient été faites au point d'aborder un angle différent depuis.
Citer :
Ensuite, dire que le conflit était inévitable me semble réducteur. Des pays qui perdent des territoires et finissent par s'en remettre il y en a eu (Danemark et la scanie, Allemagne et la prusse, ...)
C'est toujours réducteur : la phrase étant courte. ^^
Maintenant des pays ne "perdent" pas des territoires : ceci fait presque plus d'un siècle que l'on écrase l'un ou l'autre et entre temps, la reconstruction semble toujours sommaire/bancale/éphémère/pas aboutie.
Un morceau de territoire est enlevé manu militari par un voisin, on peut s'en remettre, on s'en remet d'autant plus que le fait de songer qu'à terme on va "récupérer" ce qui a été pris impulse une dynamique au sein du pays floué (nationalisme, économie etc.).
En face, on doit sentir ceci et le devoir est de préparer une réplique (les politiques comme les militaires).
Qu'il y ait eu de la négligence, sans doute. Le voyage en Russie du président français est plus un voyage s'assurant du partenariat économique que de raviver l'alliance au niveau militaire.
Mais là encore pouvait-on deviner ? Personne n'est prêt à de tels bouleversements et je pense vraiment que les réflexes des pays sont différents, les uns anticipent pendant que d'autres mettent ceci sous le tapis du "on verra bien le moment venu" ou encore d'une certitude d'avoir les bonnes cartes en main.
Qui aurait idée d'initier un conflit dont il sortirait perdant ? Ceci est d'autant plus ahurissant que l'on verra -en Allemagne- la répercussion de la capitulation. C'est impossible, on ne pouvait que gagner. Avec la capitulation, il est donc "normal" de payer le prix fort, et bien non ! C'est une sorte d'état de déni. On retrouve les mêmes réactions à chaque fois, voyez lorsque l'Alsace-Lorraine est "confisquée" : la France ne trouve pas ceci "fair play" et quand elle acte et se retourne vers les militaires, il y a un moment de prostration, des "Affaires" visant à se dédouaner puis en point/trait, une réactivation de la propagande anti ceci et pro cela.
Pierma a écrit :
... il est curieux que l'ambassadeur de France à Londres ne découvre qu'une fois la guerre déclarée à la France que les politiques anglais considèrent qu'ils n'ont aucune obligation de s'engager aux côtés de la France. Il aurait tout de même pu le savoir...
J'ignorais ceci. Je voyais cette position plus lors de la WW2 (engagement français pour la Tchécoslovaquie alors que l'Angleterre n'est pas "impactée").
Je n'ai qu'une vision de béotienne. Il faudrait savoir ce qui est réellement écrit dans les engagements pris entre les deux pays lors de la construction de l'alliance.
Maintenant il se peut -c'est assez récurrent- que le RU ait fait le choix d'une alliance l'engageant a minima.
Que la diplomatie française l'aient ignoré interpelle, c'est certain.
Cependant tout n'est pas dans les mains du diplomate nommé, le gouvernement ne donne-t-il pas une feuille de route régulièrement revue en fonction des événements considérés comme importants ?
*-*