CEN_EMB a écrit :
A moins de remporter une victoire éclair contre les Tchécoslovaques - possible bien entendu - qui leur permet de libérer très rapidement les 45 divisions impliquées dans leur offensive principale, je ne vois pas comment ils auraient pu tenir face à une attaque française déterminée - mais il est entendu que celle-ci aurait eu besoin de plusieurs semaines pour être lancée (au moins jusqu'à ce que la mobilisation soit achevée, soit au moins trois semaines).
La question de la détermination française est bien entendu le coeur du sujet : il n'y en a aucune.
C'est déjà là un gros souci... A l'époque, quels Français souhaitaient vraiment se replonger dans une guerre longue contre l'Allemagne ? Et surtout pourquoi ?
En 1939, certains se demandaient pourquoi "
Mourir pour Dantzig ? " - Ici, cela aurait été "
Pourquoi mourir pour Prague ? "
Maintenant, bon, admettons que le gouvernement français se montre particulièrement ferme, et que l’État-major accepte de suivre ses décisions ( ce qui aurait déjà été pas mal - Gamelin s'étant montré des plus prudents au moment de l'épisode de la Rhénanie, en 1936 ).... L'Armée française était vraiment en état de se lancer dans une offensive, loin de ses bases de départ, à l'époque ?
Il fallait disposer d'un corps de troupes motivées, bien équipées, prêtes à partir dans les plus brefs délais, et - au moins - avoir un plan prévoyant ce genre d'opération ( parce que, normalement, ça ne s'improvise pas du jour au lendemain ).
Et tout ça dans un contexte où, normalement, les Français se préparaient plutôt à une guerre défensive.... La Ligne Maginot étant sensé être le bouclier coûteux contre lequel les Allemands
devaient se cogner la tête ( parce que -
fatalement - l'adversaire allait bêtement faire ce que l'on attendait de lui ).
Alors, oui, d'accord, si les Français s'étaient vraiment préparés à une guerre de mouvement dans les années 1930 ; si vraiment ils avaient investi dans la motorisation de leurs troupes au lieu d'investir dans le béton armé ; si vraiment leurs équipements radio et leurs moyens de DCA n'étaient pas risibles par rapport à ceux des Allemands.... Bon, je me dis qu'ils auraient sans doute pu se lancer dans une offensive dans le Sud de l'Allemagne.
Reste à voir à quelle vitesse ils auraient avancé, et s'ils seraient parvenu à sauver la Tchécoslovaquie à temps.
CEN_EMB a écrit :
Pour la petite histoire, je ne vois pas pourquoi, puisque vous me jetez à la face des notions géographiques, l'armée française n'aurait pu rééditer le mouvement de l'armée du maréchal de Broglie jusqu'à Prague en 1742 : le soldat français de 1940 serait donc incapable de marcher sur la même distance que son prédécesseur des guerres en dentelle ?
En théorie, oui.... Dans la pratique, je dirais qu'il faut voir. Les circonstances au 18e et au 20e siècles sont complètement différentes. Ce ne sont plus les mêmes soldats, plus les mêmes équipements, plus les mêmes mentalités, plus les mêmes méthodes de combat....
Et puis, comment le peuple allemand aurait-il réagi face à ce qu'il aurait considéré comme une invasion du territoire national ( ce qui aurait été quand même bien le cas ) ?
Quand on s'engage dans une situation militaire de ce genre, il faut s'attendre à des conséquences politiques.... Et il est douteux, en 1938, que les peuples allemands de toute l'Europe se retournent contre le Führer.