Pierma a écrit :
Vous parlez d'Isorni... que voulez-vous en attendre ?
Evidemment Georges Blond n'est pas amoureux de Joffre (mais ne le massacre pas) en revanche il est permis de le trouver très favorable à Pétain. Ce qui peut poser question.
S'il y a un général que Georges Blond massacre c'est Nivelle. Péripéties, informations et preuves à l'appui, il montre à Verdun un Nivelle aussi soucieux de sa publicité qu'indifférent aux pertes.
Je voulais simplement rappeler que la lecture, entre 1970 et 1972, de l'ouvrage de Jacques Isorni sur la Grande Guerre avait largement contribué, à l'époque, à m'édifier sur le haut commandement français présenté, pour le souvenir que j'en ai, comme totalement insensible aux pertes. Tous les généraux en prenaient pour leur grade, Joffre comme les autres. Cela m'avait durablement détourné de la Grande Guerre.
Mes interventions à propos de Joffre et de Blond, que l'on peut, je le conçois, trouver lourdement insistantes, découlent d'une autre discussion, où vous me parliez de Joffre comme totalement insensible aux pertes, en vous appuyant, m'avait-il semblé, sur ce qu'en disait G. Blond. C'était, je crois, après que j'aie évoqué la directive du 24 août 1914. Cela ne pouvait que heurter l'opinion que j'ai pu me faire à la lecture des nombreux documents de première main dont j'ai commencé à donner un aperçu (j'en donnerai un autre exemple dans un post ultérieur).
Pour Nivelle, je n'ai pas d'avis bien net. Je n'oublie pas son action lorsque, colonel d'artillerie, il a sauvé je ne sais plus quelle division pendant la bataille de la Marne en rameutant quelques batteries, amenées au galop sur le champ de bataille pour effectuer une "mise en batterie flash", domaine dans laquelle les artilleurs français excellaient, et stopper net une poussée ennemie. Ceux qui ont une dent contre Pétain le présentent parfois comme le véritable vainqueur de Verdun, mais j'observe que s'il lui a succédé le 5 mai 1916 à la tête de la IIe armée, Pétain est resté aux commandes, en passant le même jour de la 2e armée au groupe d'armées du Centre.
Quant à Pétain, j'aurai l'occasion d'en reparler. Je fais seulement remarquer :
- qu'il s'est montré en 1915 constamment opposé à la notion même de grande offensive, opération qu'il estimait inefficace et coûteuse (on le retrouve au travers des travaux préparatoires à ces offensives, tels qu'exposés dans les annexes des AFGG) ;
- que c'est dans le corps d'armée qu'il commandait (le 33e) que la seule percée, brève mais réelle, a eu lieu le 9 mai lors de la deuxième offensive d'Artois ;
- que les Allemands le considéraient tellement (de ce fait) qu'ils avaient la conviction que là où Pétain serait, là serait l'effort principal de la prochaine offensive (d'où les efforts français pour dissimuler aux yeux de l'ennemi la présence d'une 2e armée commandée par Pétain dans la deuxième offensive de Champagne, le 25 septembre 1915) ;
- qu'il a surtout sauvé l'armée française du chaos en mai 1917.
Il a été éclipsé par Foch en 1918, mais ceci est une autre histoire.
Cela ne m'a pas empêché de m'élever vigoureusement, sur un autre forum, contre un appel à militer pour le transfert de ses cendres à Douaumont. J'avais alors demandé s'il était possible d'imaginer que, malgré toute la considération qu'on puisse avoir pour ce grand soldat de 14-18, il puisse reposer au milieu de ceux dont il avait, d'un trait de plume, voué les familles à l'extermination en signant le décret portant statut des juifs.
Mais on s'écarte là du sujet, et je revendrai dans un post à suivre sur Joffre et les pertes.