Lord Foxhole a écrit :
Alliance au 16e siècle, peut-être... Mais plutôt bancale et que j'aurais même tendance à qualifier de contre-nature ! Vous semblez négliger le fait que l'Angleterre quitte le camp des « papistes » sous le règne d'Henri VIII, et celà à une époque où les Espagnols se montraient très chatouilleux sur ce plan ! Bien entendu, l'anglicanisme n'est pas le protestantisme mais c'est quand même une rupture avec le catholicisme... A partir de ce moment-là, les relations vont progressivement se dégrader avec l'Espagne, et les choses ne s'arrangèrent pas avec Marie Tudor qui tenta - bien maladroitement - de faire revenir l'Angleterre « dans le droit chemin ».
Le divorce est consommé avec Élisabeth Ire, officiellement excommuniée par le pape Pie V, et qui se distingua en persécutant les catholiques... Bref, rien de bien séduisant pour les Espagnols.
En ce qui concerne ma précédente comparaison de l'Empire espagnol de l'époque avec un autre « empire » déplaisant du 20e siècle, il est vrais qu'elle était sans doute maladroite... Mais il fallait comprendre par là que le gigantesque empire espagnol devait certainement apparaître comme une entité fort peu sympathique aux yeux de beaucoup de gens. Surtout avec sa tendance à vouloir résoudre les problèmes comme un rouleau compresseur, et en n'étant pas vraiment caractérisé par une grande tolérance vis à vis des « hérétiques ».
Que les relations entre la Grande-Bretagne et l'Espagne se soient améliorées par la suite, puisque c'est la France qui a commencé à devenir plus inquiétante au 17e siècle, je ne le nie pas...
Non, vous faites un anachronisme, Lord. Comme l'a très bien dit Pédro, ce n'est qu'au XVIIIème siècle que l'Angleterre se lance dans une politique d'équilibre des puissances en Europe, pas avant, où elle n'en a ni la force ni même l'intérêt.
Et vous exagérez beaucoup le déterminisme religieux. En réalité, on se rend compte qu'avant 1570, la question religieuse est à peu près absente dans les (bonnes) relations hispano-anglaises au XVIème. Dans le conflit entre Charles Quint et François Ier, Henri VIII se range dans le camp du premier, pourtant bien moins tolérant dans le domaine religieux. Philippe II et Elizabeth Ière s'entendent d'abord très bien avant que ça tourne au vinaigre... Au XVIème siècle, le seul royaume qui s'oppose constamment à la domination habsbourg est la France, alors que l'Angleterre s'en accomode généralement très bien. Vous le trouverez dans n'importe quel livre portant sur la période.
Au XVIIème siècle, après le conflit entre l'Espagne d'un côté, la Hollande et l'Angleterre de l'autre (grosso-modo 1570-1600), l'Angleterre se "désintéresse" du continent durant la Guerre de Trente ans (là encore, la principale puissance à s'opposer au Habsbourg est la France). Ensuite, devant la montée en puissance de la France louis-quatorzième, Espagne et Angleterre s'allient à nouveau.
Sur ces deux siècles, Espagne et Angleterre, faisant fi de leurs différences religieuses, sont la majeure partie du temps alliées. C'est un cliché et un anachronisme que de croire que l'Angleterre s'est opposée à la domination espagnole, comme elle s'opposera ensuite à la domination napoléonienne ou hitlérienne...
NB: entre parenthèses, l'Angleterre n'était en général pas beaucoup plus douce avec ses "hérétiques" que l'Espagne avec les siens, voire même bien pire. S'il y a un quasi-génocide (terme, certes, un peu anachronique) à l'époque moderne, c'est du côté irlandais qu'il faut regarder.