Durand78 a écrit :
Bonjour aigle,
je cite:"
la "médiocrité" des valeurs de la société allemande (ponctualité, rangement, obéissance , travail bien fait, sens du détail..) :
il manque l'honnêteté.
Mais ce sont des valeurs ... protestantes, pas Allemandes !
En quoi ces valeurs sont-elles médiocres ? Dans le sens où intellectuellement ce n'est pas très élaboré ? Dans le sens d'un système éducatif Allemand qui ne valoriserait pas la "Pensée" mais des valeurs de "bon ouvrier" , "bon père de famille"? Les fameux trois K ?
Pourquoi pas. Les Allemands n'ont pas la réputations des Français à se prendre pour des lumières , le système éducatif doit y être pour quelquechose. Ou l'enseignement religieux.
D'où viennent ces valeurs (ponctualité, rangement, obéissance , travail bien fait, sens du détail..) ? Certainement pas d'une prédisposition génétique.
Amicalement
Vos remarques cher M Durand portent sur les idées de Wilms - qui ne sont pas nécessairement les miennes !!
cela dit je puis vous indiquer quelques pistes en réponse :
1 - "médiocrité" est une mauvaise traduction : en fait l'auteur vise les valeurs de la classe moyenne, de la petite bourgeoisie, des artisans et commerçants...
2 - Willms explique la prégnance de ces valeurs par la décentralisation politique et économique du Saint Empire, la faiblesse des autorités politiques locales, la force des corporations d'artisans ou de commerçants : alors que la France (et l'Autriche) auraient été marquées par la domination psychologique, culturelle et sociale de la monarchie et de la noblesse (notamment de la noblesse engagée dans le service militaire et civil de l'Etat), les petites villes d'Allemagne connaissaient un certain équilibre entre le pouvoir limité des roitelets locaux (qui étaient parfois des républiques municipales ou des évêques) et celui des petites bourgeoisies urbaines.
Pour ma part j'ajoute un élément qui me semble souvent sousestimé : le discrédit qui a frappé après 1918 (situation agravée par l'inflation de 1923 puis la crise de 1929) la monarchie, la noblesse et l'armée impériales - conduisant les masses à chercher le salut soit dans le communisme (porte parole des aspirations ouvrières non démocratiques), soit dans la sociale démocratie (expression des aspirations démocratiques et républicaines) soit dans le national socialisme (expression du désir d'ordre, de patriotisme sans la référence à la monarchie).
Cela me semble confirmé dans le fait que le Zentrum et le BVP (parti catholique bavarois) ont plutôt bien résisté électoralement de 1929 à 1933 - tandis que les partis réactionnaires protestants liés à la monarchie (comme le DNVP) s'effondraient au profit des nazis (comme si soudainement Hitler était devenu plus légitime que le Kaiser ou le Kronprinz).
Mais je ne partage pas à 100% le point de vue sociologique de Wilms qui me semble un peu de mauvaise foi (et un peu marxiste) : en fait sa critique vise fimplicitement le soubassement éthique de la CDU et plus largement de la RFA d'après 1945... qui justement a chercher à bâtir sa légitimité sur des valeurs non militaristes ni aristocratiques...
PS : je ne crois pas que les Protestants soient plus honnêtes que les Catholiques ... parlez en à Josef Ratzinger !!