Jerôme a écrit :
Au printemps 1936, le front populaire remporte les élections. De nombreux ouvriers cessent le travail. Pourquoi ? En effet, le front populaire devait naturellement porter les revendications ouvrières - dès lors pourquoi faire grève ?
La Troisième République a un fonctionnement différent de la notre. Un gouvernement, même majoritaire peut, très vite, être démis et remplacé par une nouvelle coalition. Donc certains préfèrent tenir qu'espérer. De plus, il y avait un très fort ressentiment entre le monde ouvrier et le patronat. Il y eut durant les années 20 des grèves très dure avec des blackout et des renvois collectifs de tous les ouvriers et tous les employés. Or, une partie du monde ouvrier pensait qu'avec sa participation à la Grande Guerre, avec l’amitié qui s'était liée au front entre les diverses catégories sociales des choses allaient changer. Leur espoir a été déçu. On ne comprend pas les grèves de 1936 si on ne comprend pas ce qui s'est passé dans les années 20. Les patrons ne s'y sont pas trompés. Ils savaient que les ouvriers leurs réclamaient des comptes et de nombreux témoignages montrent que ce sont les patrons qui font pression sur le gouvernement pour qu'il concède en peu plus que certains dirigeants ne le voudraient pour restaurer la paix sociale et pour garantir leur sécurité. Ils ont peur que la situation ne tourne vers une révolution sociale.
Jerôme a écrit :
Autre question : le front populaire semble avoir pour origine la volonté communiste de s'allier (enfin !) aux socialistes pour barrer la route au fascisme et au nazisme italien et allemand . Lutte t on sérieusement contre Hitler et Mussolini en faisant grève ?
Votre analyse serait vraie si la grève avait été un mouvement encadré voulu et désiré par les syndicats. Or, c'est la base qui se met spontanément en grève, les syndicats courants après le mouvement et tentant de l'encadrer. Les syndicats peineront pour obtenir la fin du mouvement dans certaines entreprises.
Jerôme a écrit :
Enfin dernière question : des démocrates incontestables comme Blum ou Daladier se sont alliés à des communistes en pleine période de délires staliniens (collectivisation, procès de Moscou, culte effréné de la personnalité) et non aux partis démocrates de droite ( l'alliance par exemple). Pourquoi ?
Premièrement, vous faites de l'histoire à l'envers. Il faut tenir compte de ce qu'on connait à l'époque, pas de ce qu'on va découvrir plus tard. Oui, certains bruits commencent à courir sur Staline et ses méthodes, mais une hirondelle ne fait pas le printemps et, à l'époque, il est difficile de savoir s'il y a une réalité derrière ces accusations ou s'il ne s'agit que de déclarations politiques excessives. De plus, pour s'allier il faut être deux. Les partis de droite ne semblent pas vouloir s'unir avec Blum ou Daladier, à ce moment-là du moins.