Il est vrai que votre sujet aurait davantage sa place dans l'Entre-deux-Guerres.
Si vous entrez dans la comparaison entre les institutions françaises et allemandes, il va de soi que de profondes différences sont visibles entre les deux et peuvent, en partie, expliquer une meilleure "résistance" française.
La République de Weimar est jeune (1919) et malheureusement ce sont les cadres du régime wilhelmien qui demeurent en place dans les grandes fonctions régaliennes (justice, armée, finances, etc.). Qui plus est la population a un sentiment d'humiliation face aux conditions drastiques du traité de Versailles. La légende du "coup de poignard dans le dos" - donné par les révolutionnaires, qui ont proclamé la République en novembre 1918 - ne facilite pas l'enracinement du régime dans la conscience collective.
Pour autant, de 1924 à 1929, on peut voir une stabilisation du régime républicain et un début optimiste de "normalisation". La crise touche ensuite de plein fouet l'économie allemande, très exposée aux retraits des capitaux américains et dont l'économie est en pleine mutation structurelle.
Placés ensemble, ces deux vecteurs constituent du pain béni pour le NSDAP, qui parvient à faire vaciller les fondations d'un régime républicain trop peu ancien et solide pour y résister à long terme. Encore que, la droite conservatrice entre 1930 et 1932 va tenter de conserver le pouvoir en gouvernant par décret-loi afin d'éviter l'entrée des nazis au gouvernement. Malheureusement, cette pratique sera pour certains le prélude - dans la pratique constitutionnelle - à la future dictature hitlérienne et la confiscation du pouvoir par un parti unique.
En France - malgré les demandes de révision des
Lois constitutionnelles de 1875 dans les années 1920 et 1930 de la droite au profit d'un exécutif plus fort -, la tradition républicaine est ancienne et le régime semble enraciné solidement dans la société depuis les années 1880-1890.
La crise plus tardive (Laval sauve encore la Livre Sterling en 1931 et Paris demeure la première place boursière d'Europe, lieu refuge des investisseurs avant la tempête !) - mais aussi plus durable... - et plus pernicieuse ne donne pas aux ligues d'extrême-droite ou à
l'Action française un strapotin suffisant pour destabiliser le régime (malgré les journées de février 1934, assez pitoyables finalement pour les ligues...).
La France aussi, par sa victoire de 1918, n'a pas de revanche à prendre, elle a gagné la guerre et devient la première puissance politique continentale. A ce titre, la population connait moins de frustation que son homologue d'outre-Rhin et cela ne se traduit pas par des votes vers l'extrême-droite.