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 Sujet du message : Nazisme et politique-spectacle
Message Publié : 05 Août 2009 14:12 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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On le sait, une des raisons de la séduction du nazisme, sans doute aussi importante que son idéologie, c'est son style inédit caractérisé par une scénarisation complexe et élaborée entourant la présentation de son action politique et culturelle.
Ce qui vient immédiatement à l'esprit, ce sont les grandes manifestations de masse, style congrès de Nuremberg ou Jeux olympiques, célébrations organisées comme un spectacle total (symboles, drapeaux, rites, musiques, lumières, défilés, discours, danses etc) où l'individu est exposé à une sorte de bombardement multi-sensoriel censé l'amener à un état proche de la transe, ou au moins une exaltation telle qu'il renonce à son individualité pour ne plus faire qu'un avec la foule subjuguée par la parole du leader (charismatique comme il se doit).
Pour lancer la discussion, je cite ci-dessous des extraits (cursivement traduits) du livre d'Ernst Nolte: "Der Faschismus in seiner Epoche: Die Action française, Der Italienische Faschismus, Der Nationalsocializmus". Dans ces passages, Nolte décrit les cérémonies du IXème congrès du NSDAP qui ont eu lieu à Nuremberg du 6 au 13 septembre 1937:
Hitler arrive dans l'après-midi du 6--en retard--et commence par "passer en revue sa garde personnelle qui le reçoit en formation parfaite, bayonette au canon et en grand uniforme"; il est conduit à la marie dans une énorme voiture à travers les rues de la ville noires de monde et décorées d'une mer d'oriflammes pendant que les cloches des églises sonnent à toute volée. Tout le long du trajet, il fait le salut nazi pendant que l'acclame la foule en délire. A la mairie, dont la façade est ornée de drapeaux à svastikas, il est accueilli par une sonnerie de trompettes, et tous les dignitaires nazis de la région en uniforme ayant à leur tête le maire de la ville lui souhaitent la bienvenue. Il fait un discours où il évoque ses plans grandioses pour la région et pour l'Allemagne.
Les rapports officiels annoncent: "le Führer est ici, la ville vit vraiment".
Le lendemain matin, a lieu l'ouverture solennelle du congrès du parti au palais des congrès; l'immense hall est plein de délégués du parti venus de tous les coins du pays, et d'invités d'honneur dont une délégation du parti fasciste italien. Une fanfare de trompettes jouant la "Badenweiler March" accueuille l'entrée d'Hitler. La "bannière du sang" (le drapeau du putsch raté de Münich) est présentée dans le hall, saluée avec révérence par tous les présents et placée derrière l'estrade réservée aux orateurs. Ensuite, ce sont les accords de l' "Ouverture de Tannhaüser" qui résonnent, avant que Rudolf Hess ne prenne la parole pour rendre un hommage solennel aux morts et souligner la différence entre le national-socialisme, qui construit dans la joie, et la destruction et le désespoir apportés par le communisme. ...
Le soir, la partie culturelle de la manifestation se déroule à l'opéra, centrée sur la célébration du triomphe de l'Allemagne dans le domaine des arts et de la culture. Un prix est décerné à Alfred Rosenberg et Hitler fait un discours attaquant violemment l'art moderne comme décadent et dégénéré.
...
Le jeudi, le Führer pose la première pierre d'un futur "stade allemand" géant et ouvre solennellement les championnays athlétiques national-socialistes, qui mettent l'accent sur les sports d'équipe et les sports militaires. Vendredi matin, Hitler "baptise" de nouveaux drapeaux en les touchant avec la "bannière du sang".
Après d'autres discours, (Darré, Todt etc.) des colonnes de femmes allemandes défilent dans le hall. Hitler lui-même s'adresse à elles, leur garantissant que le but ultime des efforts du parti est "l'enfant allemand" et que l'homme nazi apportera à la femme allemande une virile protection dans sa tache de mère de famille. Le soir, 115 000 membres du parti défilent sur le champ Zeppelin avec une précision militaire. Le Dr Ley décrit ainsi le moment de l'arrivée du Führer: "à ce moment, l'obscurité environnante est soudain inondée de lumière. Les faisceaux de 150 projecteurs jaillissent comme des météores dans le ciel noir.Tout en haut, les colonnes de lumière s'unissent au plafond de nuages pour former un carré de flammes. C'est une vision écrasante: agités par une douce brise, les drapeaux flottant sur les estrades érigées tout autour du champ ondulent lentement dans l'éclatante lumière... La tribune principale est baignée de lumière, couronnée par les rayons dorés de la svastika cerclée de feuilles de chêne. Des piliers érigés à droite et à gauche jaillissent de hautes flammes sortant de grandes urnes. La foule attend dans un silence total. Dans une fanfare de trompettes, le Führer apparait sur la tribune. Ensuite se déroule le défilé des bannières, 32 000 exactement, au son du chant "Ordensburg". Puis le Führer prit la parole: "Que vous m'ayez trouvé et que vous ayez cru en moi, c'est ce qui a donné à votre vie un sens nouveau, une tache nouvelle. Que je vous aie trouvé, c'est ce qui a rendu ma vie et mon combat possible." Une centaine de milliers de voix entonnent alors le "Chant des Allemands".
Le samedi matin, 115 000 adolescents de 18 ans prêtent serment d'allégeance au Führer; le dimanche, nouveau baptême de drapeaux et nouveau défilé de 115 000 hommes, pendant 5 heures :!: , devant Hitler. Le lundi, jour de la Wehrmacht, des manoeuvres militaires de haute précision sont accompagnées du rugissement de centaines d'avions évoluant dans le ciel. Le soir, la clôture du Congrès se fait au son de la "Marche des Niebelungen" et un discours final du Führer réaffirme que la nation allemande a maintenant obtenu son Reich allemand.

Quels sont les principaux éléments (rites, symboles et cérémonies) de cette mise en scène nazie à grand spectacle? Quelles sont ses principales caractéristiques? Quelles ont été ses manifestations les plus réussies? Comment, quand, par qui ses différents aspects ont-ils été développés? Quels ressorts est-elle censée pousser, quelles émotions est-elle censée faire naître chez les individus qui y sont exposés? Quels organismes se chargeaient de l''organisation de ces célébrations? Etc.


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Message Publié : 05 Août 2009 18:04 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 13 Déc 2008 17:02
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Sans être grand connaisseur en la matière, il me semble que les funérailles du maréchal Hindenbourg doivent être mises en avant.
En effet, c'est la mort d'Hindenbourg en 1934 qui permet à Hitler d'accéder aux pleins pouvoirs. Le digne maréchal sera enterré selon la volonté des nazis en plein coeur du monument érigé pour célébrer la bataille de Tannenberg. Pour l'occasion rien n'est trop beau:le cadre est extraordinaire (une sorte de forteresse octogonale simili médiévale), une foule immense est présente... A noter, la croix gammée est bannie pour l'occasion.
C'est évidemment une occasion rêvée de se faire admettre comme héritier naturel du maréchal, de rallier au Nazisme tous les nationalistes prussiens qui soutenaient Hindenbourg. Pour faire bonne mesure, on "arrangera" quelques documents histoire de clarifier la situation...
Dans le même temps, rendre ainsi hommage à un héros de la première Guerre Mondiale dans un "chateau" rempli de milliers de soldats... J'imagine que ça marque assez l'opinion publique en faveur de l'armée. Autre point, le lieu est d'une très très grande portée symbolique. Non seulement il rappelle une victoire glorieuse, mais il évoque aussi irrésistiblement le vieux "Drang nach osten" à travers la mémoire des chevaliers teutoniques: le lieu en lui même se rattache à leur mythe, mais quand en plus le monument évoque leurs forteresses et qu'une immense croix noire est fixée sur une tour... Anonciateur? En tout cas, le régime nazi (comme du reste les deux premiers Reich) sont fascinés par l'Ordre et cette manifestation n'en est qu'un exemple parmi d'autres.

Image

Dans une cérémonie de ce type, j'imagine que le but est:
-d'impressionner (un mot s'impose:gigantisme).
-de donner un sentiment de corps, d'unité.

Ce deuxième point me semble capital : on sent que le régime veut créer une sorte de socle sur lequel bâtir ses élucubrations, ça passe par une sorte de mythologie officielle, par une militarisation de la société (pas sûr d'être clair sur ce point, désolé...), par le noyautage de celle ci. Le régime veut aussi fédérer la population autour de lui, lui en imposer par la mise en scène et par les discours.


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Message Publié : 05 Août 2009 19:55 
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Marc Bloch
Marc Bloch
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Quand j'étais en terminale, notre professeur d'histoire de l'époque nous avait dit que Goebbels - ministre de la Propagande - s'était inspiré des pélerinages de Lourdes pour concevoir et orchestrer les fêtes du N.S.D.A.P. à Nüremberg.
A part le fait que Goebbels était issu d'une famille catholique, je ne sais pas ce que ça vaut, encore que mon prof était un pédagogue hors pair et digne de confiance.

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Message Publié : 05 Août 2009 20:16 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Je vous conseil un essai très pertinent sur le nazisme - Apocalypse et ressentiment de Philippe Burin. ;)

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Message Publié : 05 Août 2009 21:25 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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Citer :
Apocalypse et ressentiment de Philippe Burin.


Je l'ai lu, j'ai lu bon nombre des livres de Burrin, car je l'apprécie beaucoup mais je ne me souviens pas d'y avoir lu grand'chose sur la question. :oops:

Une piste est la piste religieuse/catholique (et ceci rejoint le commentaire de Faget). Hitler tout en étant foncièrement antichrétien, était admirateur de l'église catholique, pour sa capacité à durer, pour l'emprise que les prêtres savaient exercer sur les masses crédules. Et pour la beauté et la grandeur de ses pompes, rites et cérémonies, qui étaient un des moyens de cette emprise.
Dans les cérémonies style Nuremberg, la politique est traitée comme une religion: la tribune serait l'autel, le Führer serait le Grand prêtre, la svastika serait (est) la croix, il y a des reliques sacrées (le drapeau du sang), il y a une consécration des drapeaux par contact avec cette relique sacrée , il y a la référence au sang, il y a des ors, il y a des hymnes, les assistants sont censés ressentir une ferveur intense, un sentiment de communion, un contact avec le sacré.

Merci pol, sur ce que vous dites sur les grandioses funérailles d'Hindenburg, et la photo très évocatrice. A Nuremberg, il y a aussi des éléments "décoratifs" médiévaux/archaiques: les grandes torchères d'où s'élévent de hautes flammes par exemple. A noter que les "metteurs en scène" nazis savaient très bien utiliser des techniques modernes (les projecteurs) pour produire un effet archaique: "les cathédrales de lumière" qu'évoquait le texte ci-dessus dans une partie non citée.
Autre aspect intéressant: nombre de cérémonies nazies commençaient par un "appel des morts" (que Jacques Doriot avait repris pour ses réunions PPF pendant la guerre si je me souviens bien, avec la lecture des noms des membres du PPF engagés dans la LVF tombés au combat). Avec cet "appel des morts" était souvent joué le "Horst Wessel Lied", Horst Wessel étant un des premiers "martyrs" nazis, mort en 1930 suite à une escarmouche avec des communistes comme vous le savez sans doute.
Une question: savez-vous pourquoi la svastika figurant sur la tribune (apparemment le "drapeau du sang" de Munich) était entourée d'un cercle de feuilles de chêne?


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Message Publié : 05 Août 2009 21:48 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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En fait F.Burin décortique la logique de l'idéologie nazie - le passage qui m'a marqué c'est celui concernant l'antisémitisme.

Tous les allemands à l'époque n'étaient pas antisémites loin de là, mais il y a eu autour des juifs toute une mystification savement orchestrée.

Le discours vise à dénoncer la responsabilité des juifs dans la condamnation du Christ et montrer que le judaisme et la plaie du christianisme.
Le christianisme étant culturellement souillé par les juifs il convient de rejeter, aussi le christianisme.

C'est une remise en cause originelle qui est opérée - ils ont idéologiquement "décapé" le terrain pour installer leurs mythes - le saint empire Romain Germanique - Barberousse ( ça rejoint un autre forum )...

En changeant les repères culturels et religieux de tous un peuple ils ont banalisé l'inacceptable.

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Message Publié : 05 Août 2009 21:54 
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Philippe de Commines
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désolé pour les fautes et les contres sens...

Stigmatiser au lieu de mystifier
De tout un pleuple ou lieu de tous.

Cordialement

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Message Publié : 06 Août 2009 8:22 
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Quelques notules pour information:

La Badenweiler Marsch a été composée en 1914 pour un régiment d'infanterie bavarois, en souvenir du combat de Badonviller, ce qui explique sa popularité auprès des hautes sphères nazies et de Hitler en particulier.

La feuille de chêne est un des symboles traditionnels de l'Allemagne. Elles étaient même encore présente sur les Marks d'après-guerre. Rien d'étonnant donc à les trouver sur des symboles nazis. En France, nous mêlons feuilles de chêne et d'olivier sur des uniformes de préfet, par exemple. Il est vrai que les oliviers sont rares sous le climat allemand.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 06 Août 2009 8:35 
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La feuille de chêne est encore présente sur les pièces de 1, 2 et 5 centimes d'euro.

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Il est beau de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant . André Gide .


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Message Publié : 06 Août 2009 9:19 
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Jean Mabillon
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Merci pour ces précisions.
Voici la (très connue) Badenweiler Marsch:

http://www.youtube.com/v/stMsvmgx ... re=related


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Message Publié : 06 Août 2009 10:02 
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Elle est toujours jouée en Allemagne, mais je n'ai jamais entendu les paroles.

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Message Publié : 06 Août 2009 10:24 
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Jean Mabillon
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C'était la marche favorite d'Hitler, mais surtout c'était son thème, son leitmotiv, la musique sur laquelle il faisait rituellement son entrée et dont il s'était réservé l'usage.
Un décret pris par Goebbels faisait interdiction de jouer cette marche hors de la présence du Führer, sous peine d'une amende de 150 marks/6 semaines de prison.
Clairement, Hitler était très conscient de l'importance d'une mise en scène soignée dans les moindres détails et ne voulait pas qu'on lui vole ses effets.

Voici les paroles:

Badenweiler Marsch

(Melodie - Georg Fürst)
(Text - Oskar Sauer-Homburg)

Vaterland, hör' deiner Söhne Schwur:
Nimmer zurück!
Vorwärts den Blick!
Herzen empor!
Großer Gott, schirme die Heimatflur,
segne das Volk segne den Mann, den es erkor!
Rein und stolz tönet in Süd und Nord
deutscher Sang wieder und deutsches Wort
Waffengeweiht,
Friedensbereit,
Eilet zu Hauf!
Flammendes Licht
Wolken durchbricht,
Sonne glüht auf
Glockenklang kündet des Reiches Ehr',
Siegfrieds Geschlecht
rang um sein Recht,
machte sich frei!
Hakenkreuz leuchtet vom Fels zum Meer.
Brüder, ans Werk, dem Führer treu!

Vu la référence finale au Führer, on peut se demander si les paroles datent de la même période que la musique (PGM) ou si elles ont été rajoutées (ou modifiées) plus tard.


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Message Publié : 06 Août 2009 11:15 
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Oui, et surtout Hakenkreuz (croix gammée) qui ne devait pas courir les rues en 1914. Je pense qu'à l'origine, il n'y avait pas de paroles.

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Message Publié : 06 Août 2009 19:26 
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Jean Mabillon
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C'est probable en effet.
CI-dessous un lien qui propose des photos de divers moments-clé des congrès du NSDAP à Nuremberg (qui se déroulaient toujours suivant un rituel bien établi); ce qui est surtout intéressant (car pas toujours clairement visible dans les 3 films que Leni Riefenstahl a consacré à ces congrès), ce sont les photos des bâtiments (architecture monumentale absolument écrasante) où se déroulaient les différentes manifestations de ces congrès.
Ce lien explique aussi les raisons du choix de Nuremberg, haut lieu du Saint-Empire romain germanique, pour ces célébrations nazies.

http://www.ac-limoges.fr/hist_geo/spip. ... rticle=127


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Message Publié : 09 Août 2009 11:37 
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Jean Mabillon
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Un exemple caractéristique du talent nazi pour créer des rites ayant un fort contenu symbolique: le passage de relais de la torche olympique. Peu de gens savent que ce moment incontournable et solennel de tous les Jeux olympiques modernes a été "inventé" par les nazis, mis en oeuvre pour la première fois lors des célèbres Jeux olympiques de Berlin de 1936.

Ce rituel impressionnant a été filmé par Leni Riefenstahl dans son film "Olympia" (Les Dieux du stade) de 1938, voici cette séquence:

http://www.youtube.com/v/x7Q1HbUJDKo

Au début de la séquence, le coureur apparait sur fond de la porte de Brandebourg, avançant au son des cloches entre deux rangées d'oriflammes. Son entrée dans le stade monumental bâti pour l'occasion est saluée par une fanfare de trompettes. Evidemment, c'est un homme blanc de type aryen, blond et athlétique, qui pourrait servir de modèle à Arno Breker. Il traverse le stade comme une flêche, escalade les marches et, arrivé tout en haut, lève la torche olympique en un geste triomphal. Juché sur ce piédestal géant, immobilisé dans cette posture sculpturale, (et Riefenstahl le filmant en contre-plongée), il devient une statue colossale de Breker, l'incarnation victorieuse du nouvel homme nazi. Puis il met le feu, et la flamme jaillit dans le brasier, tandis que la musique forte et insistante va crescendo, et que des choeurs résonnent, symbolisant l'unanimisme du peuple rassemblé. Tout ce rituel écrasant vous dicte littéralement ce qu'il faut ressentir et ce qu'il faut penser. Une dernière vue panoramique (toujours l'unanimisme) du stade et de la mer humaine qui s'y presse, et la séquence se conclut par une vision digne des anciens cultes solaires: la flamme du brasier s'élève, surimposée au soleil, le feu solaire et celui du brasier ne font plus qu'un.

En transportant ainsi le feu sacré du mont Olympe à Berlin, les nazis avaient voulu rattacher ces jeux allemands, grande opération de propagande du nazisme, à la Grèce antique. Parce qu'Hitler admirait la culture de ces peuples et parce que l'idéologie nazie ne voyait pas les Grecs de l'antiquité comme des peuples du Sud mais comme des descendants des Doriens, peuple nordiques.

Ces jeux de Berlin ont été une première à plus d'un titre: le NSADP avait fait installer 25 grands écrans dans les rues de Berlin pour que les habitants de la ville puissent les suivre, et c'est la première fois que des telex ont été utilisés pour transmettre les résultats.
Pour rassurer les pays participants, les écriteaux discriminatoires stipulant: "Juden sind hier unerwunscht" avaient été enlevés, Hitler avait affirmé que les Juifs pourraient participer aux épreuves (il y eut une participante symbolique, demi-juive, une escrimeuse nommée Helen Mayer, dans l'équipe allemande). Hitler aurait disparu de la tribune lorsque les médaillés étaient des noirs (pour ne pas devoir les féliciter et leur serrer la main) et on sait que ces jeux, qui devaient établir de façon éclatante la supériorité physique des aryens, se terminèrent par une quadruple médaille d'or du noir américain Jesse Owens (100 mètres, 4 fois 100 mètres, 200 mètres et saut en longueur), battant en particulier le concurrent allemand Carl Ludwig, et infligeant ainsi un sanglant démenti aux théories raciales du Führer.
Interrogé des années après sur ces jeux, Jesse Owens déclara que Hitler ne lui avait pas serré la main pour le féliciter, mais FDR non plus.
Quelqu'un pourrait-il identifier les musiques jouées dans cette séquence? Wagner?


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