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Message Publié : 18 Fév 2022 12:04 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Avr 2008 9:32
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Localisation : région de Meaux
J'ai un débat avec un ami auquel j'aimerais faire participer le forum : mes profs de fac de géo, quand on étudiait la démographie des pays arabes ont professé l'idée incontestable selon l’accès des filles à l’éducation était un facteur clé de la transition démographique vers la réduction des taux de natalité. Pour mon contradicteur, l'éducation des filles en France a contribué largement à faire baisser la natalité tout au long du XIXe et au delà.

Or cette "loi d'airain" ne semble pas fonctionner pour l'Allemagne Wilhelmienne qui connait une démographie galopante ( Entre 1871 et 1880, le taux de natalité était en moyenne de 39,1‰ en Allemagne. Pour la décennie 1891-1900, cette moyenne annuelle est descendue à 36,1‰. En France, les chiffres correspondants étaient de 25,4 et 22,2‰) et un taux d'analphabétisation proche de 0(Le taux d’analphabétisme était de 0,05 % en Allemagne, contre 0,1 % en Suède, 1 % en Grande-Bretagne, 4 % en France, 31,3 % en Italie et 61,7 % en Russie.)

En Allemagne, comme dans la plupart des autres pays d’Europe, un des traits marquants du XIXe siècle avait été le développement de l’instruction publique, notamment par la généralisation de l’enseignement élémentaire obligatoire et gratuit, ainsi que par l’extension des enseignements secondaire et supérieur.

L'Allemagne a été un cas à part ? Les filles allemandes ont été exclues du développement de l'instruction publique ?

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Message Publié : 18 Fév 2022 13:42 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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J'aurais tendance à répondre, face à cette comparaison, que c'est la natalité française qui était "trop basse", sans être certain que ça règle la question.

Mais ce fut le cas en France pendant tout le 19ème siècle, les paysans essayant d'éviter le morcellement des terres entre de nombreux héritiers, ce qui finissait par constituer des lopins sur lesquels une famille ne pouvait pas vivre. (Sans compter, je pense, avec les achats de terre par la bourgeoisie rurale...)

On a des propos assez amusants provenant des évêques, se désolant que leurs ouailles dans tout le diocèse - les curés en rendaient compte, et souvent l'entendaient en confession - limitent volontairement les naissances, la pratique la plus évidente étant le "coïtus interruptus" (les latinistes excuseront une erreur éventuelle) pourtant prohibée par l'église, qui s'en tenait hier comme aujourd'hui à la loi naturelle.

Cette pénurie de terres rend compte également de l'exode rural, mais concernant la natalité, il pouvait se produire la même chose en ville pour les salaires ouvriers et la taille de la famille à nourrir.

L'Allemagne de son côté a eu également très tôt un système social assez avancé - Bismarck ne voulait pas laisser un terrain propice aux socialistes - ce qui peut être, à rebours de la France, un facteur de sécurité et donc de confiance en l'avenir.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 22 Fév 2022 14:37 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
Message(s) : 1137
Liber censualis a écrit :
J'ai un débat avec un ami auquel j'aimerais faire participer le forum : mes profs de fac de géo, quand on étudiait la démographie des pays arabes ont professé l'idée incontestable selon l’accès des filles à l’éducation était un facteur clé de la transition démographique vers la réduction des taux de natalité. Pour mon contradicteur, l'éducation des filles en France a contribué largement à faire baisser la natalité tout au long du XIXe et au delà.
C'est un préjugé bourgeois largement répandu ("les pauvres sont des lapins"), mais qui ne résiste pas toujours aux faits.
Corrélation ne veut pas dire causalité. Les progrès de la médecine, la prospérité économique, l'appréhension de l'avenir, le rapport entre individu et collectif, le rapport à la mort... font que selon les époques, les sociétés valorisent plus ou moins la fécondité.
Il est vrai qu'au XIXème siècle en France, les lois sur l'égalité successorale, l'extraordinaire pudibonderie du temps, l'urbanisation et autres facteurs connus coïncident avec une instruction plus poussée des filles. Mais ce sont-là des phénomènes parallèles, avec une causalité au mieux très indirecte. Des variables comme les politiques publiques, la pratique religieuse, l'urbanisation ou le taux d'emploi salarié par exemple ont infiniment plus d'influence.

Exemples:
:arrow: De 1933 à 1940, le taux de fécondité des femmes françaises a été juste au-dessus ou juste au dessous du seuil de renouvellement de 2.1
Il a été supérieur à 2.75 de 1958 à 1968, avec une pointe historique à 2.91 en 1966.
Serait-ce à dire que les femmes des années 1960 étaient moins instruites que leur mère? Et que les jeunes de notre époque, sont revenus au contraire aux niveaux d'instruction de nos leurs arrière-grands-parents entre les deux guerres? Voire de la génération d'avant 14, sans doute la plus érudite qu'a connu notre pays, puisque à deux reprises, en 1907 et en 1911, il y eut en France moins de naissances que de décès? (!).
Et que dire des disparités régionales, quand l'indice de natalité a peut être du simple au double, d'une région à l'autre?

:arrow: Au Portugal, on comptait 2.6 millions d'illettrés en 1950 (sur 8 millions d'habitants), soit autant qu'en 1900. Pourtant ce pays une natalité inférieure à la moyenne européenne quasiment tous les ans depuis le début du XIXème siècle jusqu'à la deuxième moitié du XXème. Un recensement de 1864 montre qu’une femme sur 5 de 50 ans n'y est pas mariée, et que seulement 23% des femmes de 24 ans le sont. Les 10% de naissances hors-mariage -une spécificité du pays- ne compensant évidemment pas les non-naissances des non-mariages.

:arrow: En 1991, la France était le 5ème pays d'Europe en termes de population, derrière la Russie, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie. Aujourd'hui, elle est en troisième position. De là à voir un symptôme ou une cause de la baisse du niveau scolaire, il y a un pas que personne ne songerait à franchir.

Donc oui, l'Allemagne wilhelmienne passée de 40 millions d'habitants en 1871 à 56 millions en 1900 (29 ans seulement) avec son taux d'alphabétisation le plus élevé du monde -98% pour les hommes, 68% pour les femmes, soit moitié mieux que l'Angleterre- illustre bien, comme d’autres exemples, qu'il n'y a pas de corrélation directe et permanente, encore moins de causalité, entre natalité et instruction (globale ou féminine).


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