L'idéologie humaniste et universaliste, religieuse puis laic, ont un role fondateur dans la colonisation, autant sinon plus que le capitalisme.
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Les justifications idéologiques de la conquête
Le prestige de la France
L'idéologie colonisatrice, dans les années 1830-1840, n'est pas aussi intimement liée au nationalisme qu'elle le sera dans la dernière partie du siècle. Les plus sceptiques face à la conquête de l'Algérie, dans les premiers temps de l'expédition française, sont d'ailleurs plutôt des nationalistes inquiets et dubitatifs face à une aventure orientale qui envoie loin de la métropole une armée qui serait mieux employée à défendre les frontières de la France. Ce n'est qu'à partir du début des années 1840, et notamment après l'humiliation du Traité de Londres de juillet 1840, que l'on enregistre une inflexion nette du discours sur la conquête de l'Algérie : celle-ci est alors utilisée comme prétexte à démontrer le prestige militaire et international de la France[10].
Victor Hugo, s'il a perçu cet infléchissement, ne semble pas avoir vraiment été sensible à ces « discours qui faisaient de la conquête algérienne un élément essentiel du prestige national de la France et de son rayonnement en Europe. »
« Éclairer les nations encore obscures »
Un autre discours sur la colonisation, celui-là largement majoritaire, est à l'époque susceptible de rencontrer plus de sympathie de la part de Victor Hugo : il s'agit du discours sur les Lumières de la civilisation, qu'il s'agit d'exporter jusque dans les contrées barbares, que ce soit en Asie (les Anglais ayant montré la voie avec l'Inde), ou dans les pays soumis à ce que l'on a coutume depuis Montesquieu d'appeler le « despotisme oriental », en l'occurrence celui de l'Empire Ottoman. Ce discours est porté notamment par les Saint-Simoniens, mais aussi par des libéraux comme le philosophe Théodore Jouffroy ou Alexis de Tocqueville, qui écrit en 1837 dans une « Lettre sur l'Algérie » :
« [...] il faut bien s'imaginer qu'un peuple puissant et civilisé comme le nôtre exerce par le seul fait de la supériorité de ses lumières une influence presque invincible sur de petites peuplades à peu près barbares ; et que, pour forcer celles-ci à s'incorporer à lui, il lui suffit de pouvoir établir des rapports durables avec elles. »
Cette doctrine est en règle générale intimement liée, du moins dans les années 1830, à la volonté d'unifier l'Europe par la révélation de l'unité de la civilisation qu'elle représente, et de mettre ainsi un terme à ses incessantes guerres intestines. Saint-Simon et son disciple Augustin Thierry écrivent ainsi que « le plus sûr moyen de maintenir la paix de la confédération [européene sera de [...] l'occuper sans relâche par de grands travaux extérieurs. »
C'est à cette vision de la colonisation, qui doit contribuer à unifier le continent européen dans un grand projet d'étendre la « civilisation » aux confins du monde, et notamment en Afrique, que semble souscrire Victor Hugo lorsqu'il rencontre en janvier 1841 un général Bugeaud qui lui fait part de son hostilité face à une entreprise qui bloque les troupes françaises loin de ses frontières européennes : « C'est la civilisation qui marche sur la barbarie, aurait-il déclaré. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde. »
C'est encore cette vision de la colonisation que défend sans détour Victor Hugo lorsque le 18 mai 1879, sensiblement diminué par la congestion cérébrale qui a failli l'emporter l'année précédente, il prononce un discours au banquet pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Après avoir rappelé aux « quatre nations d'où sort l'histoire moderne » (La Grèce, l'Italie, l'Espagne et la France) qu'elles doivent s'unir pour « alle au sud » (en Afrique), rappelle ce qui lui semble être la mission de l'Europe : « Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation », en s'en emparant, « non pour le canon, mais pour la charrue; non pour le sabre, mais pour le commerce; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hug ... g%C3%A9riePour ce qui est de la colonisation globalement, il me parait évident que la question humaniste et idéologique joue autant voir plus que l'économie.
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Parallèlement, Jules Ferry se montre un partisan actif voire zélé de l'expansion coloniale française : Tunisie dont il obtient le protectorat le 12 mai 1881 par le traité du Bardo, Madagascar, il lance l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza à la conquête du Congo, Tonkin. Ce dernier dossier lui sera fatal lors de sa seconde présidence du Conseil commencée le 21 février 1883. Il s'était d'ailleurs réservé le portefeuille des Affaires étrangères. Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéalistes. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace et de Lorraine. Les positions s'inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.(source Wikipedia)
Et avant cela, le role idéologique de l'église a joué fondamentalement aussi dans les colonisation européennes, dès le XVI siècle.
Pour ma part je pense que "la mission civilisatrice" que s'octroie les républicans laics de la III, est dans la stricte filiation de la mission ""salvatrice" et prosélityte de l'église, et autres Saint Simonien et courant philosophiques etc....
La colonisation n'a pas qu'un ressort économique et géostratégique (qui existe certe), mais bien aussi un ressort idéologique, conduit par les églises, certains courants philosophiques, puis par les républicains de gauches laics de la III, avant d'etre la cause de la droite nationaliste au siècle suivant (uniquement XX).