Je trouve ce débat et un bon nombre de point de vue et de questionnements très intéressants. Je pense tout de même être en désaccord avec un bon nombre d’idées ici exposées et je pense également qu’exposer un certains nombre d’informations aideront à certains à trouver des réponses à leurs interrogations.
Tout d’abord il faut rappeler les actes fascistes d’après-première guerre mondiale. Le parti fasciste se distingue alors par sa mise au service de la bourgeoisie. D’ailleurs Mussolini le chef des casseurs de grève et lui-même vêtu de guêtres et de haut de forme, tout un symbole. Dans le nord de l’Italie, les chemises noires organisent des opérations punitives contre les grèves dans l’industrie et dans le Sud par les mêmes mouvements mais cette fois dans le secteur agricole où les « braccianti » (ouvriers agricoles très peu payés) sont en révolte permanente. Donc le parti fasciste, ici qualifié d’anarchiste se distingue initialement, par la répression des mouvements sociaux, par la recherche du retour au calme d’un pays que la guerre de 1915 a laissé bien agité.
Ensuite, il faut rappeler la mythologie du parti. J’ai lu ici, le symbole social des « faisceaux ». Il existe, évidemment, mais il y aussi (surtout) autre chose. Il y a le symbole des licteurs, des institutions de la république de la Rome antique, le cursus honorum, le pouvoir de la force, de la virilité... N’oublions pas le DUX, le Salut romain, le pas romain, le style architectural et j’en passe…Mussolini n’aura peut-être pas les mêmes revendications racistes que le National-socialisme allemand mais alimentera toujours le mythe de la supériorité de la race des descendants de l’empire Romain. Il y aura au sein du parti des gens qui la théoriseront et n’oublions pas que Marinetti (le fondateur du futurisme) l’évoque également dans les documents lié au manifeste du futurisme signalant que le peuple italien avait les qualités et les défauts imputables au génie ce qui la place évidemment au sommet d’une pyramide...Il y aura aussi plus tard une théorisation du caractère aryen de la race italienne. La supériorité de la race est souvent évoqué par Mussolini et l’antisémitisme n’y existe pas aussi parce qu’au départ le parti fasciste n’est pas un parti populiste mais au service du monde bourgeois et que la population de confession judaïque représente tout de même une petite minorité de la population italienne. Les ennemies sont autres : les communistes qui paralysent le pays et qui se font les chantres de l’international, les français et les anglo-saxons qui ont spolié l’Italie de ses revendications territoriales d’avant guerre et qui lui refuse un empire coloniale.
Pour répondre au Duc de Raguse qui s’interroge sur le fait que Mussolini ne se soit pas débarrassé ni du catholicisme ni de la monarchie, je dirais que tout ça est une stratégie politique. Il faut en effet revenir à la prise de pouvoir des fascistes. Les fascistes prennent le pouvoir alors qu’ils ne sont pas légitimes car ils représentent une minorité des élus nationaux et sont donc incapables de gouverner sereinement sans l’aide des autres partis. La prise de pouvoir rappelons le est du à la peur de Vittorio Emanuele III face à une (petite) démonstration de force des chemises noirs. Ils se réunissent de toute l’Italie, à quelques kilomètres du centre de Rome. Le roi a alors deux choix, soit il intervient militairement face à cette petite troupe armée soit il confie le pouvoir à Mussolini. Le général de l’armée responsable de la défense de Rome refusant d’intervenir sans un écrit royal et le roi ne voulant pas être retenu responsable d’un massacre d’un parti toujours plus populaire, il demande donc à Mussolini de former un gouvernement. Prise de pouvoir légale (ou constitutionnelle) mais pas légitime. Mussolini se rend compte que sa position est précaire et est donc obligé de draguer l’électorat et est incapable de se débarrasser de la monarchie (très populaire au sein de l’armée). La marche sur Rome est organisée une fois la victoire déjà remportée en coulisse. Le coup d’Etat n’en est pas un. Au départ Mussolini est un Président du Conseil (presque) comme un autre.
Le concordat est un coup électoral fantastique. Mussolini réussit ce que personne n’a pu faire avant, réconcilier l’Italie avec la papauté. L’Italie concèdera beaucoup à la papauté ce qui laisse entendre que le « concordat » des accords de Latran était un point important de la stratégie Mussolinienne. Les catholiques apprécieront. Le coté anarchiste du parti en prend un coup à mon avis… Sur le caractère social, bien évidemment Mussolini est socialiste. Il aura à cœur d’améliorer les conditions de vie du citoyen même si souvent cela passera après la grandeur de l’Italie, ses grandes constructions, sa place au soleil, etc… En faire un républicain convaincu m’étonne. Je me demande ce qu’aurait pu choisir le Duce comme institution pour l’Etat satellite du Reich qu’il devait créer au Nord de l’Italie. N’oublions pas que la monarchie a capitulé et s’est placé dans le camp des alliés… D’ailleurs Mussolini arrête d’être monarchiste quand les aristocrates et la grande bourgeoisie qui lui seront en général très fidèles, pourtant on connait l’aversion du Duce pour cette figure royale qui l’embarrasse.
_________________ « Nessuna terra italiana andò forse soggetta, attraverso i millenni della civiltà, a vicende tanto svariate e a prove tanto atroci » Monseigneur Pio Paschini
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