cush a écrit :
Sir Peter a écrit :
J'ai vu également qu'un peu avant la conclusion de l'armistice,il y avait eu des commencements de mutineries à bord de deux ou trois navires,torpilleurs ou contre torpilleurs si ma mémoire est bonne .Les marins veulent rentrer chez eux.....
Je ne connais pas cet épisode, vous avez des détails?
Dans les livres de Jean-Jacques Antier regroupés sous le titre "Les Grandes Batailles Navales de la Seconde Guerre mondiale", il y a plusieurs chapitres qui concernent cette période. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est complexe.
Coté officier, avant Mers-el-kébir, la plupart des jeunes officier sont pour la continuation du combat aux coté des anglais qu'ils apprécient beaucoup. La Royale a combattu les allemands au coté des anglais sur toutes les mers depuis la déclaration de guerre en fin juin, il y a une réelle fraternité d'arme. Coté sous-officiers et marins, il semble qu'une majorité soit pour une démobilisation et un retour aux foyers. Même si certains des sous-officiers auraient donné des signaux à leur hiérarchie, soit qu'ils étaient prêts à la suivre quelque soit la décision prise, soit qu'ils y avait des risques de mutinerie.
Les discussions semblent très animées, mais le mot d'ordre reste : respect de la discipline. Certains jeunes officiers fougueux allant demander à leurs supérieurs la permission de déserter pour répondre à l'appel de de Gaule... D'autres essayant de regrouper un noyau de "putschistes" près à prendre en main le navire pour montrer à leurs supérieurs ce que demande l'honneur de servir la France.
En fait, ceux qui suivirent de Gaule, d'une manière ou d'une autre, lorsqu'ils écrivirent leurs mémoires eurent tendance à se donner un beau rôle. Ceux qui restèrent de ce qu'ils pensaient être la légalité, lorsqu'ils écrivirent leurs mémoires cherchèrent surtout à justifier au nom de l'obéissance à la hiérarchie le fait qu'ils ne firent rien. Donc, ils semblent écrire que si on leur en avait donné l'ordre ....
Des divers témoignages on pourrait extrapoler que la plupart des hommes de troupe et des sous-officiers (où il semble y avoir pas mal d'hommes d'age mûr), il y a une volonté à la cessation d'hostilités pour lesquelles on pense qu'on a déjà fait beaucoup. Les jeunes officiers (et quelques jeunes sous-officiers) veulent continuer le combat, certains au prix d'une désertion considérée comme déshonorable par leurs ainés. Les officiers plus âgés semblent prêts à suivre leur hiérarchie, même s'ils s'inquiètent pour leurs familles. Ils semblent quand même que certains ont été heureux que leur hiérarchie n'ai pas décidé de mettre le cap sur des ports anglais.
Çà, c'est l'état d'esprit général avant l'opération Catapult.
Après ... ça change pas mal. Mers-el-kébir a été mal vécue par les marins français. Mais, même ceux qui étaient en territoire anglais vont réagir à la manière dont ils sont traités par les anglais le 03 juillet 1940. Effectivement, ce matin-là, tous les navires français se trouvant dans des ports sous contrôle anglais sont pris d'assaut, leurs équipages consignés à terre sous bonne garde. Certains qui la veille était prêts à rallier les anglais vont faire bloc avec leurs camarades et demander leurs rapatriement en France. Ils seront une minorité à accepter à rallier de Gaulle. Une très petite minorité. Mais, la veille, ils était déjà minoritaires.
Dans les témoignages, il ressort d'âpres discussions, la plupart attendant que leur hiérarchie se décide et déclarant qu'ils se positionneraient par la suite. En fit, tout le monde semble attendre que l'échelon supérieur prenne l'ordre de se ranger du coté des anglais en pensant qu'à ce moment-là, il déciderait s'il demande son rapatriement ou s'il accepte la poursuite du combat. L'Honneur militaire et marin semblant exiger que l'on reste aux ordres le plus longtemps possible.
Mais, effectivement, il y a des débuts de mutinerie sur certains navires, situés dans des ports français. Les marins concernés demandant qu'on les débarque dans le cas où le commandant du navire prendrais la décision d'appareiller pour aller se joindre aux anglais. Dans les quelques cas rapportés, il semble que l'on ai au maximum 1/3 des marins impliqués et ces marins sont souvent des sous-officiers ou des simples marins.
Le seul cas un peu plus complexe semble être celui du Massilia. Mais, plus d'une mutinerie, il conviendrait de parler de grève et on se sait pas si certains membres de l'équipage n'auraient pas été "chauffés" par des éléments externes.