C.Douville a écrit :
Pourrais-t-on en savoir un peu plus sur ce débat ? Merci.
De nombreux officiers généraux en place en 1914 avaient été promus par des gouvernements radicaux et avaient de bonnes relations avec les hommes politiques de gauche de cette époque (Clémenceau....).
La plupart d'entre eux ont été remplacés par des officiers dont les relations avec les cadres politiques radicaux étaient plus tendues (Foch, Pétain, Franchet d'Esperey....). Apparement, cette évolution était principalement due au soucis légitime de préserver d'excellentes relations avec les Britanniques pendant le conflit.
En 1919, Clémenceau, qui était considéré commme anglophile en 1914 mais qui avait été ammené à défendre assez fermement les intérrets Français vis à vis des Britanniques, décide de "passer la main" au profit de Poincaré, apparemment toujours et encore dans le soucis de respecter les intérrets supérieurs de la diplomatie du pays.
Peu de temps avant, il y avait eu un débat apparement assez vif, mais pas très clair, entre Clémenceau et Foch, ou on croit comprendre que Clémenceau tente, sans réel succès, d'empècher Foch de se mêler de diplomatie.
A la même époque en orient, Franchet d'Esperey (armée d'Orient) et Berthelot (armée du Danube) sont apparemment en relation assez tendues.
Sur ce, les Britanniques font pression pour calmer les ardeurs de la Roumanie, qui émerge de la guerre avec une armée étonnament crédible pour l'époque et la région, mais qui a aussi le défaut d'étre devenu un porte-avion de la diplomatie Française. Ceci, graçe au bon travail de la mission militaire Française commandée par Berthelot.
Les Roumains, avec l'aide des Français, expulsent les soviétiques de Hongrie, annexent la Transsylvanie (conformément aux traités signés lors de leur entrée en guerre....) et se préparent à chasser les soviétiques d'Ukraine.
Il y a ensuite un petit feuilleton assez compliqué militaro-politico-diplomatique où la tension monte entre Paris et Londre, notamment à propos de la transsylvanie, ainsi que sur le terrain entre Berthelot et Franchet d'Esperey pour des raisons pas très claires....
In fine Berthelot est rappelé par Clémenceau et critiqué pous ses initiatives mais pas sanctionné et Franchet d'Esperey est rappelé le même jour.....
Ma compréhension est que, dans ces temps où les communications étaient difficiles, des commandants d'armées ne pouvaient pas ne pas faire un peu de diplomatie. En 1919 le gouvernement radical (même considérés commes anglophile....) se montrait apparemment relativement fermes vis à vis des Britanniques. Dans ce contexte, certains de ses officiers généraux travaillaient pour lui et d'autres travaillaient contre lui.
Il semblerait que ceux qui avaient tendance a travailler contre lui étaient souvent marqués comme "de droite" et avaient été promus pendant la guerre à une époque où le soucis de ménager les susceptibilités Britanniques était un objectif très prioritaire.
Après la guerre, ce groupe-ci semble avoir règné en maître sur l'armée de terre.