L'année 1918, verra les débuts de la guerre civile, mais celle-ci restera confinée à la périphérie de l'Empire russe et prendra l'aspect d'opérations limitées, se résumant au contrôle d'une ville ou au maximum d'une région avec des combats sporadiques le long du transsibérien. Les forces blanches sont peu organisées, à part dans le Don, avec l'armée des volontaires de
Denikine, comme le montre le chaos sibérien. Pour les alliés, l'attitude envers la
Russie variera après le traité de
Brest-Litovsk, consacrant la paix entre russe et allemand, en mars 1918, puis après l'armistice du 11 novembre.
1°)
Création de l'armée rouge.
Le 2 janvier 1918, le
Sovnarkom ou Conseil des commissaires du peuple crée l'armée rouge.
Le 13 mars 1918, Trotski est nommé Commissaire à la guerre.
Le 4 avril 1918, un décret officialise la création des Commissaires politiques dans chaque unité, jusqu'à la compagnie.
Le 22 avril 1918, un décret institue l'instruction militaire obligatoire, avec la création d'écoles militaires.
Le 8 mai 1918, rétablissement de l'état-major général sous la direction du général
Bontch-Brouïevitch, le frère du secrétaire de
Lénine.
Le 29 mai 1918, rétablissement de la conscription générale. La suppression du service militaire, le 18 janvier 1918, n'aura donc duré que trois mois, le temps d'un "soupir d'utopie", comme le précise l'historien
Dominique Venner.
Le 2 juin 1918,
Toukhatchevski, nommé à la tête de la 1re armée rouge, lancera un appel aux officiers de l'ancienne armée tsariste, pour venir grossir les rangs de l'armée rouge. 30 000 officiers combattront dans l'armée rouge, en 1919. Cet appel aux "spécialistes" entraînera des tensions entre
Trotski, partisan de la mesure, et le clan de
Tsaritsyne, composé de
Staline et
Vorochilov.
Le 6 septembre 1918, un Conseil supérieur de la guerre, présidé par Trotski, qui concentrera tous les pouvoirs militaires et politiques, sur le front, et les exercera par le biais d'un état-major de campagne, sur le front, dirigé par l'ex-colonel
Lebedev, assisté de l'ex-colonel
Chapochnikov, futur maréchal d'URSS, stratège hors pair, auteur du
Cerveau de l'armée, livre de chevet pour
Staline.
Une 1ere armée sera formée en juillet 1918, commandée par
Toukhatchevski. Elle est composée d'ouvriers de la
Volga, dont la célèbre division
Simbirsk dite "
division de fer" commandée par
G.Gaï.
Une 2eme armée rouge sera créée fin juillet 1918, avec des détachements venus de l'Oural, commandée par le général
Chorine.
La 3eme, la 4eme et la 5eme armée rouge seront créées an août.
Ces 5 armées totaliseront 45 000 hommes, en août 1918.
2°)
L'armée des Volontaires.
La réaction au coup de force bolchevik d'octobre 1917 fut très faible, car ces derniers, avec leur slogan "
La paix et la Terre", qui s'était concrétisé par le décret sur la Terre, officialisant le partage des terres, déjà fait, par les paysans, s'étaient ralliés beaucoup de soldats et de paysans.
a°)
L'opposition de l'ataman Kaledine.
C'est dans le
Don, le 27 octobre 1917, que vint la première réaction de résistance, par l'ataman
Kaledine. Ce dernier récuse le pouvoir bolchevik, et entend gouverner la région du
Don, de sa capitale,
Novotcherkassk.
http://fr.wikipedia.org/wiki/NovotcherkasskLe 2 novembre, l'ancien chef d'état-major de l'armée russe, le général
Alexeïev, rejoint la capitale du Don, pour organiser une armée des Volontaires, rejointe en décembre par les généraux
Kornilov et
Denikine.
Roman Goul, un des volontaires, arrivé en décembre 1917, à
Novotcherkassk, décrira l'ambiance très "ancienne russie" de cette capitale remplie d'officiers blancs.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_GoulL'idéologie de cet embryon de mouvement blanc n'est pas de restaurer le tsar, puisque c'est bien
Alexeïev qui poussa à l'abdication du tsar, début mars 1917. Mais il est de rétablir l'unité de l'Empire russe, position nationale grand-russe qui aliénera les mouvements nationaux à la cause blanche.
Tant bien que mal,
Alexeïev réussit à récupérer 3 500 hommes, dont la grande majorité était des officiers. L'ataman
Kaledine, lui, ne put mobiliser des cosaques qui ne voulaient plus se battre, dans une région qui était assez bolchevisée. 52 % de la population du
Don était d'origine non-cosaque.
Les alliés, qui combattent toujours contre les puissances centrales, sont maris par le pacifisme des bolcheviks, qui veulent la paix avec ces dernières. Aussi,
Paris envoya le capitaine
Guy de Courson, auprès d'
Alexeïev, pour l'inciter à continuer la guerre contre l
'Allemagne et l'
Autriche.
Le 9 décembre 1917, l'armée des Volontaires s'attaque à
Rostov, détenue par les rouges, ça sera la première bataille de la guerre civile. Le 12 décembre,
Rostov est prise.
b°)
La contre-offensive rouge dans le Don.
Antonov-Ovsenko va alors planifier la reprise de
Rostov et la destruction de la petite armée des Volontaires. Il peut compter sur une population plutôt favorable aux rouges. D'ailleurs, dès janvier 1918, les soviets locaux, dans le bassin du Donets, appellent à l'insurrection contre l'armée des Volontaires. Le 28 janvier 1918,
Kornilov informa
Kaledine de l'impossibilité, pour ses maigres troupes, de tenir
Rostov, qu'il évacuera sous peu, pour pénétrer dans le
Kouban, où il espérait rallier des troupes cosaques.
http://fr.wikipedia.org/wiki/KoubanLe lendemain, totalement isolé à
Novotcherassk, sans troupes, l'ataman
Kaledine se suicida.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexe%C3%AF_Kaledinec°)
La campagne de glace.
C'est le nom donné à cette errance des soldats de l'armée des Volontaires, en plein hiver, dans les steppes gelées du
Kouban, qui fut décrite par
Roman Goul, un volontaire, dans son livre
La campagne de glace.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_GoulDevant sa capitale,
Ekaterinodar, les blancs lancent une offensive vers la cité qui fut repoussée par les rouges. Le 1e avril 1918, un obus tomba sur le QG de l'armée et tua sur le coup le général
Kornilov, qui fut remplacé par son adjoint,
Denikine. Ce dernier décida alors de lever le siège et de repartir vers le Nord, avec son armée de loqueteux fourbus.
En bref, la première armée qui s'opposa aux bolcheviks, celle des Volontaires, était faible, numériquement, isolée, et ce fut un miracle si cette troupe ne fut pas totalement anéantie par les bolcheviks.