Le problème c'est que dans la tourmente de la guerre et de la révolution bolchévique, puis de la guerre civile russe, cet Etat n'a jamais eu de frontières réelles.
La première
Rada, qui est réunie en mars 1917, essentiellement par des libéraux, se déclare solidaire du gouvernement provisoire russe et ne revendique nullement l'indépendance, mais une autonomie.
En novembre 1917, avec la révolution bolchévique, la
Rada proclame l'indépendance de l'Ukraine à Kiev. Le problème c'est qu'une autre République ukrainienne bolchevique est proclamée pratiquement en même temps à l'Est de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Ukraine et prend comme "capitale" Karkhov. Le régime de Kiev est vaincu militairement par les "rouges", qui prennent Kiev à la fin du mois de février 1918, et s'allie ensuite avec les empires centraux, devenant une marionnette et ne contrôlant réellement plus qu'un minuscule territoire autour de Jytomyr. Le traité de Brest-Litovsk donne la totalité de l'Ukraine aux empires centraux. L'Etat fantoche ukrainien ne représente plus qu'un corps auxiliaire (des soldats surtout) des Allemands et des Austro-hongrois.
Il faut ajouter également que les "blancs" entrent dans la danse en 1918-1919 - une fois la défaite des empires centraux consommée - sous les ordres de Dénikine et soutenus par les occidentaux, ainsi que les armées anarchistes de Makhno, cité plus haut, qui ont eu leur heure de gloire en 1920.
L'
imbroglio est tellement important que les Roumains en profitent pour prendre la Bessarabie, les Polonais tentent également de prendre une partie de la Galicie.
En 1921 tout ce petit monde, aux idées très différentes (Makhno, en bon anarchiste, ne désirait pas d'Etat "ukrainien"), est vaincu et les bolcheviks prennent le contrôle de la totalité de l'Ukraine actuelle.
Territorialement un Etat ukrainien n'a jamais vraiment existé pendant cette période trouble, simplement une administration aux limites géographiques très floues entre novembre 1917 et mars 1918, puis celle-ci a dû composer avec des "maîtres" (empires centraux, occidentaux, "blancs"), voire des groupes hostiles (les anarchistes, entre autres).