Alfred Teckel a écrit :
D'autant plus, il est vrai, que la ligne bleue des Vosges est bien plus visible depuis le petit cimetière en hauteur de Saint-Dié où repose Ferry que depuis la colline de Sion!
ça c'est un fait indiscutable !
J'imagine que Barrès a jugé indispensable de reprendre cette expression dans sa belle envolée lyrique.
Cela nous ramène en arrière, à l'époque de la séparation, quand la statue de Strasbourg, place de la Concorde - jamais eu la curiosité de la chercher - portait la voilette noire du deuil.
Dans un bouquin récent sur la guerre de 70, j'ai découvert avec surprise que la frontière allemande... en France était assez peu contrôlée, et que beaucoup d'Alsaciens ou Lorrains des deux nationalités la traversaient avec un laisser-passer permanent. Des travailleurs frontaliers, mais aussi des industriels alsaciens, privés du marché français (leurs produits se trouvant soudain "fabriqués en Allemagne" et volontiers boycottés) et qui avaient ouvert des ateliers (des filiales) à Belfort ou Nancy, passaient cette frontière à volonté et sans soucis majeurs.
Il en allait de même pour les gens ayant de la famille de l'autre côté, ainsi que des investissements industriels ou commerciaux, et dans les deux sens.
Tolérance ordinaire pour l'époque, où il était rare qu'on demande ses papiers à quelqu'un (je pense que la carte d'identité n'était même pas obligatoire en France) et où un écrivain anglais pouvait affirmer sans étonner personne qu'il avait fait le tour de l'Europe et du monde avec sa carte de visite pour tout document officiel.
Les premières tensions semblent avoir commencé avec le climat d'espionnite lié à l'affaire Dreyfus. (Ce voisinage facile n'empêchait évidemment pas qu'on s'espionne à la bonne franquette, notamment sur les travaux de fortification.)