Citer :
[La remilitarisation de la Rhénanie en 1936 : une réévaluation du rôle des généraux Allemands]
Cependant, les hauts gradés du corps des officiers se rendaient compte qu’une guerre défensive sur plusieurs fronts n’était pas concevable sans l’institution du service militaire obligatoire et sans l’envoi en Rhénanie de troupes régulières de l’armée pour s’assurer le contrôle militaire de la vallée du Rhin, indispensable pour garantir la protection du potentiel industriel de la Ruhr. Ce n’est qu’une fois ces conditions remplies que les 63 divisions de l’armée de guerre pourraient être en mesure de remplir leur mission. D’ailleurs, le général Ludwig Beck, en sa qualité de chef de l’état-major général, présentait à Hitler toutes les conséquences de ce nouveau programme d’armement : le service militaire obligatoire d’un an sur l’ensemble du territoire du Reich, incluant la zone démilitarisée de la Rhénanie et la défense militaire de la vallée du Rhin. Ces deux mesures, en infraction des clauses du traité de Versailles, avaient donc été demandées par l’état-major général de l’armée dès décembre 1933, soit bien avant que Hitler ne les prît et ne les appliquât respectivement en mars 1935 et en mars 1936.
Les relations entre Beck et Hitler ne sont pas faciles à comprendre :
En juin 1934, contestant la politique agressive de Hitler, il tire la sonnette d'alarme. Il pense que l'Armée n'est pas prête à faire face alors que les alliances en Europe isolent l'Allemagne. Le 29 juin 1934, Beck fait part au chancelier Hitler qu'il avait accepté le poste de chef d’état-major adjoint de l'Armée de terre pour construire une armée puissante mais pas en vue de conquérir des territoires. Hitler lui rétorque : « une armée pour préparer la paix n'existe pas, elle n'existe que pour la conduite triomphante de la guerre ». Beck rappelle la promesse de Hitler à Hindenburg de ne pas entraîner le pays dans une nouvelle guerre et lui déclare qu'un nouveau conflit porterait sur plusieurs fronts, et que l'Allemagne n'y survivrait pas. (...) Après la mort du président Hindenburg, le 3 août, Hitler devient commandant en chef de l’ensemble des forces armées. Beck qui a prêté serment à Hitler, estime les conditions favorables pour la Reichswehr. Il soutient la remilitarisation de la Rhénanie contre l'avis du ministre de la Défense du Reich Blomberg. (Wikipedia)
Pierma a écrit :
Comment peut-on affirmer une chose pareille ? (Et de quels "chefs militaires" parle-t-on ?)
Lemay parle des chefs militaires qui sont au sommet de la hiérarchie. Dans l'article de Lemay on voit certaines expressions : "état-major général de l’armée" ; "hauts gradés du corps des officiers" ; etc.
Pierma a écrit :
De plus, il faut poser la question de l'entente entre Hitler et ses généraux au moment de son arrivée au pouvoir : s'ils sont d'accord sur l'objectif du réarmement, il y a alors plus de 2 millions de SA, dont le chef, Röhm, réclame l'intégration dans l'armée, dans le même temps qu'il prône la révolution "socialiste" promise par le "national-socialisme". Il y a entre eux et l'armée un océan de méfiance, qui ne sera dissipé que par la Nuit des Longs Couteaux et l'élimination de Röhm, l'année suivante.
Hitler a-t-il déclaré devant les chefs militaires qu'il veut la même chose que Röhm ? Il n'aurait sans doute pas commis une telle erreur.
En 1933 Hitler se montre favorable à
« l’intégration des associations paramilitaires dans la défense nationale, notamment la SA. ». C'est donc l'armée qui doit absorber la SA, et non pas l'inverse.
Par ailleurs j'estime qu'il n'est pas important de savoir si la volonté des chefs militaires de remilitariser la Rhénanie est exprimée initialement en décembre 1933 ou en juillet 1934. Le décalage entre ces deux dates n'est pas énorme. C'est négligeable.
En lisant l'article de Lemay, je pense que l'opération en Rhénanie était voulue par les chefs militaires bien avant 1936. Mais cela ne veut pas dire que Hitler et les généraux voulaient passer à l'action dans les plus brefs délais. Je suppose qu'ils attendaient le moment propice.